Un film énigmatique et manipulateur aussi beau qu’incompréhensible

The Magus

The Magus (1968)

(Jeux pervers)

Réalisé par Guy Green

Adapté par John Fowles de son roman

Avec Anthony Quinn, Michael Caine, Candice Bergen, Anna Karina,…

Directeur de la photo : Billy Williams

Musique : John Dankworth

Produit par Jud Kinberg et John Kohn pour Blazer Films

Drame / Fantastique

117 mn

UK

Nicholas Urfe (Michael Caine) est un professeur d’anglais qui accepte un poste sur les îles grecques pour remplacer un professeur qui s’est suicidé. Là il fait la rencontre d’un veille homme (Anthonny Quinn) qui serait mort depuis des années.

TheMagus - JeuxPervers« The Magus » n’a pas vraiment bonne réputation. Est-il si mauvais que le laisse entendre dire Woody Allen qui aurait déclaré que s’il devait refaire sa vie, il ferait exactement la même chose, mais ne regarderait pas « The Magus » ?

Au bout d’une demi heure assez lente et classique, le film fait un virage dans le fantastique, qu’il rationalise avant de repartir de plus belle dans l’irrationnel. Bref durant quasiment deux heures, on ne sait jamais si on trouve dans le fantasme ou le réel.

Les deux ancrages à la réalité sont Meli, l’assez terne collègue professeur de Nicholas, et surtout son ex petite amie, Anne, une hôtesse de l’air française jouée par Anna Karénine. Difficile de comprendre pourquoi Nicholas met fin à cette relation par deux fois aussi brutalement. Et il est difficile aussi, vu ce qu’il arrive à Anne de ne pas lui en vouloir (Nicholas fait d’ailleurs penser à Alfie – sens de l’humour en moins -, personnage également peu aimable pour les mêmes raisons).

Esthétiquement très réussi (une très belle photographie et des paysages sublimes), appuyé par un casting he haut niveau mais pas très à l’aise (on peut le comprendre), le film dégage un charme certain, mais peine à dépasser le stade un peu vain de l’exercice de style. Et à la fin, on ne sait plus que trop penser de tout ça. A force de nous mettre en doute, de remuer les personnages dans tous les sens, le spectateur est perdu. Soit, c’est ce que cherche le film, mais que veut-il nous dire exactement ? Vous pourrez soit être sensible à l’humour et au côté joueur, énigmatique et manipulateur du film, ou y rester complètement insensible.

Guy Green (« The Angry Silence ») fait ce qu’il peut à la réalisation. Il y a des très beaux moments. La construction du film et le montage me laissent parfois perplexe. Le plus grand fautif est le scénario inutilement alambiqué du romancier John Fowles qui signe ici son premier et dernier scénario. Fowles ne sera pas le dernier à critiquer le film et pourtant si échec il y a, c’est bien le sien. Il sera mieux servi par d’autres que ce soit sur « The Collector » (1965) dont le succès l’a poussé à vouloir écrire le scénario de « The Magus » ou « The French Lieutenant’s Woman » (1981).

A noter que l’éditeur du DVD français, la 20th century Fox nous promet un « thriller haletant ». Encore une preuve que les éditeurs ne prennent pas toujours la peine de voir les films avant de les éditer. En tout cas le DVD contient un très bon documentaire sur John Fowles (mais sans sous titres).

Ce n’est pas  le film du siècle, mais « The Magus » a des arguments pour séduire, et que Woody Allen ne s’inquiète pas, il a lui-même fait bien pire à mon avis (« Midnight in Paris »).

[xrr rating=6/10]

DVD zone 2 FR 20th century Fox. Version originale avec sous titres français. Documentaire sur John Fowles. Trailer