Les Etats-Unis ont perdu la guerre nucléaire face au duché du Grand Fenwick ! Une comédie sur la bombe atomique avec Peter Sellers cinq ans avant un certain « Dr Strangelove ». Une histoire acadabrantesque qui devrait vous faire passer un bon moment

The Mouse That Roared (1959)

(La souris qui rugissait)

Réalisé par Jack Arnold

Ecrit parRoger MacDougall et Stanley Mann d’après le roman de Leonard Wibberley

Avec Peter Sellers, Jean Seberg, William Hartnell, David Kossoff, Leo McKern,…

Direction de la photographie : John Wilcox / Direction artistique : Geoffrey Drake / Montage : Raymond Poulton / Musique : Edwin Astley

Produit par Walter Shenson

Comédie

UK

Le duché du Grand Fenwick est un micro état situé quelque part dans les Alpes françaises. Sa seule source de revenu provient d’un vin local qui se vend exclusivement aux Etats-Unis. Aussi quand les Américains commencent à produire une copie à bas prix, le duché se retrouve dans une impasse. L’unique marché de leur unique production s’est effondré ! Que faire ? Le premier ministre (Peter Sellers) a une idée de génie : déclarer la guerre aux Etats-Unis ! Evidemment le duché n’a aucune chance de gagner et ne le souhaite pas ! Non, ils veulent perdre et bénéficier de la légendaire générosité des Américains pour les pays qu’elle a vaincu !

Quelques jours plus tard, le chef de l’armée, Tully (Peter Sellers), pas dégourdi pour un sou mais brave garçon, rejoint Marseille avec 20 hommes en côte de mailles et embarque direction New York ! Profitant d’une simulation de guerre nucléaire, et alors que tout le monde est réfugié dans les abris, notre armée arrive à débarquer et au lieu de se rendre comme prévu, subtilise la bombe Q (une nouvelle bombe mille fois plus puissante que la bombe H)  et enlève son inventeur (David Kossoff) ainsi que sa fille (Jean Seberg) !

Quand notre armée rentre chez eux après avoir gagné leur guerre contre les Etats-Unis, ils ne sont pas vraiment accueillis en héros !

Quelle histoire ! Le scénario est tiré d’un livre de l’écrivain irlandais Leonard Wibberley (il signera cinq aventures avec nos Fenwickois entre 1955 et 1981). L’adaptation est signée conjointement par l’écossais Roger MacDougall (à qui l’on doit notamment l’une des plus fameuses comédies Ealing « The Man in the White Suit ») et le canadien Stanley Mann (dont la production très éclectique va de la comédie « A Buttler’s Night off » en 1951 à… « Conan The Destroyer » en 1984 !).

Peter Sellers est ici présent dans pas moins que trois rôles, une bonne métaphore de la boulimie qui s’empare de lui à partir de la seconde moitié des années 50. Exploit qu’il répétera donc cinq ans plus tard dans une autre farce à base de bombe nucléaire, « Dr Strangelove » pour Kubrick.

On retrouve, avec surprise, Jean Seberg, qu’on n’aura pas beaucoup vu dans le registre de la comédie. Elle avait commencé triomphalement sa carrière avec Otto Preminger deux ans auparavant en incarnant Jeanne d’Arc dans « Saint Joan ». Après « The Mouse… » elle enchaînera avec un certain « A bout de souffle » pour Godard. Elle est ici pleine de fraîcheur et un parfait enjeu romantique pour le héros. Son rôle ne lui permet toutefois pas d’aller beaucoup plus loin.

Il faut noter aussi au générique, la présence de William Hartnel, fabuleux second rôle et qui endossera la première incarnation de « Doctor Who », l’éternel héros de la BBC, à partir de 1963, ou encore celle du même acabit de l’australien Leo McKern.

Dans l’entretien bonus présent sur le DVD édité par WildSide dans la collection « Les Introuvables – L’âge d’or du cinéma américain » (sic), Jean-Baptiste Thoret passe une bonne partie du temps à résumer le film puis à commenter la carrière du réalisateur américain Jack Arnold. Il est vrai qu’il est assez surprenant de retrouver ici ce cinéaste de série B célèbre pour ses productions fantastiques, horreur et SF (dont « The Incredible Shrinking Man » en 1957,…). Par contre Thoret prétend qu’il aurait passé la seconde partie de sa carrière (bien moins intéressante) à réaliser des comédies pour les Anglais. Je l’invite respectueusement à se rendre sur le site d’IMDB, pourtant bien connu de tous, pour vérifier par lui-même qu’à part « The Mouse That Roared », Arnold rentrera sagement travaillé aux USA, où il se consacrera surtout à la télévision (il y signera deux ans plus tard un remake américain de « The Mouse… » avec Sid Caesar !) et à présent plus rarement pour le cinéma (il réalisera plusieurs comédies mais pas seulement). Il ne reviendra qu’une fois travailler au Royaume-Uni pour… une sex comedy,  « Sex Play » en 1974 ! Il terminera enfin sa carrière dans les années 80 en réalisant des épisodes de « The Love Boat » (La croisière s’amuse).

Même si la vision auteuriste de Thoret est assez agaçante (je ne pense pas que Jack Arnold soit intervenu sur le scénario, et ça ressemble plutôt un travail de commande), Thoret a raison de noter avec amusement, mais sans trop creuser, les similitudes avec la farce apocalyptique de Kubrick « Dr Strangelove… ». Mais par rapport à la folie de ce dernier, « The Mouse That Roared » parait aujourd’hui bien sage et un peu vieillot. La souris a les dents émoussées mais le concept même de cette histoire improbable a largement quoi faire sourire encore aujourd’hui. Et le film pose de fait une excellente question : pourquoi ne pas confier l’arme atomique aux petites nations neutres ? On y risquerait sûrement moins notre peau, non ? Bon, ok, ça se discute !

Le film va rencontrer un très gros succès en salles et engendrer une suite « The Mouse on the Moon » (1963) réalisée par Richard Lester (« The Knack…« , « Help« ,…) mais sans Peter Sellers, où cette fois-ci nos Fenwickois vont se lancer dans la course à l’atterrissage sur la lune (en fait ils voulaient juste trouver les finances pour rénover leur plomberie) !

DVD zone 2 FR. Studio WildSide. Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : entretien avec Jean-Baptiste Thoret (16 mn)

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