Review of: The Leather Boys
Drame:
Sidney J. Furie et Gillian Freeman

Reviewed by:
Rating:
4
On 26 novembre 2021
Last modified:26 novembre 2021

Summary:

Un drame audacieux et très réussi, mélangeant biker movie, réalisme social et réflexion sur le couple et l'homosexualité. Un portrait réaliste et juste de la jeunesse britannique du début des années 60

Un drame audacieux et très réussi, mélangeant biker movie, réalisme social et réflexion sur le couple et l’homosexualité. Un portrait réaliste et juste de la jeunesse britannique du début des années 60

The Leather Boys (1964)

Réalisé par Sidney J. Furie

Ecrit par Gillian Freeman d’après son roman

Avec Rita Tushingham, Colin Campbell, Dudley Sutton,…

Direction de la photographie : Gerald Gibbs / Production design : Arthur Lawson / Montage : Reginald Beck / Musique : Bill McGuffie

Produit par Raymond Stross pour Raymond Stross Productions

Drame

108mn

UK

Reggie (Colin Campbell), un biker qui travaille dans un garage épouse Dot (Rita Tushingham), une jeune fille de 16 ans tout juste sortie de l’école. Ils emménagent dans un petit studio, mais rapidement le couple se dispute et Reggie emménage chez sa grand-mère récemment veuve avec son ami Pete (Dudley Sutton).

Longtemps négligé par la critique, « The Leather Boys » est pourtant un film sacrément audacieux pour son époque, ce qui lui vaudra d’ailleurs de rester sur une étagère pendant un an avant de sortir et d’être classé X (entrée interdite aux moins de 16 ans), embrassant plusieurs genres et proposant un reflet réaliste de son époque.

Il s’inscrit tout d’abord dans la veine du réalisme social avec un jeune couple des classes populaires, marié trop jeune. ils se fiancent alors que Dot qui vit avec sa mère est encore à l’école. Dot fait l’admiration de ses copines, fiancé à un beau garçon, motard en plus ! Quand ils se marient quelques mois plus tard, ils ont le parfait mariage populaire (ils vont en bus de l’église à la salle des fêtes) et une lune de miel dans un camp de vacances, pour ensuite emménager dans un petit studio vieillot. Rapidement, le couple se déchire. Dot n’est pas la parfaite petite ménagère, elle rêvasse plutôt à la dernière coiffure à la mode et passe son temps au cinéma.

Rapidement, Reg se retourne avec ses copains bikers, mais sans Dot. Jusqu’à ce qu’après le décès de son grand père, il décide d’emménager avec sa grand-mère pour éviter qu’elle aille en maison de retraite. Dot n’est pas d’accord, et Reg invite un de ses copains motard Pete (Dudley Sutton) à partager la chambre avec lui. Mais Dot a des doutes, contrairement à son ami Pete qui déteste Dot et lui propose de partir à New York avec lui.

Il faut se rappeler que le premier film en langue anglaise à utiliser le mot « homosexuel » est « Victim« , le thriller de Basil Dearden avec Dirk Bogarde. A l’époque l’homosexualité est encore un sujet tabou, et ne sera dépénalisée qu’après l’adoption du Sexual Offences Act en 1967. Autant dire que « The Biker Boys » frappe fort avec cette relation clairement ambigüe. L’homosexualité de Pete n’est pas cachée bien que Reg mette du temps à s’en apercevoir ! Même Dot, dans un excès de rage, les traite de « queer ».

Reg est un jeune homme en questionnement. Pas prêt à devenir un mari. Assez rapidement il est clair que les deux n’ont plus de relations sexuelles, ce que Dot reproche frontalement à Reg. Pour lui, Pete représente l’amitié virile à laquelle il est plus habitué. Mais il est aussi clair que Pete se pose en concurrent de Dot, et que s’il a « besoin d’une femme » comme il le dit à Pete, Reg est également attiré par une vie de liberté.

Enfin, « The Biker Boys » s’inscrit dans le genre des films de biker. Genre popularisé par un certain « The Wild One » avec Marlon Brando en 1953. Il n’est pas le premier film de biker britannique, ce privilège revient sûrement à « Once a Jolly Swagman » (1949) avec encore Dirk Bogarde. Mais ici il s’agit non des courses de moto, comme dans le film de 1949, mais du biker vu comme mode de vie pour la jeunesse des années 60 (sujet déjà traité dans « Some People » en 1960).

« The Biker Boys » s’inscrit ainsi à la fois dans le naturalisme social (et peut être considéré comme faisant partie de la nouvelle vague anglaise) et également comme une étude de la jeunesse des années 60 avec ses passions (les motos, le cinéma,…), leurs préoccupations et leurs idéaux contradictoires, mais aussi leur sexualité.

Petit rappel de la nouvelle vague anglaise, nous avons bien entendu Rita Tushingham (elle a fait ses débuts dans « A Taste of Honey » en 1961 et qui deviendra l’année suivante l’une des figures de proue du swinging London avec « The Knack… and How to Get It« ). Colin Campbell avait déjà une belle carrière à la télévision, mais il décroche ici son plus grand rôle, tout comme Dudley Sutton, qu’on avait déjà vu au cinéma dans « The Boys » (1962). Tous les trois sont excellents et donne au film un ton naturel.

Le scénario est signé par la romancière et scénariste Gillian Freeman qui adapte ici son propre roman publié en 1961 sous le nom d’Eliot George. La réalisation est assurée d’une main de maitre par le canadien Sidney J. Furie qui avait déjà signé « The Boys » en 1962 et signera l’année suivante son film le plus connu, le mythique « The Ipcress File » (1965) avec Michael Caine.

Bref, vous l’aurez compris « The Leather Boys » est à mon avis un film important et qui mériterait largement d’être mieux connu et apprécié à sa juste valeur. Il est enfin sorti en 2021 en blu-ray dans une très belle copie grâce à l’éditeur américain Shout Factory en collaboration avec AGFA.

Blu-ray UK. Editeur Shout Factory + AGFA (2021). Version originale avec des sous-titres anglais optionnels. Commentaire audio de Sidney J. Furie