Un mélodrame débordant d’humour noir avec un sacré duo : Margaret Lockwood et James Mason.

Le Masque aux yeux verts (1945)

The Wicked Lady  (1945)

(Le masque aux yeux verts)

Réalisé par Leslie Arliss

Ecrit par Leslie Arliss d’après le roman de Magdalen King-Hall

Avec Margaret Lockwood, Patricia Roc, James Mason,…

Directeur de la photographie : Jack E. Cox

Produit par R.J. Minney pour Gainsborough Pictures

Romance

104 mn

UK

Dans la campagne anglaise du 17e, Caroline (Patricia Roc) est sur le point de se marier avec Sir Ralph Skelton (Griffith Jones), son protecteur qui l’a recueilli après la mort de ses parents. Mais Sir Skelton ne semble pas si amoureux que Caroline, et quand il rencontre la meilleure amie de celle-ci Barbara (Margaret Lockwood), il a le coup de foudre. Caroline alors s’incline et laisse la voie libre à Barbara. Mais celle-ci est une aventurière.

TheWickedLady-poster« The Wicked Lady » est avant tout le portrait d’un être amoral, pour qui la fin justifie les moyens (quels qu’ils soient). Barbara ne recule devant rien pour obtenir ce qu’elle veut : mensonges, trahisons, vols et meurtres. Barbara est un femme d’une rare noirceur, et l’un des plaisirs du film est d’essayer de voir jusqu’où elle va bien pouvoir aller. Il y a une bonne dose d’humour noir dans ce comportement extrême et pas réaliste pour un sou.

Après avoir volé le fiancé de sa meilleure amie, manqué de tromper son mari le jour même de son mariage, la châtelaine ira jusqu’à jouer aux bandits de grand chemin pour calmer sa soif d’aventure, et à prendre pour amant le plus célèbre d’entre eux le capitaine Jerry Jackson (James Mason). Elle réussira à pervertir le fameux capitaine, qui en perdra son propre code moral.

Bref c’est grotesque à souhait et on ne s’ennuie pas. D’autant que Margaret Lockwood interprète avec beaucoup de conviction cette ignoble créature. Et elle forme avec Jackson (James Mason) un couple mémorable. Morale oblige, ça finira mal pour les méchants et bien pour les gentils. Pourtant ces derniers sont si palots qu’il n’est pas sûr qu’ils l’aient mérité.

On pourrait être surpris de savoir que le film a connu un grand succès public. Pourquoi un tel succès pour une romance si noire, sortie quelques mois après la fin de la guerre ? On pourrait voir dans « The Wicked Lady » un exutoire pour un public féminin qui, pendant la seconde guerre mondiale, a pu s’émanciper des hommes (beaucoup ont travaillé dans des usines  pour remplacer les hommes partis au front) et qui doit faire face avec appréhension à un probable retour au statu quo à la fin de la guerre. Car après tout, les excès du personnage de Barbara sont motivés par l’ennui. A quelle vie, Barbara, qui ne se voit pas femme au foyer, peut-elle prétendre dans une société dominée par les hommes et la dictature des convenances ?

Le scénariste et réalisateur du film, Leslie Arliss, avait commencé sa carrière au début des années 30 en tant que scénariste. Il est passé à la réalisation dix ans plus tard et a signé ses meilleurs oeuvres pour Gainsborough : « The Man in Grey »et « The Wicked Lady », tous deux avec Margaret Lockwood et James Mason. Il passa ensuite à la télévision au milieu des années 50.

Pour la petite histoire, le film a été monté par Terence Fisher, futur réalisateur star de la Hammer, et qui passera à la réalisation trois ans plus tard avec le mélodrame « A song for tomorrow ».

« The Wicked Lady » a été l’objet en 1983 d’un remake, de triste réputation mais pourtant loin d’être si raté, signé Michael Winner avec Faye Dunaway dans le rôle de Barbara.

Coffret DVD Criterion Collection « Eclipse 36: Three Wicked Melodramas from Gainsborough Pictures ». Version originale avec sous titres anglais.

DVD UK. Version originale avec sous titres anglais.