Un merveilleux mélodrame réaliste qui annonce les films sociaux des années 60
Woman in a dressing gown (1957)
Réalisé par J. Lee Thompson
Ecrit par Ted Willis
Avec Yvonne Mitchell, Anthony Quayle, Sylvia Syms, Andrew Ray,…
Directeur de la photographie : Gilbert Taylor
Produit par J. Lee Thompson et Frank Godwin
Romance / Drame / social
93 mn
UK
Amy et Jim sont mariés depuis 20 ans et vivent modestement dans un petit trois appartement avec leur grand fils Brian. Amy est loin d’être une fée du ménage, mais garde toujours le sourire. Toujours amoureuse de son homme dont elle essaie de prendre soin le mieux possible, elle ne peut croire Jim quand il lui annonce qu’il veut divorcer pour aller rejoindre la jeune et belle secrétaire Georgie. Dans un élan de désespoir elle va essayer de sauver son couple, mais se plante misérablement.
Adapté d’un single play (court téléfilm de 60 mn) diffusé en 1957 sur la toute jeune chaine privée ITV dans le cadre de l’anthologie ITV Television Playhouse, « Woman in a dressing gown » est un drame brillant.
Sur une intrigue toute simple, les acteurs, le scénariste et le réalisateur tissent un drame humain sur des « gens honnêtes et modestes pris dans de tout petits drames » (« good honest fumbling people caught up in tiny tragedies ») pour reprendre les mots du scénariste Ted Willis.
Film modeste par son sujet (la rupture d’un couple de la couche populaire) et réaliste par son traitement (l’appartement où se passe les 3/4 de l’action est étriqué et limite salubre), « Woman in a Dessing Gown » ouvre la voie au kitchen sink drama qui va bientôt venir bousculer le cinéma anglais.
J. Lee Thompson, futur réalisateur de « Cape Fear » et « The Guns of Navaronne », signe ici son seul film social. Il s’y montre très à l’aise avec une réalisation qui n’enfonce pas de portes ouvertes, et qui donne libre champ aux acteurs merveilleux.
Yvonne Mitchell est notamment époustouflante dans le rôle d’Amy, mère au foyer à côté de la plaque mais très attachante, et qui tente de sauver son couple. Le film ne tombe pas dans la facilité de condamner qui que ce soit. Il ne juge pas. Et c’est sa grande force ! Aussi bien Jim qu’Amy ou encore Georgie sont des personnages imparfaits, pleins de faiblesses et de défauts, mais très sympathiques… jusqu’au bout. Comme le dit lui-même si bien Jim à propos d’Amy à qui il n’arrive pas à annoncer son intention de la quitter : « Ca aurait été tellement plus simple si elle s’était comportée en salope ».
« Woman in a dressing gown » est un beau film sur un drame humain à la fois si minuscule et si terrible (l’amour et le temps qui passe) et qui bizarrement, vu son sujet (la rupture), vous redonne confiance dans le genre humain.
Finalement nos « anti héros » en sont presque trop sympathiques, et ça vient in fine contredire l’ambition de réalisme pour les plus cyniques d’entre nous. En tout cas « Woman in a dressing gown » nous permet de nous reposer une question pas si vaine : Qu’est-ce l’amour ? Et ce d’une façon bien plus efficace que d’autres films plus ouvertement ambitieux.
(A noter que, fait rare pour cet éditeur paresseux, le DVD édité par Optimum/Studio Canal vaut vraiment le coup et propose des sous titres anglais et de nombreux bonus).
DVD UK. Studio Canal (2012). Version originale avec sous titres anglais. Bonus : interviews, commentaires audio