L’un des téléfilms les plus terrifiants de l’histoire de la télévision, « Threads » est un docudrama puissant et sans concession sur l’apocalypse nucléaire

Threads (1984)

Ecrit par Barry Hines

Réalisé par Mick Jackson

Avec Karen Meagher, Reece Dinsdale, David Brierly, Jane Hazlegrove,…

Direction de la photographie : Andrew Dunn et Paul Morris / Montage : Donna Bickerstaff et Jim Latham / Production design : Christopher Robilliard

Produit par Mick Jackson pour BBC, Nine Network Australia, Western-World Television Inc.

1e diffusion : le 23 septembre 1984 sur BBC One

Science-fiction / drame

112mn

UK/Australie/USA

Threads (1984)Mai 1984 à Sheffield dans le Nord de l’Angleterre. Karen (Ruth Beckett) et Jimmy (Reece Dinsdale) sont un jeune couple, tous deux issus de la classe moyenne. Quand Karen tombe enceinte, ils décident de garder l’enfant et de se marier. Avec l’aide de leurs parents ils s’achètent un petit appartement… Mais pendant que Karen et Russel préparent leur futur, les actualités font état de la tension grandissante entre la Russie et les Etats-Unis suite à des incidents sur le territoire iranien… A Sheffield, les officiels se préparent aux mesures d’urgence et des manifestations pour la paix défilent dans les rues… Jusqu’à ce que l’indicible se produise.

« Threads » (1984) est un pur produit de son temps. Dans les années 80, les tensions entre les USA et les Soviétiques sont à leur comble. Le risque d’apocalypse nucléaire en cas de conflit est dans tous les esprits. En 1985, dans « Russians », Sting chantera « J’espère que les Russes aiment aussi leurs enfants ».

Non que le danger nucléaire soit nouveau, ni même sa représentation à l’écran. Dès 1965, Peter Watkins avait réalisé le docudrama « The War Game » qui étudiait quasi cliniquement les conséquences d’une guerre nucléaire sur la population britannique. Il sera interdit d’antenne !

Mais au début des années 80, l’ancien acteur de western et farouche anti-communiste Reagan est au pouvoir aux USA, tandis que les vieillards décrépis se succèdent du côté russe. Surfant sur les peurs de l’époque, deux téléfilms sur l’Armageddon vont alors marquer les esprits et terrifier les foyers : le mélo américain « The Day After » (1983) et donc « Threads » (1984).

« Threads » mélange les techniques documentaires et une narration classique, marquée par le réalisme social. On suit ainsi un couple des classes moyennes de Sheffield, une ville industrielle frappée de plein fouet par la crise engendrée par la politique Thatchérienne. Il faut dire que le scénario est signé par Barry Hines, alors scénariste pour Ken Loach. Ils ont travaillé ensemble sur « Kes » (1969), « The Gamekeeper » (1980) et « Looks and Smiles » (1981).

Pas d’effets mélodramatiques (il n’y a d’ailleurs pas de musique), la caméra est souvent tenue à la main. Des informations supplémentaires nous sont parfois fournies via un narrateur (qui égrène les horreurs avec un ton neutre) ou des inscriptions à l’écran qui marquent aussi le temps qui passe.

Alors que les jours s’écoulent, la tension est de plus en plus palpable, les messages officiels de plus en plus alarmants. Le résultat vous glace le sang. On n’est pas encore à la moitié du téléfilm quand la bombe explose et que le chaos commence.

« Threads » ne nous épargne rien. Le feu qui consume les débris et les cadavres. Des survivants qui agonisent, deviennent fous… Ce qui reste des autorités tentent de contrôler l’accès à la nourriture, gazent et tirent sur la foule en panique – durant tout le téléfilm l’accent est largement mis sur l’incapacité des autorités à protéger la population et l’absurdité des mesures de protection. Un discours qui rappelle également celui dans le film d’animation « When The Wind Blows » (1986).

« Threads » est un véritable film d’horreur qui nous raconte l’anéantissement de la civilisation jusqu’à un retour aux âges sombres, et ce en l’espace de seulement quelques semaines. Il faut avoir le cœur  et les tripes sacrément accrochés encore aujourd’hui pour regarder « Threads », même si (à tord ou à raison) le danger nucléaire nous semble moins prégnant.

Le réalisateur Mick Jackson avait débuté à la BBC au début des années 70 en signant des documentaires. Marqué par « The War Game » de Watkins, il avait déjà abordé la question nucléaire pour l’émission scientifique de la BBC « QED » dans un épisode intitulé « A Guide to Armageddon » (1982). « Threads » sera filmé début 1984 en 17 jours pour un budget de 250.000 livres.

Jackson partira aux USA à la toute fin des années 80 où il réalisera notamment « The Bodyguard » (1992) avec Kevin Costner et Whitney Houston ou encore le film catastrophe « Volcano » (1997) avec Tommy Lee Jones et dernièrement « Temple Grandin » (2010).

DVD/blu-ray UK. Studio Simply Media (2018). Version originale avec des sous-titres optionnels en anglais. Bonus : commentaires audios et documentaires (non sous-titrés)