Un très beau film d’aventures dans la lignée de « Lawrence of Arabia » et de « Zulu ». Avec Charlton Heston et Laurence Olivier en grande forme.
Khartoum (1966)
Réalisé par Basil Dearden
Écrit par Robert Ardrey
Avec Charlton Heston, Laurence Olivier, Ralph Richardson, Richard Johnson,…
Directeur de la photographie : Edward Scaife
Produit par Julian Blaustein
Tourné en Égypte et aux studios Pinewood
Aventures / Historique
134 mn
UK
« Le récit du film est centré sur le siège de Khartoum, en 1885, durant la guerre des Mahdistes au Soudan : un chef musulman, El Mahdi (Laurence Olivier) lance une insurrection contre l’occupant égyptien et son allié britannique. Le Premier Ministre britannique Gladstone (Ralph Richardson) envoie le général Gordon (Charlton Heston) à Khartoum pour assurer la protection des ressortissants britanniques et Egyptiens encore présents. Mais celui-ci est bien décidé à libérer Khartoum, et fait de son affrontement avec El Mahdi une lutte entre deux Dieux. »
Le film reprend assez fidèlement un épisode peu glorieux de l’empire britannique.
Le producteur américain Julian Blaustein ( The Day the Earth Stood Still, The Four Horsemen of the Apocalypse,…) lorgnait visiblement sur la réussite de « Lawrence of Arabia » (1962) et de « Zulu » (1964).
Et il a su réunir sur le projet des pointures. Le scénariste Robert Ardrey avait préalablement signé le script de « The Four Horsemen… », et il a su convaincre Charlton Heston et Laurence Olivier de rejoindre le projet.
Derrière la caméra on retrouve un réalisateur fort talentueux qui signe ici son projet le plus ambitieux (en termes de logistique tout au moins). « Khartoum » correspond à l’avant dernière phase de la carrière de Basil Dearden, celle des productions exotiques à grand spectacle , et au casting impérial, financées par les Américains, et qui va de « Woman of straw » (1964) à « The Assassination Bureau » (1969). Michael Relph, son producteur habituel et véritable partenaire créatif, est quand même présent sur « Khartoum » au titre de Production Superviser.
Dearden n’était pas le choix premier au poste de réalisateur. Lewis Gilbert a finalement dû rendre sa casquette quand la mise en chantier du film, qui originalement aurait dû être tourné au Soudan, a été retardée. Charlton Heston qui aime bien choisir ses réalisateurs (c’est lui qui avait ainsi imposé Orson Welles sur « Touch of Evil ») voulait à tout prix Carol Reed avec qui il venait de tourner un autre film historique : « The Agony and the Ecstasy ». Mais Reed refusa car il ne voulait pas se lancer dans une nouvelle grosse production.
Sous la pression d’United Artists qui désespérait de trouver un réalisateur, Heston accepta de regarder deux films de Dearden, dont « Sapphire« , mais tout en donnant son accord il se déclarera perplexe car il trouvait les films de Dearden plus forts sur l’intrigue que sur les personnages.
Or le script d’Ardrey était totalement centré sur l’affrontement entre ces deux personnages historiques hors du commun. Et si Heston se déclarera très satisfait du film, qui reçut un très bel accueil public et critique, il écrira dans son autobiographie que Dearden fit un « simple travail de routine sur le tournage ».
Qu’en est-il réellement ?
Le film met environ 10 minutes à démarrer, après une ouverture en musique de 4 à 5 mn sur fond statique, puis des images documentaires commentées par une voix off nous présentant le Nil, et introduisant l’histoire. Pas sûr que ce passage, tourné non par Dearden mais par Eliot Elisofon soit vraiment nécessaire, mais ça ne tue pas le film pour autant.
Le choix d’une intro commentée en voix off est d’ailleurs le seul véritable reproche qu’on pourrait faire à « Khartoum » qui est visuellement impressionnant, sans écraser pour autant ses personnages sous les décors.
Pour le coup ça peut servir d’avoir au centre du casting deux monstres sacrés comme Charlton Heston et Laurence Olivier en grande forme. Olivier est un peu d’humeur cabotine et son interprétation de The Mahdi le fait ressembler à un méchant disneyen mais globalement Heston et Olivier s’en sortent bien dans leurs personnages respectifs, deux dangereux égocentriques se croyant chacun investis d’une mission divine et qui vont in fine partager la responsabilité d’un véritable massacre avec un gouvernement britannique pas épargné (Ralph Richardson est excellent dans le rôle du Premier Ministre Gladstone).
Le pari de Julian Blaustein est donc réussit, et « Khartoum » ne fait pas pâle figure face aux films de Cy Enfield et David Lean.
MAJ (octobre 2019) : les éditions Rimini ont sorti le film en médiabook blu-ray/DVD avec un livre de 100 pages et plusieurs bonus intéressants.
Combo Blu-ray. Bonus : « Khartoum, un duel shakespearien » : interview de Jean-François Rauger et Jean-François Baillon (32′ VF) / « Le goût de l’Histoire » : interview de Fraser Heston, réalisateur et fils de Charton Heston (31′, VOST) / Interview de Sheldon Hall, historien du cinéma (28′, VOST)