Avant-dernier film des studios Hammer, un film grotesque mais non sans charme grâce à un casting en or
To the Devil a Daughter (1976)
(Une fille pour le diable)
Réalisé par Peter Sykes
Ecrit par Christopher Wicking et John Peacock d’après le roman de Dennis Wheatley
Avec Richard Widmark, Christopher Lee, Nastassja Kinski, Honor Blackman, Denholm Elliott, Michael Goodliffe,…
Directeur de la photo : David Watkin
Produit par Roy Skeggs pou Hammer Film Productions et Terra-Filmkunst
Horreur
95 mn
UK / RFA
John Verney (Richard Widmark) est un spécialiste des sciences occultes dont le dernier ouvrage vient de sortir dans les librairies. Lors de la soirée de lancement, il abordé par Henry Beddows (Denholm Elliott). Sa fille Catherine (Nastassja Kinski) a été élevée dans une secte sataniste dirigée par le père Michael Rayner (Christopher Lee). La mission de Verney ? Sauver Catherine des griffes du père Rayner.
« To The Devil a Daughter » est l’avant-dernier film sorti par les studios Hammer avant une longue éclipse entrecoupée de quelques rares apparitions télé (deux anthologies dans les années 80 et un documentaire dans les années 90) et d’une timide renaissance au cinéma ces derniers temps, notamment avec le mauvais « The woman in black » (2011).
Sur le papier, « To the Devil… » a tout pour plaire. La star maison Christopher Lee est présente. La guest star américaine est de bonne facture (Richard Widmark). Et il s’agit du premier vrai rôle de Natassja Kinski, alors âgée de 14 ans. Rajoutez Denholm Elliott et Honor Blackman, et vous aurez un casting fort séduisant.
Le scénario est lui basé sur un livre de Dennis Wheatley, prolifique écrivain anglais de fantastique et d’occulte, dont Hammer avait déjà utilisé avec succès l’un des romans dans « The Devil Rides out » (1968) quelques années plus tôt.
Quant au réalisateur Peter Sykes, un australien formé à la BBC, il s’était déjà illustré dans plusieurs films d’horreur compétents, notamment « Demons of the Mind » (1972) pour la Hammer.
Alors pourquoi « To The Devil a daughter » laisse un goût amer ? La faute à un script qui tient pas la route et est sans surprise aucune (jusqu’à la scène finale d’une banalité sans nom). Le film aimerait probablement bien lorgner du côté de « The Exorcist » (1973) mais est juste vieillot et grotesque (les scènes de possession, d’accouchement ainsi que les apparitions de l’enfant se veulent assez osées mais sont ridicules). Quelques scènes sont même techniquement complètement ratées et n’auraient pas dû sortir de la salle de montage (la scène où l’un des personnages prend feu dans une église est peut-être la plus belle vue que vous pourrez avoir d’une combinaison ignifugée de toute l’histoire du cinéma).
Natassja Kinksi qui était très jeune à l’époque (14 ans) n’avait visiblement pas encore appris à jouer. Pour autant, elle reste assez réaliste dans la peau d’une jeune femme de 18 ans, ce qui est déjà un miracle en soit ! Sa présence reste un atout pour le film car sa beauté et fragilité sont émouvantes, et permettent de s’intéresser au sort de Catherine (un exploit). A noter que le film avait créé la polémique car elle apparait nue dans le film (et que même si le personnage avait 18 ans, l’actrice elle était bien plus jeune). De même, Christopher Lee apparait brièvement nu (mais lui aurait été doublé !).
Bref, il vaut mieux regarder « To the Devil a daughter » au 20e degré et avoir un goût prononcé pour la série Z. Ça ne suffit pas pour en faire un bon film, mais du moins ça peut vous permettre de passer un bon moment de divertissement avec des acteurs formidables même s’ils sont utilisés à mauvais escient. Malgré tous ces évidents défauts, « To the Devil a daugther » pourra alors se revêtir d’une certaine aura.
Peter Sykes lui entrera en pénitence et réalisera fort logiquement 3 ans plus tard son dernier film, une biographie du christ intitulée « Jesus » (1979) aux USA. Que ne faut-il pas faire pour se faire pardonner ?
DVD StudioCanal zone 2 FR. Version originale sous-titrée en français.