The Angry Silence est un film convaincant, et souvent impressionnant, sur les méfaits de la pression du groupe sur l’individu.

The Angry Silence

The Angry Silence  (1960)

(Le Silence de la colère)

Réalisé par Guy Green

Ecrit par Bryan Forbes d’après une idée originale de Michael Craig et Bryan Forbes

Avec Richard Attenborough, Pier Angelli, Michael Craig, Bernard Lee,…

Directeur de la photographie : Arthur Ibbetson

Produit par Richard Attenborough et Bryan Forbes pour Beaver Films

Tourné à Ipswitch et aux studios Shepperton

Drame social

95 mn

UK

Tom Curtis (Richard Attenborough) est ouvrier dans une usine du nord de l’Angleterre  père de deux enfants, avec un troisième en route. Quand une grève éclate, il décide de ne pas suivre le mouvement et de continuer à travailler. Les pressions se font de plus en plus fortes, et sa famille est mise en danger, mais au lieu de céder, Tom persévère. Une fois la grève terminée, il doit faire face à l’isolement et au silence imposé par ses collègues. Les médias attirent alors l’attention sur la situation de Tom. Mais cela ne fait qu’empirer les choses.

The Angry SilenceUn certain nombre de films britanniques de l’époque sont assez critiques face à la main mise des syndicats sur l’industrie anglaise, notablement « I’m all right Jack » (1959). « The Angry Silence » ne fait pas partie de ces films.

On a reproché à « The Angry silence » son manque de clarté politique. Est-il pour les ouvriers, les syndicats ou la direction ? La grève est présentée comme pilotée de l’extérieure, et non par les syndicats officiels qui ne sont ici que des pantins. Les motifs de cet agent extérieur ne sont pas clairement exprimés et les ouvriers (dont les motifs de grève ne sont pas clairs non plus) apparaissent comme des moutons au comportement plus que détestable. De même pour la direction qui évite soigneusement de prendre partie, et souhaite rapidement se débarrasser de Tom Curtis pour calmer le jeu avec les ouvriers.

Attenborough revient sur le message du film dans son autobiographie publiée en 2008 : « Bien qu’étant un supporter passionné du parti travailliste, j’ai toujours été contre l’infiltration du mouvement socialiste par l’extrême gauche. Et les intimidations, comme celles décrites dans le film, étaient très courantes à l’époque ».

Ironiquement, d’après IMDB, le film a failli être interdit au Pays de Galles où les salles de cinéma étaient contrôlées par le syndicat des mineurs. Il fallu l’intervention personnelle d’Attenborough et une projection privée aux leaders du syndicat pour que l’interdiction soit levée.

On pourra arguer qu’au final « The Angry Silence » n’est pas un film politique à proprement parlé. Mais qu’il porte plutôt sur un individu qui doit faire face à la pression du groupe, et qui paie cher le prix de son individualisme. Et en ce sens, c’est un film très convaincant porté par un casting en or massif.

Richard Attenborough joue un ouvrier un peu trop sympathique et linéaire (bon père de famille, honnête,…). Le personnage demeure réaliste grâce à la formidable interprétation d’Attenborough (notamment dans les périodes où l’on sent que Tom est sur le fil du rasoir, sur le point de craquer – les failles du personnage ressortent alors, et lui donnent cette touche d’humanité nécessaire).

Parmi les seconds rôles, citons Pier Angelli dans le rôle de la femme de Tom, Michael Craig dans le rôle du meilleur ami qui le laisse tomber ou encore Bernard Lee dans le rôle du représentant des salariés,…

Malgré donc certains partis pris scénaristiques qui peuvent étonner, le scénario de Forbes est très convaincant du moment où ne se trompe pas sur le message véhiculé par le film. « The Angry Silence » lui a valu un BAFTA et une nomination aux Oscars.

« The Angry Silence » est la première collaboration de Forbes avec Attenborough (et leur première production commune pour leur société Beaver Films). Leur dernière collaboration date de 1992 avec « Chaplin » (une réalisation d’Attenborough sur un scénario de Forbes).

Le réalisateur Guy Green a commencé sa carrière dans les années 40 et 50 en tant que directeur photo notamment pour David Lean (« Oliver Twist », « The great expectations » et « Madeleine ») avant de se lancer dans la réalisation. A part « Angry Silence », il a tourné encore « The Mark » (1961) en Angleterre avant de partager à partir de 62 sa carrière entre UK (« The Magus« ) et US (« Patch of blue » un bon mélodrame avec Sidney Poitier) puis de se tourner vers la télévision américaine.

Blu-ray Studio Canal (2016). Version originale avec des sous titres en anglais.