Un homme « naît » à l’âge de 30 ans grâce à une opération chirurgicale. Une idée intrigante mais inaboutie. Très belle prestation de Terence Stamp dans le rôle du nouveau né trentenaire !
The Mind of Mr. Soames (1970)
Réalisé par Alan Cooke
Ecrit par John Hale et Edward Simpson d’après le roman de Charles Eric Maine
Avec Terence Stamp, Robert Vaughn, Nigel Davenport, Christian Roberts,…
Direction de la photographie : Billy Williams / Direction artistique : Don Mingaye / Montage : Bill Blunden / Musique : Michael Dress
Produit par Max Rosenberg et Milton Subotsky pour Columbia Pictures Corporation et Amicus Productions
Drame / SF
98mn
UK/USA
John Soames (Terence Stamp) est dans le coma depuis sa naissance. A l’âge de 30 ans, il est sur le point de « naître » grâce à une intervention chirurgicale révolutionnaire menée par le neurochirurgien Dr. Bergen (Robert Vaughn) à la demande du directeur d’un institut de neurochirurgie, le Dr. Maitland (Nigel Davenport).
L’opération est un succès et bientôt Soames reçoit une éducation accélérée sous les regards des caméras (une équipe de télévision le suit depuis l’opération en vue de sortir une série documentaire). Le Dr Bergen est dubitatif face aux méthodes strictes d’apprentissage de Maitland, et les deux hommes rentrent en conflit. Mais que va devenir Soames, va-t-il pouvoir devenir un homme normal, ou est-il condamné à être une bête de foire ?
Amicus s’était largement positionnée depuis le milieu de la décennie en concurrent de la Hammer sur le créneau de l’horreur et de la SF. A la fin des années 60, elle tente la diversification avec « A touch of Love » (1969) et « The Mind of Mr Soames » (1970).
« The Mind of Mr Soames » a un thème finalement assez proche de « Frankenstein » même si ici on a nullement affaire à un film d’horreur. Il est intéressant de noter que Milton Subotsky, le co-fondateur d’Amicus, avait écrit en 1955 un scénario de Frankestein pour la Hammer et que celui-ci avait été refusé, la Hammer préférant la version de Jimmy Sangster qui sortira en 1957 et marquera le début de la mode de l’horreur gothique à la sauce anglaise. Preuve que le thème de la « créature » ne le quittait pas, Subotsky avait déjà tenté d’acheter les droits d’un livre de Daniel Keyes sur un jeune homme retardé qui suite à une opération devient un génie. Le film se fera du côté américain en 1968 (« Charly », réalisé par Ralph Nelson).
« The Mind of Mr Soames » est basé sur un roman, publié en 1961, de l’écrivain anglais Charles Eric Maine (dont le premier roman « Spaceways » a été adapté à l’écran par la Hammer en 1953). Le film se démarque du roman sur des points importants et perd beaucoup de son mordant au passage (notamment après la fuite de Soames). Subotsky avouera par la suite que malgré tous leurs efforts, ils n’avaient pas trouvé de fin qui leur convenait. Du coup, le film ne prend jamais son envol, il patine une fois que Soames s’échappe de l’institut.
C’est dommage car « The Mind of Mr Soames » est un film intéressant sur la « fabrication » d’un être humain et sur le besoin de liberté. De plus, Terence Stamp, qui avait un début de carrière sur les chapeaux de roues depuis son premier film « Billy Budd » (1962) pour Peter Ustinov, est ici en pleine forme. Il vient notamment de tourner « Teorema » pour Pasolini. Le rôle de Soames est très casse-gueule, mais Stamp l’interprète avec assurance et sobriété. Dans le rôle des deux docteurs, aux méthodes d’éducation diamétralement opposées, on retrouve l’Américain Robert Vaughn qui depuis la fin de la série « The Man from U.N.C.L.E. » (1964-68) se consacrait au cinéma (« Bullit », « Julius Caesar »,…) et Nigel Davenport qu’on retrouve la même année au générique d’un film de SF apocalyptique « No Blade of Grass« .
A la réalisation, on découvre Alan Cooke. Il a commencé sa carrière de réalisateur en même temps que John Schleisinger avec qui il a co-écrit et co-réalisé le moyen métrage « The Starfish » en 1950. Par la suite, alors que Schleisinger connaît la carrière que l’on sait sur grand écran, Cooke lui se consacre à la télévision où il inaugue une carrière très riche dès la fin des années 50. Au cinéma, on le retrouve juste en 1962 aux commandes d’une énième adaptation d’un roman d’Edgar Wallace « Flat Two » puis, après l’expérience de « The Mind of Mr. Soames », il se consacre définitivement à la télévision, des deux côtés de l’atlantique.
Il faut dire que l’aventure n’aura pas été forcément heureuse pour Cooke. « The Mind of Mr Soames » souffrira au montage (20 minutes seront supprimées) et sans surprise, vu un script maladroit, « The Mind of Mr Soames » ne sera pas un succès public même s’il a été plutôt bien accueilli par la presse. Amicus retournera vite en terrain plus connu avec l’anthologie horrifique « The House that Dripped Blood » (1970).
Blu-ray UK. Studio Powerhouse FIlms (2018). Edition limitée à 3000 exemplaires. Version originale avec des sous-titres optionnels. Bonus : commentaire audio, interview de Terence Stamp (19mn), interviews de membres de l’équipe du film (5 mn), livret de 36 pages comprenant un essai de Laura Mayne