« Dead of night » (Au coeur de la nuit) est un film d’horreur à sketch de 1945 produit par les studios Ealing. Aussi brillant qu’atypique
Dead of night (1945)
(Au coeur de la nuit)
Un film d’Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Basil Dearden et Robert Hamer
Ecrit par John Baines et Angus MacPhail
Avec Mervyn Jones, Roland Culver, Michael Redgrave,…
Directeur de la photographie : Douglas Slocombe / Direction artistique : Michael Relph / Montage : Charles Hasse / Musique : Georges Auric
Produit par Michael Balcon pour les Studios Ealing
103 mn
UK
Walter Craig (Mervyn Johns), architecte de profession, est invité pour le week-end, dans un cottage que le propriétaire souhaite rénover et agrandir. Arrivé sur place, il a une étrange impression de déjà vu. Impression qui se confirme quand il découvre les cinq personnes réunies dans le salon. Il leur avoue alors qu’il est persuadé de tous les avoir déjà vu en rêve. Il est d’autant plus perturbé qu’il est persuadé que son rêve se conclue d’une façon tragique. Les invités réagissent d’abord avec incrédulité mais finissent par le croire et raconter leurs propres expériences avec l’étrange. Mais pour l’un des convives, le Dr. Van Straaten, psychiatre, toutes ces expériences ont des explications rationnelles.
« Dead of Night » est à ma connaissance le premier film horrifique à sketch. EDIT 22 août 2017 : comme indiqué en commentaire de cet article, le premier film du genre serait en fait le métrage allemand « Unheimliche Geschichten » sorti en 1919. Disons au moins qu’il s’agit du premier film horrifique à sketch britannique. Genre qui deviendra à la mode dans les années 60 avec les productions Amicus (le grand concurrent de la Hammer) comme « Dr. Terror’s House of Horrors » (1965).
« Dead of Night » a été mis en scène par la crème des réalisateurs des studios Ealing alors pour la plupart au début de leur carrière (à part Calvacanti qui avait déjà une forte expérience en tant que réalisateur de fictions et de documentaires) : Robert Hamer (Kind Hearts and Coronets« , 1949), Alberto Cavalcanti (« Went the day well ?« , 1942), Charles Crichton (« The Lavender Hill Mob », 1951), Basil Dearden (« The Captive Heart », 1946).
Ealing est plus connu pour ses comédies légères mais n’hésite pas à glisser vers l’humour noir, « Kind hearts and Coronets » et « The Ladykillers » en étant les plus parfaites démonstrations. « Dead of Night » est composé d’histoires fantastiques qui tour à tout virent vers l’horrifique (l’histoire du miroir hanté) ou vers la comédie (l’histoire du golfeur fantôme). Le film commence avec légèreté (les deux premières histoires étant assez anodines), mais le film fait ensuite monter la tension, et les histoires du miroir hanté et de la marionnette du ventriloque remplissent parfaitement leur office.
Les meilleures séquences de « Dead of Night » sont tout à fait dignes des meilleures nouvelles horrifiques à la mode depuis la fin du XIXe et publiées dans les magazines et pulps outre-manche et outre-atlantique. Deux des segments sont d’ailleurs basés sur des nouvelles de deux auteurs anglais représentant du genre : HG Wells et E.F. Benson.
Le plus grand défaut des films à sketch se situe généralement dans le manque de cohésion entre les différents segments du film, typiquement mis en scène par des réalisateurs différents et manquant de liant. Mais ici, la trame principale progresse au rythme des histoires qui ont un véritable impact sur l’ambiance qui règne parmi les convives, ambiance qui se fait de plus en plus oppressante, jusqu’à une conclusion de toute beauté, reprenant des éléments des différentes histoires.
Les distributeurs américains, estimant que le film était trop long, ont supprimé deux séquences (celle du golfeur fantôme et de la maison hantée), amputant le film de 30 mn ! Et évidemment plombant par la même occasion la fin du film.
« Dead of Night » a connu un grand succès public et critique à sa sortie. S’il est aujourd’hui un peu tombé dans l’oubli comparé à d’autres productions Ealing, il serait dommage de passer à côté d’un film de comédie horrifique, qui malgré son âge, n’a pas pris une ride.
DVD Studio Canal (2002). Version française et version originale sous titrée. Bonus :
Présentation par Jean-Pierre Dionnet, Entretien avec Philippe Haudiquet (auteur), Galerie photos et affiches
Petite rectification, Le premier film horrifique à sketchs était CAUCHEMARS ET HALLUCINATIONS (Unheimliche Geschichten) en 1919.
Bonne continuation.
🙂
Merci pour la précision. C’est corrigé !