Une course jazzy dans le Soho des années 60. Entre film sentimental, comédie noire et polar. Une perle à redécouvrir.
The Small World of Sammy Lee (1963)
Réalisé et écrit par Ken Hugues d’après son téléfilm Sammy (1958)
Avec Anthony Newley, Robert Stephens, Wilfrid Brambell, Miriam Karlin,…
Directeur de la photographie : Wolfgang Suschitzky / Direction artistique : Seamus Flannery / Montage : Henry Richardson / Musique : Kenny Graham
Produit par Frank Godwin pour Seven Arts, British Lion, Bryanston films
Comédie dramatique / thriller
104 mn
Tourné à Soho et aux Studios de Shepperton
UK
Sammy Lee a un numéro de comique dans un club de Strip Tease de Soho. Joueur, il perd beaucoup d’argent aux cartes et aux courses. Mais ce qui devait arriver finit par arriver. Son bookie exige qu’il lui rende les 300 livres qu’il lui doit avant la fin de la journée. Commence alors pour Sammy une véritable course poursuite dans Soho afin de pouvoir récolter la somme due.
Voici un petit film qui s’appuie sur la vague des nudies qui a déferlé sur l’Angleterre puritaine de la fin des années 50, et mettant en scène le quartier chaud de Soho, qui hébergeait alors nombre de clubs de strip tease. Cette filiation, le film ne la renie pas, se piquant d’un clin d’oeil par le biais d’une affiche sur un cinéma vantant la projection de « Naked as nature intended », film phare de ce mouvement cinématographique (si on peut l’appeler comme ça).
Pourtant « The Small World of Sammy Lee » est loin d’être un film purement opportuniste, même si on y trouve son lot de jeunes femmes dénudées.
Le film est construit autout de la personnalité de Sammy, grande gueule, menteur et joueur, mais dont l’hyper sensibilité lui attire les sympathies féminines. Excellement incarné par Anthony Newley, un acteur anglais attachant à l’humour écorché et surréaliste (qui explosa dans la superbe série « The Strange World of Gurney Slade » en 1960).
Le film passe de comédie au drame en glissant par l’érotisme bon marché et une ambiance glauque digne d’un bon vieux film noir. Ça va un peu dans tous les sens, mais c’est ce qui finalement de mon point de vue donne sa personnalité au film.
On suit le pauvre Sammy qui court dans Londres, sur un rythme jazzy, à la recherche de son argent, cumulant les petites combines, échouant à se faire aider par son frère, et refusant l’aide des femmes qui l’entourent.
Sammy culpabilise de son mode de vie et de son métier d’animateur dans un club de striptease où des hommes patibulaires viennent se rincer l’oeil à moindre coût. Sentiment de culpabilité qu’il finit par jeter à la face de son public dans une dernière tirade au goût acide.
Ceci dit, ce n’est peut-être pas à ce moment précis que le film est le plus honnête. En effet, dans ces nudies, le ton moralisateur était souvent employé pour passer les fourches de la censure. On vous montre des choses dégoûtantes, mais c’est pour mieux les dénoncer !
Néanmoins le film ne se complait pas dans la facilité notamment grâce à un final à l’ironie glaciale digne d’un film noir de la grande époque.
« The Small World of Sammy Lee » fait mouche grâce à ses acteurs, sa jolie petite histoire d’amour un peu trop vite survolée mais touchante, son ironie et sa ballade réaliste dans le Soho des années 60. Une petite perle noire à redécouvrir.
A noter que le réalisateur et scénariste du film Ken Hugues est surtout connu pour la comédie musicale et familiale « Chitty Chitty Bang Bang » (1968), mais il est également l’auteur de plusieurs films noirs de bonne réputation dans les années 50 : « Confession » (1955), « Wicked as they come » (1956), « The long haul » (1957).
A ma connaissance le film est aujourd’hui seulement disponible en coffret dans « The London Collection » (Optimum Classic). Sans sous titres.