Un thriller qui lorgne vers « Psychose » et « Le Voyeur » et réussit à mettre le spectateur mal à l’aise grâce à un Hywel Bennett parfait dans le rôle d’un jeune homme à double personnalité.

Twisted Nerve de Roy Boulting

Twisted Nerve (1968)

Réalisé par Roy Boulting

Ecrit par Leo Marks et Roy Boulting d’après l’histoire de Roger Marshall

Avec Hayley Mills, Hywel Bennett, Billie Whitelaw, Barry Foster,…

Directeur de la photographie : Harry Waxman / Musique : Bernard Herrmann

Produit par George G. George, Frank Ganat et John Boulting pour Charter Film Productions

Tourné aux studios Shepperton

Thriller

118 mn

UK

Martin (Hywel Bennett) est un jeune homme dérangé. Avec une mère qui tient absolument à continuer à le traiter comme un enfant, un beau-père qui ne le supporte pas, et un frère trisomique placé dans une institution, rien d’étonnant à ce que Martin ait trouvé refuge dans une double personnalité… celle du petit Georgie. Alors qu’il vole un jouet dans un magasin, la jeune Susan Harper (Hayley Mills) prend sa défense quand elle s’aperçoit que celui-ci est légèrement retardé. Martin développe rapidement une obsession pour la jeune fille, et réussit à s’installer chez elle.

Affiche Twister NerveLe film commence par une annonce des producteurs « Mesdames et messieurs, du fait de la controverse déjà engendrée, les producteurs du film veulent ré-affirmer qu’il n’y a aucun lien scientifique établi entre la trisomie et le comportement criminel ».

La controverse a été grande à l’époque de la sortie du film. Devient-on ou nait-on criminel ? Le film ne répond pas vraiment et maintient une ambiguïté constante. Le frère de Martin est trisomique, mais Martin a une apparence physique normale. Est-il d’ailleurs lui-même trisomique ? Les médecins qui continuent de guetter chacun de ses gestes en quête de signe de dégénérescence, sa mère obsessive qui le sur-protège et son beau père qui le rejette, semblent au moins aussi responsable de son état qu’un éventuel problème génétique. D’ailleurs jusqu’à la fin où la folie semble avoir pris le dessus, on se demande à quel point ses changements de personnalité ne sont pas volontaires et ne servent pas à cacher ses obsessions sexuelles et son amour/dégoût vis à vis de son propre corps.

Aujourd’hui on se rappelle surtout de « Twisted nerve » pour la musique de Bernard Hermann, sifflotée par Martin, et citée dans « Kill Bill » de Tarantino. Mais j’avoue m’être intéressé à ce film d’abord parce qu’il est signé Roy Boulting (qui avec son frère John a signé nombre de chefs d’oeuvre dans les années 50) et que le film réunissait à nouveau le couple Bennet/Milles déjà excellent dans « The Family Way » (1966) signé…. Roy Boulting.

Pourtant ici le ton est très différent à celui de ‘The family way », film social sur les difficultés d’un jeune couple à être indépendant et l’impuissance masculine. Non on se trouve ici dans un thriller sexuel qui met mal à l’aise. On pense notamment au « Psycho » (1960) d’Alfred Hitchcock et au « Peeping Tom » (1960) de Michael Powell. Et pour cause. Outre le personnage central légèrement déglingué, on retrouve quelques éléments communs au générique. Comme dans « Le voyeur », le scénario est signé Leo Marks. Et la musique très efficace est donc signée Bernard Herrmann (le compositeur de Psychose et de bon nombre d’autres films de Hitchcock). Bon calmons nous, « Twisted nerve » n’a pas la trempe des films des deux grands maîtres mais il demeure très intéressant.

Le thriller n’est pas des plus haletants, il prend son temps (trop diront certains). Mais le personnage de Martin (très bien interprété par Hywel Bennett) est convaincant, et bien mis en relief face à des personnages secondaires frappant de banalité (dont d’ailleurs celui de petite blonde bien élevée jouée par Hayley Mills) et surtout de médiocrité (les parents de Martin, le vieux beau macho et raciste, la mère frustrée et nymphomane).

Ironiquement, le seul personnage à briller un peu dans cet océan de médiocrité humaine très anglaise est Shashie Kadir, jeune étudiant en médecine asiatique (interprété par Salmaan Peerzada). Ce soupçon de satire sociale, genre dans lequel les frères Boulting sont passés maîtres, enrichit le film mais en trouble encore plus le « message ».

On n’est pas loin de l’ofni (objet filmique non identifié). Mais l’élégance de la mise en scène, la qualité des interprètes, ainsi que la musique entêtante, réussissent à créer leur effet. Le film laisse néanmoins comme un goût d’inachevé, il manque clairement quelque chose pour en faire une oeuvre définitive.

DVD Optimum. Zone 2 UK. Sans aucun sous-titre, ni supplément.