Drame social magistral et poignant signé Lindsay Anderson avec un Richard Harris fabuleux en géant arrogant.
This Sporting Life (1963)
(Le prix d’un homme)
Réalisé par Lindsay Anderson
Ecrit par David Storey d’après son roman
Avec Richard Harris, Rachel Roberts, Colin Blakely, Vanda Godsell, William Hartnell,…
Directeur de la photographie : Denys N. Coop
Produit par Karel Reisz pour Independent Artists
Drame social
134 mn
UK
Arrivé depuis quelques mois dans la grande ville, et logé chez une jeune veuve, Margaret (Rachel Roberts) dont il tombe amoureux, Frank Machin (Richard Harris) veut percer dans le rugby pour sortir de sa vie misérable. Il veut également prouver à Margaret, qui le regarde de haut, qu’il n’est pas un bon à rien. Grâce à l’appui de Johnson (William Hartnell), il peut faire un test sur le terrain. Le club ne tarde pas à le signer contre une jolie somme. Mais l’argent ne lui apporte pas l’amour de Margaret, et Frank ne sait plus que faire.
« This Sporting Life » est le premier long de Lindsay Anderson. Pour autant il n’en était pas à ses premiers pas en matière de réalisation. Il avait déjà réalisé une dizaine de courts (documentaires et fictions) depuis 1948, et également réalisé des épisodes de la série « Robin Hood ». Et il a bien sûr co-fondé en 1956 le mouvement free cinema avec Karel Reisz, Tony Richardson et Lorenza Mazzetti.
Parmi les fondateurs du free cinema, si on excepte Mazzetti qui n’a pas persévéré dans le cinéma, il fut le dernier à passer au long métrage. Tony Richardson avait sorti « Look Back in Anger » en 1959 et enchainait depuis les tournages. Karel Reisz avait pour sa part tourné « Saturday Night and Sunday Morning » en 1960.
Comme les deux films de Reitz et de Richardson cités plus haut, « This Sporting Life » est un film en noir et blanc qui essaie de capter la vie contemporaine des classes populaires de façon réaliste.
Le personnage de Frank Machin est plus grand que nature. Si grâce au rugby, il s’élève de sa classe ouvrière pour accéder à la gloire et à la richesse matérielle, il reste aux yeux de tous « un grand singe sur un terrain de sport ». Du coup, même aisé et célèbre, Frank est un un homme toujours en colère, les poings serrés. La seule personne à qui il essaie de montrer (maladroitement) de la tendresse est Margaret, la logeuse chez qui il habite, qui s’est retrouvée veuve avec deux enfants en bas âge suite au suicide de son mari.
Mais Margaret, en dépit de la pauvreté matérielle à laquelle elle est réduite, fait déjà partie de la classe moyenne. La rudesse, l’arrogance et l’incompréhension des codes sociaux affichées par Frank ne peuvent que la blesser. C’est un couple impossible. Et toute l’obstination de Frank n’y changera rien.
Richard Harris est impressionnant dans le rôle de Frank Machin. C’est d’ailleurs le rôle qui l’a définitivement lancé et lui a décroché une nomination aux Oscars. Lui-même ancien rugbyman, venant d’une famille de fermiers irlandais, il a su transcrire parfaitement à l’écran la rudesse mais aussi l’humanité du personnage.
La réalisation d’Anderson est sans faille aussi bien sur le terrain que dans les face à face et les moments d’introspection des personnages. Lindsay Anderson mettra cinq ans à sortir un nouveau long, bien différent, le fameux « If… » (1968) qui lui vaudra une palme d’or, et ouvrira une trilogie au ton satirique quasi surréaliste (O Lucky Man, Britannia Hospital).
DVD zone 2 FR, Doriane Films. Version anglaise sous-titrée en franaçais. Bonus : « O’Dreamland » (1953) de Lindsay Anderson, court métrage du Free Cinéma