Une satire de la haute société britannique et de la fascination des britanniques pour les mariages aristocratiques, finement réalisée par Alexander Korda

Maryrose et Rosemary (1932) d'Alexander Korda

Wedding Rehearsal (1932)

(Maryrose et Rosemary)

Réalisé par Alexander Korda

Ecrit par Helen Gardom sur une histoire de Lajos Biró et George Grossmith avec des dialogues d’Arthur Wimperis

Avec Roland Young, Joan Gardner, Wendy Barrie, Merle Oberon, John Loder, Maurice Evans,…

Directeur de la photographie : Leslie Rowson / Direction artistique : Vincent Korda et Oscar Friedrich Werndorff / Montage : Harold Young / Musique : Kurt Schröder

Produit par Alexander Korda pour London Film Productions

Comédie romantique

75mn

UK

Reggie (Roland Young), marquis de Buckminster, est un célibataire endurci qui vit encore à 35 ans aux crochets de sa grand-mère. Mais celle-ci est bien décidée à le marier. Elle dresse pour lui une liste de jeunes femmes mariables et menace de couper sa rente s’il ne trouve pas rapidement une jeune femme à épouser. Reggie s’empresse alors de trouver un mari pour chacune !

A Londres, un attroupement se réuni devant l’entrée de la cathédrale Saint Paul. Tandis que la police tente de maintenir l’ordre, des femmes parlent entre elles :

– Où est passée Mlle Perkins ?

– A la cérémonie de baptême, à Saint Martin

– Très bien.

– Plus qu’une heure d’attente, Nellie.

– J’espère qu’il fera aussi beau le jour du mariage ! »

A présent, on nous montre des rotatives qui tournent dans le quartier de la presse, Fleet Street. Des voix masculines accompagnent sur un rythme marital le mouvement effréné des rotatives :

« 20.000 morts ! 30.000 morts ! 50.000 morts ! Du danger toujours plus de danger !… »

La une titre sur une éruption du Vésuve et sur une guerre !

Un homme, habillé en chapeau haut de forme, arrive à la rédaction. Il a un scoop, il faut arrêter les rotatives. Le rédacteur en chef refuse : « On imprime ! ».

Mais l’homme au chapeau haut de forme insiste :  » Il s’agit du mariage Binley-Forster ! ». Aussitôt le rédacteur en chef décroche son téléphone : « Stoppez les presses ! Libérez moi deux colonnes à la Une. »

Cette fois-ci la chanson qui accompagne le mouvement des rotatives est bien plus guilleret et chanté par des voix féminines : « Le mariage de Binley-Forster ! ».

Changement de décor. On arrive dans la cuisine-salon d’un petit appartement aux murs décrépis. Une jeune femme lit la une dans le fauteuil pendant que son père qui revient du travail rage en apprenant que sa femme est allée assister au mariage : « L’aristocratie fait étalage de sa fortune gagnée à nos dépens… Le jour où la liberté éclatera au grand jour, les mariages de la haute se transformeront en bains de sang ! ».

Sous des aires de comédie romantique, « Wedding Rehearsal » est une satire des problèmes existentiels de l’aristocratie britannique (il faut faire un mariage convenable – c’est à dire sans son rang) et de la passion des Anglais, même des classes populaires, envers la vie des plus riches. Le personnage de Reggie, vieux garçon célibataire, rentier, et qui fait tout pour éviter d’avoir à se marier malgré l’instance de sa grand-mère fait bien entendu penser au personnage du grand benêt Bertie, martyrisé par sa tante, créé en 1915 par l’écrivain PG Wodehouse. Mais contrairement à Bertie, Reggie n’a pas de domestique (comme le fameux Jeeves) pour lui sauver la mise. Ceci dit Reggie n’est pas non plus aussi idiot que Bertie et sait se tirer des griffes de sa grand mère en mariant toutes ses prétendantes avec d’autres que lui !

Il s’agit du premier film réalisé par Alexander Korda pour sa toute jeune société London Films et son deuxième film anglais après « Service for Ladies » (1932) pour la Paramount. Immigré hongrois, qui est passé par l’Allemagne, les Etats-Unis et la France, Korda n’y va pas de main morte avec sa nouvelle patrie d’adoption. Il se rattrapera si on peut dire avec « The Private Life of Henry VIII » (1933) qui sera le premier grand triomphe international du cinéma britannique.

Niveau casting, on retrouve dans le rôle principal l’acteur anglais Roland Young qui s’est installé à Hollywood dès 1918. Il s’y fera un petit nom avec les comédies loufoques (screwball comédies) des années 30. Korda, déjà convaincu que ses films anglais doivent conquérir le marché américain, le fait revenir en Angleterre et l’emploiera à nouveau dans la comédie fantastique ambitieuse signée HG Wells « The Man Who Could Work Miracles » (1936). A ses côtés, on retrouve Merle Oberon, la future Madame Alexander Korda, à qui ce dernier avait donné son premier rôle d’importance l’année précédente dans la production London Films « Men of Tomorrow » (1932).

« Wedding Rehearsal » est une comédie forcément datée, mais bien rythmée et très agréable à voir. Le film est aujourd’hui disponible en DVD dans une qualité très correcte vu son âge grâce aux éditions Elephant Films.

DVD zone 2 FR. Studio Elephant Films (2013). Version originale sous-titrée en français. Bonus : présentation du film par Jean-Pierre Dionnet (15 mn).