Une production ambitieuse et réussie de la Gaumont-British avec Madeleine Carroll et Conrad Veidt

I Was a Spy (1933)

(J’étais une espionne)

Réalisé par Victor Saville

Ecrit par W.P. Lipscomb d’après l’autobiographie de Martha Cnockhaert McKenna

Avec Madeleine Carroll, Conrad Veidt, Herbert Marshall, Edmund Gwenn, Gerald du Maurier, Donald Calthrop,…

Direction de la photographie : Charles Van Enger / Direction artistique : Alfred Junge / Montage : Fredrick Y. Smith / Musique : Louis Levy

Produit par Michael Balcon pour Gaumont British Picture Corporation

Drame / Guerre

88mn

UK

Durant la première guerre mondiale, Martha Cnockhaert (Madeleine Carroll) travaille dans l’hôpital militaire d’une ville belge occupée par les Allemands. Poussée par sa tante qui travaille pour la résistance locale, elle accepte de porter des messages mais avec un autre infirmier Stephan (Herbert Marshall), elle commence à monter des opérations plus risquées pour obtenir des renseignements et découvre que les Allemands s’apprêtent à utiliser un gaz mortel et tentent de détruire la cargaison. Le commandant allemand Oberaertz (Conrad Veidt) est furieux et est bien décidé à trouver les espions qui se cachent parmi les civils, sans se douter que la jeune infirmière qu’il trouve charmante est l’un d’eux !

« I Was a Spy » est une histoire vraie tirée des mémoires de Martha Cnockhaert publiée l’année précédente. Une histoire assez forte pour justifier l’enthousiasme de Michael Balcon, qui travaillait alors pour l’un des studios les plus importants des années 30, la Gaumont British qui décide de mettre les moyens sur ce projet prometteur.

Il faut dire que « I was a Spy’ ne ménage pas tension dramatique (Est-ce que Martha va être démasquée ?), tension morale (Martha s’écroule quand elle réalise que l’un de ses messages à causé la mort de centaines de soldats Allemands) et tension sexuelle (le commandant Oberaertz étant très attiré par la jeune femme au point de l’inviter à l’accompagner pour un petit séjour à Bruxelles où il est suggéré que Martha a été bien obligée de céder à ses avances).

Le film, mis en scène par l’un des réalisateurs stars et des plus productifs de la Gaumont-British, Victor Saville, pouvait se targuer d’un casting en or massing avec Conrad Veidt et Madeleine Carroll. Fuyant l’Allemagne nazie avec sa femme juive, Veidt s’était installé en Grande Bretagne au début des années 30, auréolé de son statut de star dans son pays natal. Arrivé sur le sol britannique, il se met aussitôt au travail en tournant « Rome Express » (1932) et « I Was a Spy » (1933), dont les succès vont lui assurer une stature durable au box office britannique. Il retrouvera Saville pour une autre histoire d’espionnage durant la première guerre mondiale « Dark Journey » (1937), cette fois-ci avec Vivien Leigh.

Madeleine Carroll, qui avait déjà travaillé avec Saville sur l’un de ses premiers films parlants (« The W Plan », 1930), avait signé un joli contrat avec la Gaumont-British. Après une brève escapade à Hollywood, pas très réussie (« The World Moves On » de John Ford), elle rentre en Angleterre où, à la suite d’un nouveau film pour Saville, elle enchaine avec Hitchcock sur « The 39 Steps » (1935).

Le directeur artistique allemand légendaire Alfred Junge, installé depuis la fin des années 20 en Angleterre, fait ici des miracles pour reconstituer une ville belge dans les studios de Welwyn au Nord de Londres. La production n’a pas non plus lésiné sur les figurants, ni sur les effets visuels, notamment lors d’une impressionnante attaque d’avions alliés contre les Allemands.

« I Was a Spy » est l’un des plus grands succès de 1933 avec « The Private Life of Henry VIII » de Korda et un autre film de Saville « Good Companions ».

DVD UK. Studio Strawberry  Media (2014). Version originale sans sous-titres