Film mal aimé de la Hammer, « Lust for a Vampire » souffre d’un virage vers un érotisme et un kitsch pas assumés par ses propres géniteurs

Lust for a Vampire (1971)

Lust for a Vampire (1971)

(La soif du vampire)

Réalisé par Jimmy Sangster

Ecrit par Tudor Gates

Avec Yutte Stensgaard, Suzanna Leigh, Barbara Jefford, Ralph Bates, Mike Raven,…

Direction de la photographie : David Muir / Direction artistique : Don Mingaye / Montage : Spencer Reeve / Musique : Harry Robertson

Produit par Harry Fine et Michael Style pour Hammer Film Production

Horreur

UK

Lust for a Vampire (1971) afficheEn 1830, des villageois australiens sont terrifiés par la recrudescence des meurtres et se doutent que quelque chose de sinistre se passe au château des Karnstein, pourtant abandonné depuis des dizaines d’années. Ecrivain de passage dans la région, Richard Lestrange (Michael Johnson) s’amuse de la superstition des villageois. Il se rend au château par curiosité et y rencontre de jolies jeunes femmes accompagnées par leur professeur Gilles Barton (Ralph Bates). Ils viennent d’une école pour jeunes filles qui s’est installé à proximité. Lestrange y fait connaissance de l’hypnotique Mircalla et décide de se faire embaucher comme professeur de littérature par l’école (Yutte Stensgaard).

Le scénariste mythique de la Hammer à l’origine des plus gros succès de la firme, Jimmy Sangster est de retour mais cette fois-ci à la réalisation. En fait, le film aurait dû être réalisé par Terence Fisher, le réalisateur fétiche du studio, qui s’est fait porter pâle au dernier moment. La Hammer s’est alors tourné vers Sangster qui venait juste de finir son premier film en tant que réalisateur, « The Horror of Frankenstein« . Sangster, lassé à l’époque de l’horreur gothique, avait déjà livré une révision de Frankenstein non dénué d’humour. Il fait de même ici avec un traitement très ironique et second degré du scénario signé Tudor Gates.

Gates avait débuté pour la Hammer l’année précédente avec « The Vampires Lovers », premier volet de la trilogie consacrée à la Comtesse Mircalla Karnstein,  personnage créé par Sheridan Le Fanu dans « Carmilla » (1872), le premier grand roman sur les vampires (« Dracula » ne verra le jour que 25 ans plus tard). La trilogie se conculera avec « Twins of Evil » sorti également en 1971.

La fidélité au matériau d’origine n’est pas la principale préoccupation de Gates. La majeure partie du film se déroule dans un pensionnat pour jeunes filles. Ce qui fournit une opportunité rêvée pour exposer pleinement les penchants saphiques de la démoniaque héroïne et montrer des jolies filles dénudées.

D’autant que Sangster a décidé d’y aller à fond, livrant un film éloigné des canons de la Hammer. Avec sa scène de danse, ses scènes de nudité et sa chanson kitsch (« Strange Love » par une certaine Tracy), on s’approche de l’ambiance du « folk horror », et surtout du chef d’oeuvre de ce sous-genre, « The Wicker Man » (1973) qui verra le jour deux ans plus tard.

Malheureusement « Lust for a Vampire » est très loin du chef d’oeuvre. Il fait partie des films mal aimés de la Hammer qui s’éloigne ici peut être un peu trop de sa zone de confort, notamment au niveau du traitement érotique.  Il n’est que trop visible que personne n’assume un tel virage. Au-delà de Fisher, le film a d’ailleurs souffert du retrait au dernier moment de Peter Cushing (officiellement pour pouvoir veiller sur sa femme qui souffrait alors de problèmes de santé).

Ralph Bates, un habitué de la Hammer, a remplacé Peter Cushing dans le rôle du professeur d’histoire pour rendre service à Sangster. Si Bates estime que c’est le pire film de sa carrière, il est en tout cas amusant de le voir dans un rôle de rat de bibliothèque alors qu’il est habituellement utilisé par la Hammer dans des rôles de tombeur de ces dames (« The Horror of Franksestein » ou « Dr. Jekyll et sister Hyde« ).

Le casting est sinon composé de nombreuses beautés : la danoise  Yutte Stensgaard remplace dans le rôle titre Ingrid Pitt (décidemment !). Son jeu assez théâtral renforce encore le côté kitsch du film ! Stensgaard est arrivée en Angleterre en 1963 pour booster sa carrière d’actrice mais interprète ici son avant dernier rôle pour le cinéma. L’anglaise Suzanna Leigh (la professeuse de danse dans le film) est la filleule de Vivien Leigh (à qui elle a emprunté son nom de scène). Elle a connu son moment de gloire aux Etats Unis en tournant aux côtés de Tony Curtis  (« Boeing Boeing », 1965) et Elvis Presley (« Paradise, Hawaiian Style », 1966). Peu à l’aise à Hollywood et mis à l’écart par l’agent de Presley alors qu’elle devait participer au prochain film du rockeur, elle retourne très rapidement en Angleterre où elle jouera dans des films de série B avant d’arrêter sa carrière d’actrice en 1974 avec la comédie « Son of Dracula » (avec le batteur des Beatles Ringo Starr au générique).

Enfin, dans le rôle de l’écrivain Lestrange, Hammer recrute un petit nouveau Michael Johnson, un anglais de 32 ans déjà doté d’une belle expérience à la télé  mais avec une seule expérience au cinéma dans un second rôle pour une production prestigieuse « Anne of the Thousand Day » (1969) réalisé par Charles Jarrott. Sa prestation dans « Lust for a vampire » restera l’une des rares occasions de le voir sur grand écran. Il poursuivra sa carrière à la télévision jusqu’au milieu des années 80.

Peut-être victime de sa médiocre réputation, le film est aujourd’hui difficilement trouvable en DVD. Rien en France et actuellement (janvier 2019), le plus économique semble de se tourner vers l’édition double DVD où il est proposé avec « Vampire Lovers ».

DVD zone 2 UK. Studio Optimum Home Releasing (2008). Version originale sans sous-titres

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