« Vorace » est un film d’horreur atypique et décalé qui baigne dans l’humour noir.
Ravenous (1999)
(Vorace)
Réalisé par Antonia Bird
Ecrit par Ted Griffin
Avec Guy Pearce, Robert Carlyle, David Arquette,…
Directeur de la photographie : Anthony B. Richmond
Produit par Adam Fields et David Heyman
Horreur / Comédie noire
101 mn
UK / République Tchèque / USA
Pendant la guerre américano-mexicaine, le capitaine John Boyd (Guy Pearce) est envoyé dans un fort isolé de Californie par sa hiérarchie après avoir commis un acte de lâcheté couplé à un acte de bravoure : terrifié, il a simulé sa mort pour s’échapper du champs de bataille. Puis il s’est emparé d’un poste de commandement ennemi. Arrivé à sa nouvelle affectation, Boyd et la garnison, fort réduite, du fort recueillent un étrange individu traumatisé, Colqhoun (Robert Carlyle), qui leur relate les actes de cannibalisme auxquels lui et ses compagnons de voyage ont du avoir recours alors qu’ils étaient bloqués dans une grotte pendant plusieurs semaines.
« Vorace » est un film de monstres avec des monstres bien trop humains et sans personnage sympathique auquel se rattacher. Les moins monstrueux meurent les premiers, sauvagement de préférence. Ou se transforment eux même en monstres. A l’instar du personnage principal de Boyd, faux héros et vrai lâche. Trouvera-t-il la rédemption malgré ses actes monstrueux ?
« Ravenous » est un film d’horreur atypique et décalé. Derrière une réalisation classieuse dans de superbes décors naturels, se cache une oeuvre mi film d’horreur mi comédie noire sur fond de cannibalisme ! Inclassable. On est finalement assez proche d’un « Bal des vampires » mais en moins bouffon.
Produit par un Anglais et un Américain, réalisé par une Anglaise, écrit par un Américain, tourné en Pologne, Solvaquie, Tchéquie et au Mexique,… avec un casting anglo-américain centré autour de deux grands acteurs anglais : Robert Clarlyle (révélé e 1991 par « Riff Raff » de Ken Loach) et Guy Pearce (« The Adventures of Priscilla, Queen of the Desert », 1994), « Ravenous » est une pure production internationale.
Le scénario d’un petit nouveau, l’Américain Ted Griffin (qui touche le jackpot deux ans plus tard avec « Ocean’s Eleven » et marque également le petit écran avec une série disjonctée « Terriers » en 2010 pour FX) était audacieux, et ne fait guère dans la facilité mais les personnages manquent de finition. « Ravenous » aurait pu sombrer corps et âme dans un grand n’importe quoi. Mais contre toute attente, la réalisatrice tient son film de bout en bout. Elle y est aidée par un bon mélange : une superbe photo, des paysages grandioses, une musique entêtante décalée (signée par Damon Albarn, du groupe Blur, et par le compositeur Michael Nyman), et d’excellents acteurs à fond dans leurs personnages de monstres.
Ceci dit, Antonia Bird, est arrivée tardivement sur le projet pour remplacer le réalisateur Macédonien Miltcho Mantchevski (Lion D’or pour son film « Before The Rain ») viré après deux semaines de tournage par la productrice executive Laura Ziskin (Pretty Woman). C’est Carlyle qui appela Antonia Bird à la rescousse avec qui il venait de fonder une société de production.
Formée à la télévision anglaise (elle a notamment fait ses classes sur le soap « Eastenders »), Antonia Bird s’était alliée au scénariste télé Jimmy McGovern pour signer un premier long remarqué « Priest » (1995) avant de s’égarer aux Etats Unis sur une comédie romantique passe partout (Mad Love, 1995) puis de revenir dans le droit chemin avec un film criminel avec une touche sociale « Face » (1997) avec déjà Robert Carlyle dans le rôle principal (il figurait également au générique de « Priest »). Bird est depuis retournée à la télé où elle vient notamment de signer la mini série « The Village ». Son prochain film « Cross my mind », un drame sur le désir, devrait sortir en 2014 (EDIT : malheureusement elle est morte en octobre 2013 à l’âge de 62 ans).
Pour la réalisatrice, « Vorace » est une allégorie de la société dans la quelle nous vivons (il faut bouffer l’autre pour survivre). Et serait en fait un film sur Hollywood « la société la plus cannibale dans laquelle je n’ai jamais vécu ».
Le film, bien trop étrange pour être bankable, est un bide prévisible au box office américain. Mais il a depuis acquis depuis un statut culte justement grâce à ce ton original et audacieux. Une belle surprise pour les amateurs de films de genre décalés.
DVD Fox Pathé Europa. Version originale sous titrée en français et version française. Commentaires audio, trailer, scènes coupées commentées par la réalisatrice,…