Une nymphomane dans une prison ? Sur ce thème tout droit venu des années 70, « Fun and Games » nous propose une version plutôt sage et plus dramatique que provocante
Fun and Games (1971)
Réalisé par Ray Austin
Ecrit par Oscar Brodney
Avec Alexandra Hay, Neil Hallett, Sandor Elès, Harry Baird, Robert Brown, Tracy Reed,…
Direction de la photographie : Gerald Moss / Direction artistique : James Weatherup / Montage : Philip Barnikel / Musique : Peter J. Elliott
Produit par Philip N. Krasne
Drame / Erotique
UK
« Fun and Games », au titre américain bien plus explicite (« 1,000 Convicts and a Woman – story of a nympho »), est une bizarreté. A priori, on est face à un film d’exploitation typique des années 70. Angela (Alexandra Hay) une jeune étudiante, tout juste rentrée des USA, où elle rejoint son père… gouverneur d’une prison. A peine arrivée, Angela, de son propre aveu nymphomane et exhibitionniste, et 100% peste, fait tout pour rendre fou les hommes qu’elle croise, qu’ils soient le chauffeur de son père, le mécanicien de la prison ou un prisonnier !
Autant le dire tout de suite, le film dirigé par le britannique Ray Austin n’a pas un intérêt immense pour les fans de films d’exploitation. Le trois quarts du film, centrés sur les jeux de séduction et de manipulation d’Angela, restent très sage, avec juste un peu de nudité et de violence. Mais la tension monte jusqu’au drame et cette dernière partie est déjà plus intéressante avec plus d’action et une Angela toujours aussi insupportable mais qui sera mise face à ses mensonges et devra ouvrir son coeur à son père. La morale est sauve.
Voici un film assez inhabituel pour une production britannique, la majorité des films (vaguement) érotiques y étant plutôt des comédies et se déroulant rarement dans une prison !
Si le thème des femmes dans le milieu carcéral est tout à fait dans l’air du temps du début des seventies, on a plutôt l’habitude de voir de telles productions tournées par des Américains et des Italiens, et plutôt aux Philippines par exemple que dans le Berkshire ! Mais « Fun and Games » s’éloigne des canons du genre puisque l’héroïne n’y est pas une prisonnière et que la prison n’est pas un cloaque infâme contrôlé par la pègre !
On ne s’étonnera pas en tout cas que le producteur Philip N. Krasne soit américain. Plus connu pour des westerns et films exotiques ou SF tournés dans les années 40 et 50, à la fin de sa carrière il produit plusieurs films en Europe et notamment en Grande-Bretagne avec « I can’t… I can’t » (Piers Haggard, 1971) et ce « Fun and Games ».
Le scénario est signé par le Bostonien Oscar Brodney, spécialisé dans les westerns de série B. Dernier import d’outre-atlantique, l’actrice native de Los Angeles, Alexandra Hay qui a eu une petite carrière de la fin des années 60 où on la retrouve au générique de « Guess Who’s Coming to Dinner » (Stanley Kramer, 1967) ou de « Model Shop » (Jacques Demy, 1969). Sa carrière dans les années 70 est plus compliquée comme l’atteste cette apparition dans ce petit film d’exploitation britannique.
Côté britannique, notons la présence d’Harry Baird, un acteur natif de Georgetown, qui a obtenu son premier rôle dans « A Kid for Two Farthings » (Carol Reed, 1955) et qu’on retrouvera dans plusieurs séries et films britanniques (Flame In the Street, Station Six Zero, The Italian Job,..) et européens mais également en tant que premier rôle dans « La permission » (1967) de Melvin Van Peebles.
Ray Austin, un londonien éduqué à Brighton, s’est d’abord fait connaitre comme cascadeur à Hollywood où il a eu son premier crédit au générique de « North by Northwest (La mort aux trousses, 1959) dans lequel il doublait Martin Landau. Il a ensuite dirigé des séquences d’action avant de passer à la réalisation sur la plupart des grosses séries britanniques et américaines du début des années 60 jusqu’à la fin des années 90. C’est simple, imaginez une série de l’époque et il en a probablement tourné un épisode. Côté cinéma, il ne réalisera qu’une poignée de films tournés au début des années 70, dont deux en Grande Bretagne, typiques du cinéma d’exploitation de l’époque, « Fun and Games » et « Virgin Witch« . Philip N. Krasne et Ray Austin collaboreront à nouveau sur le film d’horreur sud africain « House of the Living Dead » (1974).
Blu-ray. Editeur Kino Lorber (2024). Version originale sous-titrée en anglais. Bonus : un documentaire sur le film (18mn) et commentaire audio