Une romcom satirique et ingénieuse entre fantasme hollywoodien et réalité britannique. Une belle réussite signée Muriel Box et co-scénarisée par son mari Sydney
The Passionate Stranger (1957)
(L’étranger amoureux)
Réalisé par Muriel Box
Ecrit par Muriel Box et Sydney Box
Avec Margaret Leighton, Ralph Richardson, Patricia Dainton, Carlo Giustini, Marjorie Rhodes,…
Direction de la photographie : Otto Heller / Direction artistique : George Provis / Montage : Jean Barker / Musique : Humphrey Searle
Produit par Peter Rogers
Comédie dramatique / Romance
97mn
UK
Judith Wynter (Margaret Leighton) vit dans une grande maison à la campagne avec son mari Roger (Ralph Richardson), en fauteuil roulant. Un jour, un immigré italien Carlo (Carlo Giustinià) débarque pour un poste de chauffeur. Il est pris, s’attire les bonnes graces de la bonne romantique et naïve, mais il devient, à sa , une source d’inspiration pour Judith en quête d’un nouveau sujet de roman. Alors que le roman est finit et que Judith s’apprête à le donner à son éditeur, Carlo, qui attend dans la voiture, le récupère sur la banquette arrière et décide de le lire.
Le film qui était alors en noir et blanc passe en glorieux technicolor. On revoit l’arrivée de Carlo, mais désormais baptisé Mario, toujours embauché pour un poste de chauffeur. Judith, devenue Lady (avec la garde robe qui va avec) et beauté fatale, est une pianiste reconnue mais qui ne s’est pas produite depuis des années. Elle est le souffre douleur de son mari, Sir Clement, un homme à la mise impeccable, mais en fauteuil roulant, qui est arrogant, possessif, jaloux et contrôle sa vie. Alors que l’agent de Lady Clement l’appelle pour une série de concerts exceptionnels, Sir Clement s’y oppose. Par un concours de circonstance (une sortie de route), Mario et Judith débutent une relation amoureuse.
Le passage du noir et blanc au technicolor et aux déferlement de violons est une jolie façon de nous raconter une histoire fantasmée, s’inspirant de la réalité en la recouvrant de tous les clichés de la romance impossible mais si excitante entre une lady et son chauffeur ! Une romance à l’eau de rose aux accents de glamour hollywoodiens plutôt que britanniques où le pauvre Mario, qui a désormais un sang bouillant, doit en plus résister à la bonne devenue nymphomane grâce au technicolor.
Le retour dans le dernier quart du film à la réalité et au noir et blanc permettra de confronter fantasme (hollywoodien) et réalité (britannique) !
Les scénaristes Muriel et Sydney Box, époux dans la vie et qui ont eu un fort impact sur le cinéma britannique (on leur doit notamment les romances cruelles de la Gainsborough), avaient déjà été oscarisés en tant que scénaristes pour « The Seventh Veil » en 1947. Ils livrent une romcom (comédie romantique) à la cruauté ici très second degré et délicieuse par ses poncifs détournés.
La réalisation de Muriel Box met parfaitement en images ce décalage entre réalité et fantasme. Une excellente comédie à ne pas manquer ! Les acteurs sont excellents (Margaret Leighton et Ralph Richardson en tête). A noter que l’acteur italien Carlo Giustini dans le rôle de Carlo/Mario, a dû être doublé non parce qu’il ne savait pas parler anglais (il avait débuté sur les écrans anglais dans la comédie « The Baby and the Battleship » l’année précédente) mais parce qu’il ne maitrisait pas les exigences de la synchronisation labiale en studio !
Comme les deux autres films de Muriel Box, également excellents « The Truth About Women » (1957) et « Rattle of a Simple Man » (1964), « The Passionate Stranger » est actuellement disponible sur Filmo (en octobre 2024) et est sorti en blu-ray chez StudioCanal Classics outre-manche (avec des sous-titres anglais).
Blu-ray et DVD UK. StudioCanal collection Vintage Classics (2023). Version originale avec des sous-titres optionnels en anglais. Bonus ; « An Out and Out Feminist: Muriel Box and The Passionate Stranger », « The Woman Behind the Picture: Archive interview with Muriel Box Part 1 »