Darling (1965)

Darling (1965)

(Darling chérie)

Réalisé par John Schlesinger

Ecrit par Frederic Raphael

Avec Julie Christie, Dirk Bogarde, Laurence Harvey, José Luis de Vilallonga,…

Directeur de la photographie : Kenneth Higgins

Produit par Joseph Janni

Drame

128 mn

UK

Diana (Julie Christie) est un jeune modèle ambitieux. Elle passe d’hommes en hommes en fonction de ses désirs de progression sociale et de réussite professionnelle.

Affiche Darling Céhrie (1965)La liberté sexuelle mais pour en faire quoi ? Pour Diana, le sexe est une arme pour grimper l’échelle sociale et réussir professionnellement. D’un mari simple qu’elle a épousé trop jeune, elle passe à un intellectuel de la télé, couche avec son agent dans l’espoir de tourner dans des films, repousse un prince quand elle pense qu’elle n’en a pas finit avec la vie, pour retomber dans ses bras quand elle voit qu’elle n’arrive à rien d’autre. Être princesse à défaut d’autre chose.

On sent dans le film de Schlesinger une critique vive de la vacuité du show bizz (la vie de Diana  – prénom prophétique ! – est inspirée par celles de stars américaines comme Grace Kelly et Marilyn Monroe) et de la liberté sexuelle, faux ascenseur social. Il y a beaucoup de frustrations chez Diana. Elle aimerait à la fois être libre, aimée et reconnue, mais finalement surtout être heureuse.  Mais, en dépit de la libération de la condition de la femme dans les années 60, elle continue à reproduire des schémas d’antan, appuyant sa progression sociale et professionnelle sur la gente masculine. Et à un moment donné, elle n’a plus d’autre choix que de devoir faire face à la vacuité de sa vie, et ça la terrifie assez pour qu’elle tente de se débarrasser de son statut social si durement acquis.

« Darling » est donc le portrait d’une femme en état de dépendance. En dépit de la libéralisation sexuelle et sociale apparente des années 60, pour Schlesinger finalement rien n’a changé et les archétypes du passé continuent de hanter le présent.

Si on peut difficilement être 100% du coté de Diana, il est difficile d’être contre elle tant elle souffre elle-même de ses errements . On ne peut non plus être de celui de ses amants qui finalement l’utilisent comme elle les utilise. Chacun y trouve son compte ? Pas vraiment, car personne ne semble en paix avec sa vie dans « Darling ».

« Darling » s’est vu attribué aux Oscars les prix de la meilleure actrice (Julie Christie), du meilleur scénario original et des meilleurs costumes. Pour Julie Christie, révélée par Schlesigner dans « Billy Liar », 1965 va inaugurer une série faste pendant laquelle elle va tourner pour David Lean (Docteur Jivago), François Truffaut (Farenheit 451), Jack Cardiff (Young Cassidy) ou encore Richard Lester (Petulia).

« Darling » n’est pas le meilleur Schlesinger. C’est un film un peu lent et pas toujours convaincant (beaucoup ont reproché au film sa voix off inutile et sa misogynie apparente). Néanmoins la qualité du casting (Julie Christie mais aussi Dirk Bogarde et Laurence Harvey) et quelques belles scènes transcendent ce portrait ironique de femme pas si libérée. « Darling » reste tout à fait recommandable et surtout finalement très juste.

 Disponible dans le coffret Tamasa John Schlesinger. Version anglaise avec sous titres français.