Quand le réalisateur de « Chantons sous la pluie » rencontre des petits génies du mouvement satirique britannique des années 60, cela donne « Bedazzled ».

Bedazzled (1967)

Bedazzled (1967)

(Fantasmes)

Réalisé par Stanley Donen

Ecrit par Peter Cook et Dudley Moore

Avec Peter Cook, Dudley Moore, Eleanor Bron, Raquel Welch

Directeur de la photographie : Austin Dempster

Produit pr Stanley Donen

Comédie

103 mn

UK

Stanley Moon (Dudley Moore) est cuisinier dans un fast food, fauché, sans petite amie, ni famille. Son amour pour Margaret (Eleanor Bron) la serveuse du bouge où il travaille n’est malheureusement pas réciproque. Malgré ses prières, Dieu ne vient pas à son aide et il décide d’en finir avec la vie. Mais le diable (Peter Cook) décide de s’occuper de son cas, et lui offre 7 voeux en échange de son âme. Le problème c’est que chacun de ses voeux tourne mal… Avec l’aide du diable qui s’occupe de fiche en l’air ses voeux quand il n’est pas occupé à jouer des sales tours à des innocents ou à se plaindre de son sort.

Quand le réalisateur des classiques américains « Chantons sous la pluie »  (1952) et « Charade » (1963) rencontre des petits génies du mouvement satirique britannique des années 60, cela donne « Bedazzled ».

Peter Cook et Dudley Moore sont deux des comiques anglais les plus doués des années 60. Leur duo a fait un triomphe sur scène et à la télévision. Et ils ont inspiré toute une génération de comiques, à commencer par les Monty Python.

Au cinéma, on retrouvera le duo dans quelques ovnis comme « The Bed Sitting Room » (1969) une comédie surréaliste de Richard Lester ou encore  « The Hound of the Baskervilles » (1978) une parodie de Sherlock Holmes signée Paul Morrissey (le cinéaste ami de Warhol).

« Bedazzled » est sûrement la meilleure apparition du duo au cinéma. Sans être un chef d’oeuvre absolu (il lui manque juste un petit degré de folie et d’audace – et un rythme mieux maîtrisé), voici une grande comédie intelligente où les deux acteurs excellent, Dudely Moore dans son personnage d’idiot malchanceux et Peter Cook dans son rôle de manipulateur démoniaque (mais en quête d’amour). A noter qu’ils sont accompagnés ici par Eleanor Bron, également une actrice importante du mouvement satirique.

On pourra reprocher au film d’être trop bavard, mais les dialogues sont aux petits oignons… avec souvent une délicieuse absurdité.

« Bonjour madame. Je suis le génie de la lampe. Auriez vous par hasard dix flacons de Perlimpinpin ?

– Non malheureusement.

– Dommage j’avais une question facile qui vous aurait valu une très belle soirée avec Alfred Hitchcock.

– Quel dommage ! »

Le film regorge de scènes et de dialogues cultes. Personnellement, j’ai un petit faible pour la scène dans la morgue où le détective essaie de draguer Margaret avec des arguments implacables (« votre bouche doit fasciner les obsédés sexuels ») tandis que Stanley et le diable surveillent les événements, transformés en mouche.

Le rapport entre Stanley et le diable est pour le moins décalé. Pas de réflexion sur le bien et le mal. En fait, « Bedazzled » est le portrait de deux losers, un humain et une créature surnaturelle qui voudraient être aimés, l’un par une serveuse, l’autre par Dieu. Finalement ce n’est qu’une question d’échelle. Et on finit par avoir autant pitié de Stanley que de Satan.

« Je voulais être lui et que les anges m’adorent. Ils n’a pas voulu. Il m’a traité d’orgueilleux. Il s’est mis en colère, m’a chassé et m’a donné ce misérable job. Tout ça parce que je voulais être aimé ».

L’occasion de revoir ensemble ces deux merveilleux acteurs n’a pas de prix. Et le film, à l’image de « Two for the Road » (Voyages à deux, 1967), autre comédie anglaise de Stanley Donen, a une classe et un charme fous.

Pour finir de vous convaincre, notons qu’on a droit à une apparition en sous vêtements de Raquel Welch (oui j’ai gardé le meilleur argument pour la fin).

DVD Carlotta. Version française et version originale sous titrée. Bande-annonce, documentaire « Pet n’Dud » (5 mn) et « Fantasmagories » (21 mn).