Je suis un peu à la bourre pour vous rappeler qu’en ce moment, après son cycle Michael Powell (et Emeric Pressburger), la cinémathèque organise une rétrospective Karel Reisz du 11 au 18 décembre 2024.

Karel Reisz est né en Tchécoslovaquie en 1926. D’origine juive, il est envoyé par ses parents à Londres. Il fera partie des 669 enfants sauvés par Sir Nicholas Winton (dont l’histoire a récemment fait l’objet d’un film « One Life » avec Anthony Hopkins).

Les parents de Reisz seront assassinés à Auschwitz par le régime d’Hitler et Reisz intégrera l’école de Leighton Park School à Reading. C’est durant ses études universitaires qu’il commence à écrire sur le cinéma. En 1947, il participera à la création de la revue « Sequence » avec Lindsay Anderson et Gavin Lambert au sein de l’Oxford Film Society. Ce journal servira de base au mouvement Free Cinema amorcé en 1956 par Lindsay Anderson, Karel Reisz, Tony Richardson et Lorenza Mazzetti.

Reisz réalisera alors les documentaires « Momma Don’t Allow » (1956), « March to Aldermaston » (1959) et « We Are the Lambeth Boys » (1959).

Le Free Cinema, qui s’exprimera à la fois via le documentaire et la fiction, donnera naissance à la Nouvelle vague Britannique. Reisz participera à ce mouvement qui met donne une voix à une jeunesse issue des classes populaires et avide de changement avec « Saturday Night and Sunday Morning » (1960). Film qui révélera Albert Finney.

Reisz retravaille avec Finney, devenu une star grâce au triomphe de Tom Jones (1963), sur le thriller très noir « Night Must Fall » puis enchainera avec la comédie très sixties « Morgan: A Suitable Case for Treatment » (1966) avec David Warner et la biographie de la danseuse des années 20 Isadora Duncan dans « Isadora » (1968) avec Vanessa Redgrave.

En 1974, il traverse l’Atlantique pour tourner les thrillers très réussis « The Gambler » (1974) avec James Caan et « Who’ll Stop the Rain » (1978) avec Nick Notle. Il revient en 1981 en Grande-Bretagne pour tourner son film qui connaitra le plus grand succès international « The French Lieutenant’s Woman » avec Meryl Streep et Jeremy Irons.

Reisz tournera encore deux films aux USA : la biographie d’une chanteuse de country « Sweet Dreams » (1984) avec Jessica Lange et Ed Harris puis le thriller « Everybody Wins » (1990) où il retrouve Nick Notle.

Si Karel Reisz a une filmographie assez courte, nombre de ses films (documentaires et fictions) auront une influence durable. Cultivant la polyvalence au rythme des projets, heureux de tenter de nouvelles expériences plutôt que de s’inscrire dans une démarche auteuriste, il  s’est montré aussi à l’aise dans le drame social, le film romantique, le thriller, le biopic ou encore la comédie sixties. Il signe des films très différents mais qui ont en commun d’être des études de personnages à part, parfois flamboyants, souvent en marge.

Karel Reisz est mort à Londres le 25 Novembre 2002.

Retrouvez la page de la cinémathèque consacrée à la rétrospective https://www.cinematheque.fr/cycle/karel-reisz-1320.html

A noter que vous pouvez retrouver un certain nombre de ses films en DVD et Blu-ray, notamment chez l’éditeur indépendant Doriane Films (Coffret Free Cinema, Samedi Soir et Dimanche Matin, Isadora. Chez Tamasa, vous retrouverez « Morgan. « The Gambler » est disponible en streaming à l’achat ou en location (notamment chez Prime Video). Enfin « La Maîtresse du Lieutenant français » est disponible en Français en blu-ray depuis 2012 mais nous espérons une réédition de ce classique en version restaurée.