Review of: Charlie Bubbles
Drame:
Albert Finney

Reviewed by:
Rating:
4
On 27 août 2019
Last modified:14 janvier 2020

Summary:

Un écrivain riche et célèbre est submergé par l'ennui. Albert Finney joue le rôle principal dans sa seule réalisation. A (re)découvrir !

Un écrivain riche et célèbre est submergé par l’ennui. Albert Finney joue le rôle principal dans sa seule réalisation. A (re)découvrir !

Charlie Bubbles (1968)

Charlie Bubbles (1968)

Réalisé par Albert Finney

Ecrit par Shelagh Delaney

Avec Albert Finney, Liza Minnelli, Colin Blakely, Billie Whitelaw, Timothy Garland,…

Directeur de la photographie : Peter Suschitzky / Direction artistique : Edward Marshall / Montage : Fergus McDonell / Musique : Misha Donat

Produit par Michael Medwin

Comédie dramatique

89mn

UK

Charlie Bubbles (Albert Finney) gare sa Rolls jaune décapotable devant un club privé du West End. A l’intérieur il est accueilli par son comptable et un conseiller financier qui lui recommandent de quitter l’Angleterre pour un an afin de payer moins de taxes. Charlie écoute d’un air distrait et finit par repérer Smokey (Colin Blakely), un collègue écrivain au moindre succès. Rapidement, Charlie provoque Smokey et celui-ci lui vide un plat de pattes sur la tête. Charlie réplique en lui versant un plat en sauce. Tout y passe jusqu’au dessert puis les deux amis quittent le club dans l’indifférence générale en laissant un gros pourboire.

Smokey et Bubbles vont s’acheter de nouveaux vêtements, jouent au flipper, parient aux courses, jouent au snooker et boivent jusqu’à la fin de la nuit, Charlie restant stoïque et écoutant son ami tchatter jusqu’à ce qu’il s’écroule.

Charlie ramène ensuite son ami dans sa maison ultra sécurisée avec ses neuf caméras qui filment chaque pièce en même temps et sont contrôlées par Charlie dans son bureau. Pendant que son ami ronfle sur le sofa et que le couple de majordomes qui tient la maison s’affaire, Charlie monte dans son  bureau, décroche son téléphone et se fait engueuler par son ex-femme qui lui reproche de ne pas être venu voir son fils, comme c’était prévu. Charlie décide alors de partir le soir même, avec sa secrétaire Eliza (Liza Minnelli), direction le Nord de l’Angleterre où vit son ex-femme, bien loin des mondanités londoniennes.

Charlie est un enfant dans un monde d’adulte. C’est un irresponsable (comme le rappelle son ex femme) et quelqu’un qui vit pour lui, apparemment indifférant à ceux qui l’entourent. Il semble toujours ronger par un ennui infini. D’ailleurs même la connexion avec son fils est problématique, ce dernier ayant conscience qu’il a affaire plus à un rival qu’à un père.

Apathique, peu expressif, Charlie Bubbles est un personnage central pour le moins atypique. Et l’on se prend davantage de compassion pour son entourage qu’on n’éprouve de sympathie pour lui. Finney montre très bien l’ennui mortel de son personnage qui n’éprouve plus aucun intérêt pour la vie réelle. La confrontation avec les autres lui est plus  douloureuse qu’autre chose et il ne rêve que de s’échapper (ah le symbolisme de la dernière scène !).

« Charlie Bubbles » n’est pas exempt de défauts (Finney en fait peut être un peu trop dans l’apathie, le film a quelques longueurs) mais pour un premier film, où il joue également le rôle principal, Finney fait des miracles. II y a des scènes assez merveilleuses comme celles où Charlie et Smokey se battent à coup de nourriture ou celle où l’on suit une partie de l’action dans la maison de Charlie sur les écrans de contrôle.

« Charlie Bubbles » semble faire écho à la vie personnelle de Finney, alors acteur à succès propulsé star grâce à son Oscar dans « Tom Jones » (1963), père d’un fils de 8 ans qu’il ne voit jamais et qui pour le tournage du film retourne justement  tout comme Bubbles là où il a grandi, à Salford, dans la banlieue de Manchester. En fait, Bubbles pourrait être le Finney qui a franchi la porte ouverte par Hollywood. Mais il n’a jamais voulu être une star, sa rareté à l’écran en témoigne (il joue dans huit films durant les années 60 et cinq dans la décennie suivante !).

Le résultat n’est pas vraiment un feel good movie bien qu’il y ait des moments très drôles. Malheureusement le film ne connaitra pas de succès auprès du public, et Finney, s’il a toujours assuré ne pas regretter l’expérience, ne la renouvelleras pas pour autant.

Le scénario est signé par Shelagh Delaney, actrice et scénariste également originaire de Salford et qui avait signé en 1961 l’un des scénarios classiques de la nouvelle vague anglaise « A Taste of Honey » (1961) pour Tony Richardson.

Aux côtés de Finney, on retrouve Billie Whitelaw (Hell is a City, Payroll,…) et surtout une toute jeune Liza Minnelli qui obtenait ici son premier rôle important sur grand écran.

« Charlie Bubbles » est le premier film produit par Memorial Films, une société co-fondée par Finney avec un autre acteur Michael Medwin et qui, si elle ne produira qu’une poignée de films marquera l’histoire du cinéma en sortant « If » (1968) de Lindsay Anderson ou encore les premiers films de Mike Leigh (Bleak Moments, 1971) et de Stephen Frears (Gumshoe, 1971) – qui est d’ailleurs crédité comme « assistant personnel » de Finney dans « Charlie Bubbles »  !

On peut aujourd’hui encore (août 2019) trouver le film en blu-ray chez l’éditeur anglais Powehrouse-Indicator dans une jolie copie et avec de nombreux bonus (plus des sous-titres en anglais optionnels).

Blu-ray UK. Studio Powerhouse – Indicator (2018). Version limitée à 3000 exemplaires. Version originale sous-titrée en anglais. Nombreux bonus dont livret