Un slasher à l’anglaise fauché et complètement raté. La seule curiosité du film est une vraie héroïne, une chienne à trois pattes qui se prénomme Hannah

Killer’s Moon (1978)

Ecrit et réalisé par Alan Birkinshaw

Avec Anthony Forrest, Tom Marshall, Georgina Kean, Alison Elliott,…

Direction de la photographie : Arthur Lavis / Montage : David White / Musique : John Shakespeare et Derek Warne

Produit par Alan Birkinshaw et Gordon Keymer

Crime / horreur

90mn

UK

Traversant le Lake District dans le nord ouest de l’Angleterre, un bus tombe en rade en pleine campagne. A bord, des étudiantes d’une chorale et leurs deux professeurs-accompagnatrices. Elles décident de rejoindre la civilisation à pied. Mais ce qu’elles ne savent pas, c’est que quatre malades mentaux meurtriers se sont échappés du cottage où ils étaient soumis à un programme médicamenteux expérimental pour contrôler les rêves. Egalement dans le coin, deux campeurs Pete (Anthony Forrest) et Mike (Tom Marshall) vont aussi faire face aux détraqués.

Dans les années 70, l’horreur britannique tente de se libérer du craquant de la censure britannique afin de pouvoir faire face à la compétition américaine et de répondre à la demande du public. Pete Walker (« Frightmare« ,…) et Norman J. Warren (« Satan’s Slave« ,…) dont j’ai parlé ici de nombreuses fois mènent le peloton mais la période est riche en tentatives débridées de renouveler le genre.

Le réalisateur néo-zélandais basé en Angleterre Alan Birkinshaw cherchait sa voix dans les genres populaires à succès de l’époque. Il a d’abord tâté de la sex comedy avec « Confessions of a Sex Maniac » (1974) et le voici à présent qui s’essaie à l’horreur. Des jeunes filles innocentes en nuisette pourchassés par des fous furieux dans la campagne anglaise. Heureusement pour elles, deux jeunes héros et un chien à trois pattes (!) vont venir à leur secours,…

D’après Kim Newman, spécialiste incontesté du « bis » britannique, « Killer’s Moon » serait « facilement à égalité avec les films américains les plus horrifiques de « rape & revenge », mais avec en plus une dose d’esprit cynique assumé très british ».

Newman a piqué ma curiosité mais je ne sais pas si on a regardé le même film. Une grande partie de la violence se déroule hors écran pour contourner la censure. Souvent on ne se rend même pas compte que tel personnage est mort. « Killer’s Moon » arrive parfois à dégager une ambiance malsaine, mais le jeu pauvre de la plupart des acteurs n’a d’égal que les errements de la réalisation, et à part quelques rares séquences, tout tombe à l’eau très rapidement. Sans parler de la direction artistique sur les raccords studio des scènes de camping (je ne vous en dis pas plus).

Quant au cynisme, les personnages viennent et disparaissent soudainement sans qu’on comprenne pourquoi (sans compter qu’ils accumulent les décisions illogiques, ce qui, même s’il est parfois typique du genre, fatigue). Les dialogues, qui ont pourtant été retravaillées avec l’écrivain Fay Weldon (soeur de Bikrinshaw), sont ras les pâquerettes. Reste quelques blagues amusantes (certaines volontaires, d’autres non) et un personnage attachant (la fameuse chienne à trois pattes, Hannah – pour la petite histoire notons que dans la vraie vie Hannah a perdu une patte en tentant de sauver son maitre lors d’un braquage de banque – bref voici une base de scénario plus solide que celle de « Killer’s Moon »).

Le BBFC, le bureau britannique de la censure, a jugé quant à lui que « s’il n’était aussi inepte dans sa réalisation et dans son interprétation, ce film aurait pu faire de l’ombre à « Texas Chain Saw Massacre ».

Après ce premier essai pas franchement réussi, Alan Birkinshaw est quand même revenu à l’horreur en 1989 en réalisant deux adaptations d’Edgar Alan Poe « The Masque of Read Death » et « the Usher House » pour le producteur Harry Alan Towers.

Blu-ray UK. Screenbound Pictures (2017). Version originale avec des sous-titres anglais optionnels.