Une merveilleuse comédie sur une petite communauté d’un village insulaire écossais qui doit faire face aux politiciens londoniens et aux braconniers de Glasgow
Laxdale Hall (1952)
Réalisé par John Eldridge
Ecrit par Alfred Shaughnessy et John Eldridge d’après le roman d’Eric Linklater
Avec Ronald Squire, Kathleen Ryan, Raymond Huntley, Sebastian Shaw, Prunella Scales, Fulton Mackay, Jean Colin,…
Direction de la photographie : Arthur Grant / Direction artistique : Ray Simm / Montage : Bernard Gribble / Musique : Frank Spencer
Produit par Alfred Shaughnessy pour Group 3
Comédie
87mn
UK
« Laxdale Hall » est le parfait exemple de comédie made in Ealing. Dans un village situé sur l’ile de Lewis dans les Hébrides extérieures au nord ouest de l’Ecosse, les habitants ont décidé de se révolter. Les cinq propriétaires de voiture, menés par le général Matheson, ont décidé d’un commun accord de ne plus payer la taxe sur les routes au vu de l’état déplorable de leur unique route. A Londres, c’est la panique. Il faut à tout prix mater la rébellion de ces irréductibles écossais. Le Scottish Office décide d’envoyer une délégation sur place menée par un parlementaire, Samuel Pettigrew (Raymond Huntley), qui saura leur parler. En effet sa mère est native du village ! Mais Pettigrew, fervent adepte du progrès, propose à la population du village de quitter leur île pour venir travailler dans une ville industrielle flambant neuve. Et comme si ce n’était pas assez pénible, les villageois doivent faire face à des braconniers de Glasgow venus voler LEURS saumons.
Ce petit résumé aura suffit à vous convaincre. Quoi de plus ealinguesque qu’une comédie sur une petite communauté un brin anarchiste qui doit se souder pour assurer sa survie face à un danger extérieur. Difficile, vue que le film se déroule en Ecosse, de ne pas penser au classique « Whisky Galore! » (Whisky à gogo !, 1949), l’une des meilleures comédies du studio britannique. Et pourtant… Sorti trois ans plus tard, en 1952, « Laxdale Hall » n’est pas un film perdu du studio dirigé par Sir Michael Balcon.
Bien que… L’idée du roman est signée Eric Linklater, un gallois qui a grandi en Ecosse, et qui a proposé le pitch à Ealing. Quand Balcon rejette l’idée, Linklater transforme son idée en roman (publié en 1951). Balcon qui a participé à la création du studio Group 3 avec notamment le monstre sacré du documentaire britannique, John Grieson, reprend l’idée de Linkater pour Group 3.
La réalisation est confiée à John Eldridge, qui vient également du documentaire. Elridge est passé en 1952 au long métrage de fictions avec « Laxdale Hall » et la comédie criminelle également très ealinguesque « Brandy for the Parson », également pour Group 3.
Le casting est composé d’acteurs Ecossais tels Jameson Clark (qui était déjà au générique de « Whishy Galore! »), Rikki Fulton (futur grand de la comédie écossaise) ou encore Andrew Keir (qui incarnera le professeur Quatermass dans « Quatermass and the Pit »…).
Mais on y trouve surtout des Anglais (!) : tels Ronald Squire (né dans le Devon) qui joue le rôle du général Matheson, le chef de la révolte ou encore Prunella Scales (née dans le Surrey), la maitresse de la seule classe du village et qui interprétera vingt ans plus tard la femme de Basil (John Cleese) dans le sitcom mythique « Fawlty Towers » (1975). Le rôle du parlementaire très infatué de sa personne, mais qui va être forcé de plier l’échine devant la résilience des villageois, est interprété par le très Anglais Raymond Huntley, un habitué de ce genre de rôles têtes à claques.
Le film bénéficie des décors naturels de la côté écossaise (le tournage a eu lieu notamment dans le village côtier d’Applecross), de son casting solide (voir plus haut) ou encore des scènes dantesques telles l’interprétation de « Macbeth » sous un déluge de pluie. Si le film a été ignoré à sa sortie par les critiques londoniens, il a connu un joli succès sur les écrans écossais et a même bénéficié d’une sortie USA sous le titre de « Scotch on the Rocks » (après le succès de « Whisky Galore! », je suppose qu’il y a une certaine logique commerciale au changement de nom !).
Duncan Petrie, auteur de « Screening Scotland » peut faire la fine bouche sur les caricatures, l’anarchie plutôt sage (quand on le compare à « Whisky Galore!), les deux romances « convenues » qui jouent un rôle de ciment entre le village et la délégation du Scottish Office ou le fait que le chef du village est incarné par un Anglais, mais « Laxdale Hall » reste une très chouette comédie
D’après l’article très instructif du critique écossais Brian Pendreigh, qu’on peut retrouver au dos de la jaquette du DVD britannique, la copie du film détenue par le BFI est détériorée à un tel point qu’elle a été jugée irrécupérable. Le film a été édité en DVD par un petit éditeur britannique à partir d’une copie du film en 16mm récemment retrouvée. « Laxdale Hall » n’a pu faire l’objet d’une restauration (trop coûteuse). Le film est néanmoins tout à fait regardable (et dispose de sous-titres en anglais) mais on espère que le film bénéficiera bientôt d’une restauration méritée.
DVD UK. Studio Paramint Cinema. Version originale avec sous-titres optionnels en anglais. Bonus : court métrage « Emma’s Dilemma » (de et avec Rikki Fulton), notes de Brian Pendreigh