Review of: The Guinea Pig
Drame:
Roy Boulting

Reviewed by:
Rating:
4
On 11 septembre 2022
Last modified:11 septembre 2022

Summary:

L'odyssée tragi-comique d'un élève issu des classes moyennes propulsé dans une école publique élitiste. Un film audacieux et polémique pour l'époque, réalisé et produit par les frères Boulting

L’odyssée tragi-comique d’un élève issu des classes moyennes propulsé dans une école publique élitiste. Un film audacieux et polémique pour l’époque, réalisé et produit par les frères Boulting

The Guinea Pig (1948)

Réalisé par Roy Boulting

Ecrit par Bernard Miles d’après la pièce de Warren Chetham Strode

Avec Richard Attenborough, Sheila Sim, Robert Flemyng, Cecil Trouncer, Anthony Newley,…

Direction de la photographie : Gilbert Taylor / Direction artistique : John Howell / Montage : Richard Best / Musique : John Wooldridge

Produit par John Boulting pour Pilgrim Pictures, Boulting Brothers et The Philharmonia Orchestra

Drame

97mn

UK

Jack Read (Richard Attenborough) est un élève issu des classes moyennes (son père est propriétaire d’un tabac à Londres). Bon élève, il gagne le droit d’intégrer les rangs d’une prestigieuse école publique. Une sacré gageure car les écoles « publiques » en Grande-Bretagne sont en fait des institutions réservées à l’élite. Autant dire que la vie Jack ne va pas être facile, d’autant plus que le proviseur de l’école Lloyd Hartley (Cecil Trouncer) est totalement opposé à ce genre d’expériences qui sont pour lui contre natures.

C’est durant la seconde guerre mondiale que la séparation des classes en matière d’éducation est remise en cause par un rapport demandé par le président du Comité sur l’éducation RA Butler, un homme politique conservateur mais aux idées plutôt progressives en matière d’éducation. Le rapport publié en 1944 recommande que 25% des places dans les écoles publiques soient réservées aux élèves issu du système d’éducation étatique.

Une révolution… qui n’aura pas lieu. Mais qui a inspiré au dramaturge Warren Chetham Strode une pièce qui sera jouée avec succès à Londres entre 1947 et 1948. Le sujet a attiré l’attention de John et Roy Boulting, deux frères cinéastes qui se sont fait un nom pendant la guerre en sortant des documentaires et films répondant à leur conception du cinéma qui devait avoir une valeur éducative.

Ironiquement le dramaturge Chetham Strode ainsi que les frères Boulting sont tous les trois issus du système élitiste de l’école publique ! Aussi ne faut-il pas s’attendre à une critique de l’institution de l’école publique mais plutôt à un appel vers l’ouverture d’un système très fermé.

Mais revenons-en à Jack. Le pauvre garçon va devoir traverser maintes épreuves et bizzutages. De plus, son niveau est clairement inférieur à ceux de ses petits camarades. Néanmoins il pourra compter sur le support d’un jeune professeur, blessé à la guerre, Nigel Lorraine (Robert Flemyng), convaincu que ce cobaye (le « guinea pig » du titre) est méritant et peut réussir s’il reçoit le soutien nécessaire.

L’affrontement entre progressisme et conservatisme va battre son plein. D’autant que quand on parle de l’école publique on part de très loin. Le film montre la dureté (jusqu’aux châtiments corporels alors monnaie courante), le côté snob et fermé de l’institution… Mais aussi ses qualités en matière d’éducation et d’apprentissage de la vie en communauté. C’est peu diront certains, mais c’est déjà beaucoup car toute remise en cause du système d’éducation britannique est assez rare dans le cinéma britannique d’alors que ce soit dans « Boys will be Boys » (1935), « Goodbye Mr Chips » (1939), « The Browning Version » (1951).

Heureusement, les frères Boulting arrivent à faire un film distrayant qui ne tombe pas dans la démonstration lourdingue grâce à l’odyssée de Jack déclinée sur le mode tragi-comique. Jack est très bien incarné par un Richard Attenborough alors agé… de 25 ans ! Heureusement Attenborough a plutôt des trais juvéniles mais on peut comprendre la surprise d’une partie de la critique et de la presse qui avaient vu quelques mois plus tôt à peine le même acteur dans les traits d’un gangster sans pitié dans le très noir « Brighton Rock » également signé des frères Boulting !

« The Guinea Pig » offre également son meilleur rôle sur grand écran à l’homme de théâtre Cecil Trouncer qui incarne avec talent le rôle du proviseur, souvent détestable mais qui deviendra touchant dans la dernière partie du film.

Un peu oublié dans la filmographie des frères Boulting, « The Guinea Pig » est ressorti en 2022 dans un combo blu-ray/DVD/livret du BFI. L’occasion de le redécouvrir enfin !

Combo blu-ray/DVD/livret UK. Studio BFI (2022). Version originale avec des sous-titres anglais optionnels