L’un des films de SF les plus marquants de toute l’histoire du cinéma, un véritable tour de force immersif
2001: A Space Odyssey (1968)
(2001, l’odyssée de l’espace)
Réalisé par Stanley Kubrick
Ecrit par Stanley Kubrick et Arthur C. Clarke
Avec Keir Dullea, Gary Lockwood, William Sylvester,Douglas Rain, Leonard Rossiter…
Direction de la photographie : Geoffrey Unsworth
Produit par Stanley Kubrick (Victor Lyndon, producteur associé) pour Stanley Kubrick Productions
Tourné aux Shepperton Studios et MGB British Studios
Science-fiction
149mn
UK / USA
Près de 50 ans après sa sortie, « 2001: A Space Odyssey » reste l’un des films de SF les plus marquants jamais tournés. Et contrairement à nombres de films de science-fiction de l’époque et des décennies suivantes, il n’a techniquement pas si mal vieilli. Avec son perfectionnisme maladif, Kubrick a réussi l’impensable : faire un film de SF quasiment indémodable.
Bon vous me direz, là où le film trahit son âge c’est dans le trip quasi hypnotique et psychédélique qu’il propose, que ce soit via son rythme très lent (il vaut mieux être de nature contemplative) ou sa fameuse fin. Ce qui amène à la question existentielle suivante : faut-il être sous l’effet de drogues exotiques pour pouvoir profiter pleinement de l’expérience 2001 ?
En tout cas, comme dans tout Kubrick qui se respecte, tout est calculé au millimètre près. Le film est divisé en quatre parties distinctes. 1) sur une terre préhistorique, des primates trouvent un monolithe. A son contact, leur comportement commence à changer 2) En 1999, un autre monolithe est découvert sur la lune par les Américains qui tentent de garder leur découverte secrète 3) En 2001, une mission part pour Jupiter mais l’ordinateur de bord, doté d’une intelligence artificielle, tente de prendre le pouvoir 4) La mission arrive à destination et l’astronaute survivant se fait absorber par un monolithe qui tourne autour de Jupiter.
La première partie est logiquement sans dialogue, la deuxième suit un docteur qui se rend sur la lune pour analyser le fameux monolithe, le troisième est un thriller où deux cosmonautes luttent pour leur survie face à un ordinateur meurtrier et enfin la dernière partie offre un trip psychédélique également sans dialogue.
Les quatre parties du film offrent une expérience très différente au spectateur, ce qui participe à sa déstabilisation. La première partie est une sorte de prélude qui permet d’introduire le véritable sujet du film : l’évolution. Alors que la deuxième partie est probablement la plus banale (une sorte de voyage d’affaires aux confins de la galaxie). La troisième partie est indiscutablement la plus classique en termes de cinéma, reprenant les codes du thriller et pouvant se suffire à elle-même. Enfin, le film se conclut sur une expérience visuelle et sonore qui est censée nous introduire à la prochaine étape de l’évolution humaine.
En tant qu’oeuvre de cinéma « 2001: A Space Odyssey », est-il une franche réussite ? Ça peut se discuter. La construction du film est artificielle et les quatre parties ne s’imbriquent pas très bien ensemble (que ce soit au niveau du ton et du rythme), les longueurs sont bien réelles,… Pour autant, le film de Kubrick atteint des sommets de mise en scène avec ses ballets spatiaux (qui peut entendre aujourd’hui « Le beau Danube bleu » sans penser à l’espace ?) et sa troisième partie (celle avec Hal 9000) reste l’un des combats cinématographiques les plus marquants entre l’homme et la machine. Enfin, jamais avant et jamais depuis, l’espace n’a été aussi bien filmé !
Même si l’on n’accroche pas au message alambiqué et ésotérique du film (le scénario est basé sur une nouvelle de l’écrivain britannique de SF Arthur C. Clarke et co-écrit par ce dernier), « 2001: A Space Odyssey » reste une expérience incroyable, qui en fait encore aujourd’hui l’un des sommets du cinéma en termes d’immersion.
De façon surprenante si on prend en compte que c’est loin d’être le film le plus accessible de Kubrick, « 2001: A Space Odyssey » fut aussi un grand succès public : 56 millions de dollars de recettes rien qu’aux USA pour un budget de 12 millions de dollars.
Encore une fois, aux côtés de Kubrick, il faut souligner le travail de ces grands artistes du cinéma britannique : le directeur de la photographie Geoffrey Unsworth, le directeur artistique John Hoesli ou encore le superviseur des effets visuels Tom Howard. La marque d’un génie est aussi de savoir bien s’entourer !
DVD et blu-ray Warner Bros. Version française et version originale sous-titrée