Une tentative maladroite de rebondir sur le succès de « Psycho » avec un thriller Hitchcockien malheureusement raté
The Naked Edge (1961)
(La lame nue)
Réalisé par Michael Anderson
Ecrit par Joseph Stefano d’après le roman de Max Ehrlich
Avec Gary Cooper, Deborah Kerr, Eric Portman,…
Directeur de la photo Erwin Hillier
Produit par Georges Glass et Walter Seltzer pour Pennebaker-Baroda Productions
Thriller
UK / USA
George Radcliffe (Gary Cooper) est employé d’une firme américaine à Londres et a été témoin d’un vol suivi d’un meurtre dans les locaux de la société. Au procès il témoigne contre Donald Heath, un collègue alcoolique qui est condamné. Mais sa femme Martha (Deborah Kerr) remarque sa nervosité et reste rongée par le doute. 5 ans plus tard, alors qu’ils ont fait fortune, elle ouvre un courrier envoyée par un maitre chanteur qui accuse Radcliffe d’être le meurtrier. Leur richesse serait-elle due à un crime ?
Produit par la société de production de Marlon Brando Jr et Sr, « The Naked Edge » annonce sur son poster que « Personne ne sera admis dans la salle pendant les quinze dernières minutes du film ». Ça vous rappelle quelque chose ? Oui la tagline d’un certain « Psycho », sorti un an avant. Et pour bien enfoncer le clou on vous annonce également que « seul l’homme qui a écrit Psycho peut vous secouer de la sorte » !
C’est en effet Joseph Stefano qui a écrit le scénario des deux films. Mais comme pour « Psycho », il ne s’agit que d’une adaptation. Et si par leurs choix, Stefano et Hitchcock avaient clairement créé une oeuvre cinématographique à part entière distincte du roman de base signé Robert Bloch, ici ce n’est pas le cas. Je n’ai pas lu le roman de Max Ehrlich sur lequel est basé le film, mais l’intrigue n’est pas du tout convaincante et baigne dans le déjà vu… et c’est bien le coeur du problème.
Dans « The Naked Edge », les scènes sont artificielles jusqu’au ridicule (la scène sur le bord de la falaise en est le parfait exemple). On veut tellement nous démontrer la culpabilité de George Radcliffe qu’on ne doute guère de son innocence – il me semble qu’Hitchcock dans le genre avait fait justement bien mieux avec « Suspicion » (1941). Les fameuses quinze dernières minutes n’apportent aucune révélation incroyable contrairement à la promesse clamée haut et fort sur l’affiche.
Les producteurs se sont clairement tirés une balle dans le pied en voulant comparer « The Naked Edge » avec « Psycho ». La réalisation tout à fait convenable de Michael Anderson (qui essaie de faire du Hitchcock) et la superbe photographie d’Erwin Hillier ne peuvent sauver le film parti sur une mauvaises base.
Echec public et critique prévisible, « The Naked Edge » resterait un thriller agréable justement si l’on pouvait occulter toute référence à Hitchcock (mais ce n’est guère possible !).
A noter qu’il s’agit du seul film de Gary Cooper tourné en Angleterre (où il avait fait ses études) et de son dernier film (il est mort un mois avant sa sortie). A l’époque du tournage, il était déjà dans les dernières phases de son cancer (et son état de santé transparait à l ‘écran).
A noter pour conclure que Gary Cooper forme un beau couple avec Deborah Kerr mais là aussi c’est une maigre compensation et il est difficile de ne pas penser à d’autres célèbres couples hitchcockiens (encore une fois !).
DVD Palladium en zone 2 UK. Version originale sans sous-titres.
Critique sévère.
Partir de l’argument publicitaire pour la promotion du film est-il un bon angle?
Bonjour, non pas forcément. Mais je crois pas que le rapprochement marketing entre les deux films ne joue pas en faveur de « The Naked Edge ». Après, même si peut-être c’est effectivement mal introduit dans la critique, j’essaie quand même de juger le film en fonction de ce qu’il est et non seulement en comparaison avec un autre film (ici Psycho donc) même si je fais le rapprochement car c’est le même scénariste, qu’il s’agit également d’un thriller et que le rapprochement avec Psycho a été utilisé pour promouvoir le film.
Si j’ai l’occasion de revoir le film, je n’hésiterai pas à mettre à jour ma critique, surtout si elle est injustement dure. c’est possible, je ne suis pas infaillible et il m’arrive de changer d’avis.