Une histoire d’amitié très forte entre deux hommes sur fond de génocide, « The Killing Fields » n’est pas un modèle de subtilité, mais reste d’une efficacité imparable
The Killing Fields (1984)
(La déchirure)
Réalisé par Roland Joffé
Ecrit par Bruce Robinson
Avec Sam Waterston, Haing S. Ngor, John Malkovich, Julian Sands,…
Direction de la photographie : Chris Menges / Production design : Roy Walker / Montage : Jim Clark / Musique : Mike Oldfield
Produit par David Puttnam
Guerre / historique
141mn
UK
Journaliste au New York Times, Sydney Schanberg (Sam Waterston) débarque à Phnom Penh en mai 1973. Les Américains viennent de bombarder par erreur un village cambodgien alors que les khmers rouges de leur côté envahissent le Cambodge. Aidé par un journaliste local Dith Pran (Haing S. Ngor) et un photographe Al Rockoff (John Malkovich), Schanberg décide de rester au Cambodge pour couvrir l’invasion malgré les risques d’embrasement.
« The Killing Fieds » est un projet titanesque sorti de nulle part. Le scénario original est dû à Bruce Robinson, alors connu seulement comme acteur. Il a débuté au cinéma avec un rôle non négligeable dans le « Romeo and Juliet » (1968) de Franco Zeffirelli, et on le retrouve par la suite dans « The Music Lovers » (1970) réalisé par Ken Russell ou « L’histoire d’Adèle H » de Truffaut. Il débutera quelques années plus tard à la réalisation en signant la comédie culte « Withnail & I » (1987).
Tiré d’une histoire réelle, le premier scénario de Robinson est un pavé de 300 pages qu’il confie au producteur David Puttnam, oscarisé en 1981 pour un certain « Chariots of Fire« . Celui-ci va faire le tour des réalisateurs les plus réputés de l’époque mais jette finalement son dévolu sur un certain Rolland Joffé qui n’a travaillé jusqu’à présent que pour la télévision britannique (il y débute en 1973 sur le soap « Coronation Street). Puttnam dira par la suite que Joffé a été le seul à comprendre le scénario. « The Killing Fields » n’est pas seulement un film de guerre, mais est surtout une histoire d’amitié très forte entre deux hommes (à tel point qu’on peut parler d’histoire d’amour).
Heureusement pour seconder l’inexpérimenté Joffé, Puttnam l’entoure de pros confirmés : Chris Menges (Kes, Gumshoe, Babylon,…) à la direction de la photographie et Roy Walker (Ryan’s Daughter, Barry Lyndon,…) au poste de production designer.
Le casting n’est pas non plus constitué de stars. Dans le rôle principal, l’Américain Sam Waterston n’avait jamais porté un projet d’une telle ampleur sur les épaules, mais Puttnam comme Joffé ne voulaient pas de grands noms d’Hollywood (ils ont ainsi tout fait pour dégoûter Dustin Hoffman). Haing S. Ngor était un ancien docteur, alors réfugié sur la côte ouest des Etats-Unis, sans aucune expérience du métier d’acteur. Enfin, John Malkovitch et Julian Sands étaient au tout début de leur carrière au cinéma.
« The Killing Fields » arrive sur les écrans alors que le drame cambodgien est encore frais dans les esprits. Les khmers rouges ont été renversés en 1979 après quatre ans de massacres et de ré-éductation forcée (on estime aujourd’hui le nombre de victimes cambodgiennes à 1,7 millions soit 20% de la population de l’époque).
La reconstitution du drame est hyper réaliste. Le tournage qui s’est déroulé en Thaïlande n’a pas lésiné au niveau des moyens, notamment dans l’usage de nombreux figurants et de véhicules militaires. L’équipe a pu compter sur l’appui du gouvernement thaïlandais alors lui-même provoqué par le mouvement de Pol Pot qui, loin d’être annihilé, continuait à organiser une guérilla meurtrière.
Le film n’épargne rien aux spectateurs. Exécutions sommaires, corps mutilés, enfants victimes mais aussi enfants soldats endoctrinés par les Khmers rouges, charniers,… Il faut avoir l’estomac bien accroché. « The Killing Fields » ne cache pas non plus la responsabilité des américains, ni la fuite des Occidentaux devant l’avancée des khmers rouges sur le territoire cambodgien.
Pour autant, on pourra reprocher au film son usage de grosses ficelles mélodramatiques. L’histoire d’amitié très forte (voire d’amour) entre Schanberg et Pran donne lieu à quelques scènes un peu trop mielleuses qui rentrent en confrontation directe avec le réalisme affiché par le film sur les scènes de guerre. Le film prend d’ailleurs des libertés avec les faits afin de rendre encore plus forte leur relation à l’écran, et utilise la voix de Pran (en voix off) et « Imagine » de John Lennon sur la dernière scène de façon un peu lourdingue.
Le film est un très gros succès critique et public de l’époque. Il est vrai que les films de guerre contemporains vus par les yeux de reporters sur place est un peu à la mode. Deux ans auparavant, Peter Weir signe « The Year of Living Dangerously » et l’année précédente Roger Spottiswoode réalise « Under Fire ». Pour sa part « The Killing Fields » décrochera trois oscars pour la meilleure photo, le meilleur montage et le meilleur second rôle pour Haing S. Ngor (il est le premier asiatique à décrocher un oscar d’interprétation et seulement le 2e non acteur à être oscarisé).
Blu-ray FR. Studio Movinside, Collection « Les films de ma vie » (2017). Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : livret de 32 pages de Marc Toullec dédié au film
Ce film est à voir et à prendre vraiment en considération . Je l’ai cherché pour le revoir et là une révélation après un entretien j’ai dit la ligne verte mais non la déchirure est apparu dans mon esprit me faisais penser à ma façon de voir le monde d’aujourd’hui en 1985 j’avais 18 ans.
Regardez ce film il est instructif dans tout les sens du terme.