Un film d’horreur culte des années 90. Pas toujours très adroit, mais le réalisateur exploite à merveille les décors naturels de la Namibie.
Dust Devil (1992)
(Le souffle du démon)
Ecrit et réalisé par Richard Stanley
Avec Robert John Burke, Chelsea Field, Zakes Mokae,…
Directeur de la photographie : Steven Chivers
Musique : Simon Boswell
Produit pour British Screen Productions, Channel Four Films, Palace Pictures
Afrique du Sud / UK
Un tueur au look de cowboy (Robert John Burke) fait du stop sur les routes de Namibie en quête de victimes qu’il dépèce lors d’un rituel. Jeune femme en perdition, Wendy (Chelsea Field) le prend en stop mais l’homme disparait subitement.
Richard Stanley est un réalisateur sud africain qui s’est fait un petit nom auprès des fans de cinéma fantastique et SF avec « Hardware » (1990) et « Dust Devil » (1992). Ce dernier connaitra les affres d’une distribution chaotique, le distributeur américain Miramax coupant le film de 120 à 87mn pour enlever tous les éléments surnaturels, et le producteur Palace Pictures faisant faillite avant même la sortie du film en Europe.
Stanley récupère alors les négatifs et met au point une version Final Cut de 108mn qu’il part présenter dans de nombreux festivals. C’est cette version, qui a été éditée en DVD, dont je vais vous parler aujourd’hui.
« Dust Devil » mélange diverses influences des films de genre : du giallo italien et du film d’horreur surnaturel jusqu’au western.
Cette histoire de démon piégé sur Terre qui chasse les âmes perdues en faisant du stop sur les routes de Namibie pourrait tomber dans la série Z la plus crasseuse. Mais comme souvent, tout se joue dans l’exécution. Alors évidemment le charabia surnaturel du sorcier local qui narre l’histoire peut paraître un peu lourdingue. Et il l’est. Mais Richard Stanley met à profit les décors incroyables de la Namibie pour conter son histoire (jusque dans la scène finale dans une ville abandonnée et ensablée). Dans un tel décor, baigné par des couleurs ocres, tout à coup les histoires surnaturelles deviennent presque crédibles !
Les personnages arrivent également à prendre un minimum corps : du vieux flic noir rongé par la culpabilité après la mort de son fils (on ne sait pas vraiment pourquoi mais ce n’est pas trop grave) à l’héroïne sud africaine qui quitte son mari violent pour s’oublier sur la route de Namibie direction la mer (et qui bien que pas très finaude vis à vis de l’autostoppeur quand même un peu particulier qu’elle embarque, reste néanmoins moins potiche que 99% des personnages féminins dans les films d’horreur).
Le racisme, la guerre civile et la crise économique (bref la violence humaine) sont en toile de fond de cette légende horrifique. Le spectre de l’apartheid notamment est assez omniprésent tout au long du film. Une manière de rappeler que l’horreur ne vient pas que de l’au-delà. L’homme peut être démon, tandis que le démon peut faire preuve de sentiments (sa rencontre avec l’héroïne fait ressortir ses faiblesses et sa part d’humanité).
« Dust Devil » n’est pas sans maladresses. Les personnages auraient pu être un chouia plus fouillés et certaines scènes cèdent à la facilité (dont la toute fin du film). Enfin le scénario comme les dialogues ne sont pas toujours très clairs.
On comprend en tout cas que le résultat, un film au ton particulier, ait pu déplaire au distributeur américain qui s’attendait peut être à un film d’horreur plus traditionnel. En tout cas, « Dust Devil » est un bon film de genre qui mérite l’aura culte qu’il a acquis. Il est aujourd’hui notamment disponible en coffret DVD zone 1 (édition limitée 5 DVDs) et est sorti il y a quelques années en DVD français en partenariat avec Mad Movies.
« Dust Devil » est le dernier long métrage de fiction de Richard Stanley. Au milieu des années 90, le réalisateur se fait virer de l’adaptation de « The Island of Dr. Moreau » (1996), grosse production avec Val Kilmer et Marlon Brando dont il avait signé le scénario, au bout de quatre jours de tournage. Ce naufrage fera l’objet d’un documentaire « Lost Soul: The Doomed Journey of Richard Stanley’s Island of Dr. Moreau » (2014). Depuis, il s’est tourné lui-même vers le documentaire.
Coffret DVD zone 1 The Subversive Cinema. 5 DVDs. Comprend : The Final Cut + The Work Print (avec des scènes additionnelles) + trois documentaires de Richard Stanley : « The Secret Glory », « Voice Of The Moon » et « The White Darkness » + Bonus Soundtrack CD