(Sur la photographie de une vous retrouvez quelques spécialistes français du cinéma britannique : Hadrien Fontanaud, Francis Rousselet, moi (!), N.T. Binh et Jean-François Baillon)

 

Pour la onzième année consécutive, j’avais donc le plaisir d’être présent au cultissime festival Ecrans Britanniques à Nîmes.

Depuis cette édition il ne s’agit plus seulement de cinéma britannique mais également de cinéma irlandais. Ce n’est pas le premier festival du genre à s’ouvrir ainsi au cinéma irlandais. Ce n’est qu’à moitié surprenant car les deux cinémas ont toujours été assez proches. Entre 1990 et 2018, d’après l’analyste Stephen Follows, si 3% des productions britanniques sont des co-productions irlandaises (contre 16% avec les Etats Unis ou encore 8% avec la France), pas moins de 27% des films irlandais sont des co-productions avec la Grande Bretagne. Une dynamique qui ne semble pas avoir été ralentie par le Brexit.

Au menu de cette 27e édition il y avait plusieurs thématiques centrales : d’abord un hommage à l’écrivain et scénariste anglais Ian McEwan, qui était l’invité principal de cette édition. L’occasion donc de montrer plusieurs films scénarisés par Mc Ewan : certains connus (« Atonement / Reviens-moi » en 2007, The Children Act / My Lady » en 2017) mais aussi moins connus comme « The Ploughman’s Lunch » (1983) ou un peu oubliés comme « The Good Son / Le bon fils », un film d’horreur américain avec Macaulay Culkin !

Ian McEwan fait partie de ces invités qu’on peut qualifier de parfaits. A l’aise, accessible, heureux de pouvoir répondre aux questions des spectateurs pendant de longues séances de questions/réponses.

Autre thématique, côté patrimoine, cette fois-ci, une rétrospective David Lean centrée sur sa la période où « il devient un réalisateur de renommée mondiale, avec des films aux budgets énormes, et aux ambitions démesurées. L’occasion de revoir sur grand écran des classiques comme « Lawrence of Arabia » ou « The Bridge on the river Kwai » mais aussi l’un de ses films les moins aimés mais pourtant un chef d’oeuvre : « Ryan’s Daughter« . Les séances ont été présentées par Francis Rousselet, fondateur du festival, et Hadrien Fontanaud, auteur d’une thèse sur David Lean.

On le sait, le festival a toujours été fan du cinéma de Terence Davies, invité en 2009 et sur lequel Francis Rousselet a écrit un ouvrage « Terence Davies, cinéaste de l’intime » (éditions Aléas). Les spectateurs ont ainsi pu voir entre autres le dernier film de Davies, mort en octobre 2023, « Benediction » (2021) et un film difficilement trouvable à ce jour, « The Neon Bible » (1996) avec Gena Rowlands.

Autre hommage, Tom Wilkinson, auquel les Ecrans ont rendu hommage à travers deux films : « Dead in a Week » (2018) et bien sûr « The Full Monty » (1997).

Autres invités de marque du festival : Jean-François Baillon et N.T.Binh qui ont publié un « Dictionnaire du cinéma britannique » qui mérite toutes les éloges (éditions vendémiaire). Je vous en reparle très bientôt (il est plus que temps que j’écrive un petit papier sur cet ouvrage !).

Parmi les films de patrimoine diffusés, on retiendra notamment le chef d’oeuvre « Sleuth / Le limier » (1973) signé Joseph L. Mankiewicz avec deux géants du cinéma britannique : Laurence Olivier et Michael Caine, et aussi « The Appointment » (1981) de Lindsay C. Vickers, un drame horrifique récemment redécouvert et ressorti par le BFI (et qui a bénéficié d’une sortie dans les salles françaises et sur blu-ray grâce aux Films du Camélia).

Evidemment l’Irlande était bien représentée avec un ciné concert consacré à quatre muets irlandais, le documentaire « How to Tell a Secret », le drame en costumes féministe « Lies We Tell » (la scénariste Elisabeth Gooch avait fait le déplacement), le thriller « Barber » (en présence du réalisateur et de la productrice) ou le film de SF « Lola » (2002), co-production irando-britannique que j’ai eu le plaisir de sous-titrer et de présenter.

J’en ai profité pour présenter l’une des thématiques de la 28e édition du festival sur la représentation au cinéma de la minorité des ex-indes occidentales avec la diffusion du classique « Pressure » (1976) réalisé et co-scénarisé par Horace Ové, également décédé en 2023, et que j’avais sous-titré et que j’ai présenté pour l’occasion.

C’était un plaisir immense de revoir toute l’équipe des Ecrans Britanniques qui font un travail remarquable et bénévole depuis 27 ans !! N’hésitez pas à les soutenir en adhérant à l’association – ils ont besoin de votre soutien.