Selon ses concepteurs, il s’agit du premier film d’animation conçu avec l’aide de l’intelligence artificielle. Un sacré coup marketing et un exploit technique, sûr, mais que vaut-il vraiment ?
Where The Robots Grow (2024)
Ecrit et réalisé par Tom Patton
Avec Nicole Bartlett, Taylor Clarke-Hill, Lee Preston,…
Direction de la photographie : Olga Walus / Design : Jamie Bakewell, Luke Stretton, Joshua Davies / Montage : Fred Fournier / Son et musique : Max Sweiry
Produit par Nicole Bartlett, Charley McDougall, Jamie McLeod-Ross et Max Sweiry
Animation / Famille / SF
87mn
UK
Un petit robot, qui répond au doux nom de Numéro 5 (et qui se rebaptisera lui-même CRU) est envoyé sur une terre inhabitée afin de planter des végétaux dans l’espoir de la rendre habitable pour l’homme. Il est aidé par une IA baptisée POP qui lui explique ce qu’il doit faire et tente de le garder motivé. Mais CRU s’ennuie rapidement et se demande s’il n’y a pas d’autres choses plus intéressantes à faire que d’être fermier. Un soir, il tombe sur l’un des quatre robots envoyés sur la planète avant lui. Malgré l’interdiction de s’en approcher, la curiosité est plus forte et CRU fait la connaissance de Numéro 4. Celui-ci lui l’encourage à réclamer sa liberté et à se débarrasser du joug des humains. Mais ses intentions ne sont pas si bonnes qu’il y parait.
Alors que j’écrivais mon article sur l’Intelligence Artificielle, un tout nouveau studio britannique AiMation faisait son apparition en postant sur YouTube son premier long métrage, un film d’animation de 87mn baptisé « Where The Robots Grow » qui serait selon ses concepteurs le premier film conçu avec des outils d’IA (il semblerait que ce mérite appartienne plutôt à « DreadClub: Vampire’s Verdict » disponible depuis juillet 2024 sur Amazon Prime).
D’après le studio, neuf personnes ont travaillé pendant quatre mois pour concevoir « Where The Robots Grow ». Le tout pour un coût de 8000$ la minute et donc un coût total de moins de 700.000 dollars . On est très, très loin du coût habituel pour un film d’animation destiné au cinéma. Mais est-ce vraiment comparable ?
Selon le studio, l’IA reste un co-pilote. Le film a été écrit et réalisé par le cinéaste indépendant Tom Patton qui a sorti neuf films entre 2016 et 2023 dont le film d’horreur « Redwood » (2017). Ce sont de vrais acteurs qui prêtent leurs voix aux personnages (même si leurs voix sont modifiées afin qu’ils puissent chacun tenir plusieurs rôles). Il y a un directeur de la photographie et un monteur. L’IA ne peut pas encore faire tout par elle-même.
Mais au fait, quel est l’objectif du studio, que veut-il prouver ? Selon ce dernier, l’IA n’aurait pas pour object baisser les coups de production mais de permettre aux créatifs de concevoir des projets ambitieux qui auparavant n’aurait pas été possible sans l’appui d’un grand studio. Pour autant, AiMation justifie de mettre le film à disposition de tous sur YouTube par sa volonté de créer le buzz et… d’attirer l’attention des gros studios. Comme quoi…
Au-delà donc de l’aspect marketing et business, que vaut ce long métrage d’animation à petit budget ? Bien, il s’en tire pas trop mal. L’histoire est très basique mais la personnalité des quelques personnages de robot sont assez travaillés pour donner du sens et de l’intérêt au film. Les images sont belles, mais peu variées. Le design des robots n’est pas original pour un sous et l’animation des robots reste rudimentaire. Les sentiments des personnages sont véhiculés par la voix bien plus que par l’animation. Et « Where the Robots Grow » s’appuie énormément sur la musique pour influer du rythme (à tel point que ça devient rapidement assez insupportable).
Le scénario a de toute évidence été développé en gardant à l’esprit qu’il fallait réduire au strict minimum la présence d’êtres humains à l’écran. Les deux courtes apparitions frappent d’ailleurs par leur manque d’expression. De même, la scène de combat final entre Cru et Number 4 est très minimaliste. Pour l’action, on repassera ! Mais le moyen qu’utilise CRU pour mettre fin au combat a le mérite d’être amusante !
Pour une première et vu le budget « Where the Robots Grow » reste tout à fait regardable. Dans les interviews, Tom Patton aime comparer son long métrage de « Toy Story » (1995), premier film d’animation digitale, Mais la comparaison tombe à plat. Le premier « Toy Story » proposait une histoire riche et originale, avec de nombreux personnages très travaillés et des décors variés. Le budget n’était bien entendu pas le même et il a fallu bien plus que quelques mois pour le concevoir. « Where the Robots Grow » reste un exploit du fait de ses conditions de fabrication. Mais au-delà ?