Un divertissement au casting en or, parfois déroutant, mais qui fut l’un des premiers films à traiter sans fard de l’apartheid et de ses horreurs

The Wilby Conspiracy (1975)

(Le vent de la violence)

Réalisé par Ralph Nelson

Ecrit par Rod Amateau et Harold Nebenzal d’après le roman de Peter Driscoll

Avec Sidney Poitier, Michael Caine, Prunella Gee, Nicol Williamson, Rutger Hauer,…

Direction de la photographie : John Coquillon / Production design : Harry Pottle / Direction artistique : John Hoesli / Musique : Stanley Myers

Produit par Martin Baum et Paul M. Heller

Tourné au Kenya et aux studios de Pinewood

Thriller / Aventures / Politique

105mn

UK

Shack Twala (Sidney Poitier) est un prisonnier noir sud africain emprisonné depuis dix ans pour son action politique. Son avocate Rina Van Niekirk (Prunella Gee) réussit à le faire de sortir de prison. Mais alors qu’ils vont célébrer sa libération avec le petit ami de Rina, l’Anglais Jim keogh (Michael Caine), ils se font arrêter par des policiers lors d’un contrôle de routine. La situation dégénère, Jim et Shack doivent alors prendre la fuite ensemble dans l’espoir d’atteindre la frontière avec le Botswana. Mais les services du ministère de l’intérieur sud africaine menés par le major Horn (Nicol Williamson) les suit à distance, mais de prêt. Que mijotent-ils ?

Tourné au Kenya, « The Wilby Conspiracy » vire entre thriller, film d’aventures et comédie avec un arrière plan politique très prononcé. L’apartheid est au coeur de l’intrigue et de chaque instant du film, dénoncé ici dans toute son horreur (racisme quotidien bien sûr mais aussi tortures, assassinats,…). Pour autant et malgré ce fond très dur, le film garde un ton léger, avec des pointes d’humour et une relation typique de celle du « buddy movie » entre les personnages incarnés par Sidney Poitier et Michael Caine. C’est assez étonnant et parfois déconcertant.

Tiré d’un roman de l’auteur à succès de thrillers politiques durant les années 70 et 80, Peter Driscoll, « The Wilby Conspiracy » est l’un des rares films à traiter alors le sujet de l’apartheid de front, avant que d’autres films, plus politiques, ne s’emparent du sujet à la fin des années 80 (« Cry Freedom » en 1987 et « A World Apart » en 1988). Avant cela, le film le plus marquant sur l’apartheid restait « Cry, the Beloved Country » (1951) de Zoltán Korda, qui avait déjà à son générique un certain Sidney Poitier dans l’un de ses premiers rôles.

Si l’action se déroule quasiment intégralement en Afrique du Sud, le tournage a lui eu lieu au Kenya. La réalisation est assurée par le new yorkais Ralph Nelson, formé à la télévision américaine qui avait déjà travaillé avec Sidney Poitier sur « Lilies of the Field » (1963) et « Duel at Diablo » (1966) et dont le film le plus célèbre reste sûrement le western pro-indien et hyper violent « Soldier Blue » (1970).

Le casting est bien entendu excellent. Michael Caine sortait de deux thrillers très corrects bien qu’un peu malaimés (« The Marseille Contract » et « The Black Windmill« ), et Sidney Poitier de trois films dont il avait assuré la réalisation et le rôle principal (un western « Buck and the Preacher », une romance « A Warm December  » et une comédie criminelle « Uptown Saturday Night »). A leurs côtés, dans le rôle du méchant, l’excellent Nicol Williamson (vu notamment dans « Hamlet » et « The Reckoning« ). La sexy Prunella Gee faisait ici ses débuts sur grand écran (ça restera l’une de ses rares apparition au cinéma) et l’acteur néerlandais Rutger Hauer, qu’on a découvert grâce à Paul Verhoeven (« Turks fruit » en 1973), faisait ici ses débuts dans un film en langue anglaise.

« The Wilby Conspiracy » a bénéficié d’une sorti en DVD zone 2 en 2005 chez MGM Entertainment (avec des sous titres français) mais il est difficilement trouvable aujourd’hui (mars 2020).