Un an après « Get Carter », Mike Hodges et Michael Caine nous proposent une comédie criminelle à l’humour très noir. 

Pulp (1972)

(Retraite mortelle)

Ecrit et réalisé par Mike Hodges

Avec Michael Caine, Mickey Rooney, Lionel Stander, Dennis Price, Nadia Cassini, Lizabeth Scott,…

Direction de la photographie : Ousama Rawi / Production design : Patrick Downing / Direction artistique : Darrell Lass / Montage : John Glen / Musique : George Martin

Produit par Michael Klinger

Comédie / Crime

UK

Mickey King (Michael Caine) écrit des romans de gare sous de nombreux pseudonymes. Un jour, Ben Dinuccio (Lionel Stander) se présente chez son éditeur afin de recruter les services de King pour écrire les mémoires d’un homme dont il ne peut pas dire le nom. Intrigué, King finit par accepter et s’y rend en bus. Mais celui qu’il prenait pour son contact finit taillé dans sa baignoire. Il est finalement approché par la belle Liz (Nadia Cassini) qui lui révèle le nom du client : Preston Gilbert (Mickey Rooney), ancienne star hollywoodienne spécialisée dans les rôles de chef mafieux.

Un après « Get Carter » (1971), les trois forces derrière le film, le producteur Michael Klinger, le réalisateur Mike Hodges et la star Michael Caine se réunissent pour une nouvelle collaboration. Mais « Pulp » n’absolument rien à voir avec son prédécesseur.

Michael Caine joue le rôle d’un ancien directeur de pompes funèbres londonien qui s’est recyclé dans l’écriture de romans de gare (les fameux « pulps ») pondus au kilomètre et sous différents pseudos. A présent installé en Italie pour raisons fiscales, il profite pleinement de sa nouvelle vie au soleil. Mais sa rencontre avec l’ancienne star hollywoodienne, l’excentrique Preston Gilbert (Mickey Rooney) va l’amener sur une piste dangereuse, un vieux crime et quelques cadavres en plus.

Evidemment après le sombre « Get Carter », que le trio s’engage sur un film aussi différent peut surprendre. Cette fois-ci le film est tiré d’un scénario original de Mike Hodges qui prend un malin plaisir à démonter les codes des polars bon marché pour créer une farce où le héros principal, un écrivain playboy qui aime écrire sur le sexe et la violence, mais ne semble pas très doué pour les deux, tente de s’improviser enquêteur et manque à chaque instant de se faire trouer la peau.

Hodges utilise la voix off comme élément stylistique principal. Procédé auquel il avait déjà eu recours  dans « Rumour » (1970), où le personnage principal est un journaliste, et qu’il utilisera à nouveau dans « Croupier » (1998) avec un personnage principal qui rêve d’écrire son premier roman. Ici le procédé est poussé dans ces extrêmes. Mickey King, l’écrivailleur qui rêve d’écrire ses 10.000 signes par jour,  ne s’arrête quasiment jamais de commenter les événements. Cela peut parfois agacer, c’est un trait stylistique très appuyé, mais ça fait aussi partie du charme du film.

« Pulp » penche souvent vers la farce, mais teintée d’un humour très noir : l’histoire est marquée par une histoire sordide (le fameux secret de Preston) et par le pessimisme de Hodges qu’on trouve dans quasi tous ses films, même quand ce sont des comédies.  Dans « Pulp », les riches et les puissants peuvent tout se permettre. iIs se mettent en danger seulement quand ils mettent en péril leurs pairs qui sont prêts à tout (même au meurtre) pour protéger leur réputation.

« Pulp » est un film à l’ambiance très  particulière. On adhère ou on déteste. J’avoue n’avoir pas gardé de très bons souvenirs de mon premier visionnage. En tant que fan de « Get Carter », j’attendais quelque chose de très différent. Un deuxième visionnage m’a permis d’apprécier beaucoup plus la personnalité atypique du film, en l’isolant complètement de son prédécesseur.

Parmi les atouts de « Pulp », mentionnons également son casting impeccable. L’acteur américain Mickey Rooney est parfait en mafieux d’opérette. On retrouve aussi avec plaisir l’excellent Lionel Stander qui tournait alors en Europe et avait participé à une autre production de Michael Klinger, « Cul-de-Sac » (1966) de Polanski. Pour la touche de charme, on a la sublime Nadia Cassini, plutôt habituée aux films érotiques et qui à la fin des années 70 se tournera vers la disco. Et pour la touche britannique (en plus de Caine), on retrouve Dennis Price en vieil Anglais précieux, récitant « Alice au pays des merveilles » et ne pouvant pas supporter les Américains.

Éclipsé par « Get Carter », « Pulp » ne mérite pas l’oubli dans lequel il est tombé. Heureusement pour nous, l’éditeur anglais Arrow Video a réédité le film en DVD et Blu-Ray (avec des sous-titres anglais) qui remplace avantageusement le DVD très médiocre de MGM de 2004. Par contre si ce dernier avait des sous-titres français, sur l’édition Arrow Video il faudra vous contenter de sous-titres anglais.

DVD et Blu-Ray UK. Studio Arrow Video (2017). Version originale avec des sous-titres anglais optionnels. Bonus : interview de Mike Hodges, Tony Klinger,  John Glen, usama Rawi