Une série B intéressante sur la frustration de la jeunesse d’après guerre, la violence qui en découle et qui se retourne contre les minorités raciales

TheWindOfChange

The Wind of Change (1961)

Réalisé par Vernon Sewell

Ecrit par Alexander Doré et John McLaren

Avec Donald Pleasence, Johnny Briggs, Ann Lynn, David Hemmings, Hilda Fenemore, Ken McGregor,…

Directeur de la photographie : Basil Emmott

Musique : Norman Percival

Produit par John Dark

Filmé à Twickenham Film Studios et Portobello Road Market (Notting Hill)

Drame / social

64mn

UK

Frank Marley (Johnny Briggs) est un jeune homme qui vit encore chez ses parents, dans le quartier populaire de Notting Hill. Sans travail, il voit avec beaucoup de mépris les « nègres » qui s’installent dans le voisinage. Avec ses trois amis, il décide de faire un exemple.

TheWindOfChange1961« The Wind of Change », sorti en 1961, fait partie de cette poignée de films réalisée dans la foulée des émeutes raciales de Notting Hill qui ont eu lieu trois ans plus tôt. Des jeunes blancs s’en sont alors pris aux immigrés issus des Caraïbes de plus en plus nombreux à s’installer à Londres, et notamment dans le quartier populaire de Notting Hill, depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

On suit un groupe de jeunes mené par Frank Marley (Johnny Briggs). Celui-ci vit chez encore chez ses parents et est bloqué dans une situation de refus (les filles comme les boulots ne sont jamais assez biens pour lui). Au grand dam de son père (Donald Pleasence). Quant à sa mère (Ann Lynn), elle le prend toujours pour un enfant.

Frank éprouve une véritable haine contre les « nègres » et quand l’un d’entre eux ose venir prendre un verre dans leur bar et s’amuser avec la serveuse, il provoque une bagarre. Il faudra l’arrivée inopportune d’une jeune femme pour que celui-ci ne finisse pas lynché. Ils remettent alors leur « ratonnade » au lendemain soir. Mais le moment venu, au moment de l’attaque, dans l’obscurité, il ne voit pas que la jeune femme qui accompagne le « nègre » est en fait sa soeur.

Le drame familial est posé. Car il s’agit avant tout d’un drame centré sur la famille Marley, déchirée face à le violence du fils de la maison. Une petite frappe, raciste, violente, frustrée et égocentrée. Le film laisse supposer que c’est essentiellement de la faute des parents au comportement radicalement opposé, entre un père absent et jamais satisfait de son fils et une mère poule. Dans le couple parental, le père est néanmoins celui qui a l’esprit le plus ouvert, n’hésitant pas à s’opposer à son film, notamment sur son racisme. « Wind of Change » montre aussi le conflit de radical entre la génération qui a vécu la guerre et ses enfants sur fonds de revendication sociale et existentielle. Ce mal être des jeunes est l’objet de nombreux films de l’époque, à commencer par ceux de la nouvelle vague anglaise.

Etrangement vu le sujet du film, on ne voit pas beaucoup de noirs dans « The Wind of Change ». Le film est vu intégralement à travers les yeux des blancs.

La position des femmes est également intéressante. Les mères au foyer s’opposent aux jeunes femmes plus libérées mais finalement traitées comme de la viande par de jeunes machos agressifs.

La culpabilité morale du gang de jeunes blancs n’est jamais excusée et leur vision des noirs, fantasmée, est d’un ridicule achevé mais malheureusement intemporelle  : « les nègres » ne travaillent pas mais conduisent de grosses voitures et volent leurs boulots et leurs femmes. Pour autant, on aurait bien voulu qu’on nous présente cette communauté jamaïcaine mais ce n’est pas le propos de ce court film de 64 minutes.

Les dialogues ne sont pas toujours très subtils, loin s’en faut. C’est dommage d’autant que le film est bavard. Mais rien de honteux, non plus. Et si on passe un peu trop de temps entre les quatre murs de la modeste maison familiale, on a droit quand même à quelques images de Portobello Road Market et de courtes séquences de nuit très bien filmées par Basil Emmott, directeur de la photographie prolifique qui a travaillé sur près de 200 films entre 1920 et 1965, essentiellement des séries B.

« The Wind of Change » est une très honnête série B menée par l’un des spécialistes du genre, Vernon Sewell. Le casting s’en tire bien (Donald Pleasance et Johnny Brings en tête) et on notera même dans le gang un tout jeune David Hemmings.

DVD Zone 2 UK. Studio Screenbound. Version originale sans sous-titres. Film bonus : « The traitor » (1962). Livret quatre pages rédigé par Steve Chibnall