« Ipcress danger immédiat » est un excellent film d’espionnage. La réalisation de Sidney J. Furie est tout simplement brillante. Et Michael Caine est impérial.
The Ipcress File (1965)
(Ipcress – danger immédiat)
Réalisé par Sidney J. Furie
Ecrit par W.H. Canaway et James Doran d’après le roman de Len Deighton
Avec Michael Caine, Nigel Green, Guy Doeman, Sue Lloyd,…
Directeur de la photographie : Otto Heller
Musique de John Barry
Produit par Harry Saltzman pour la Rank Organisation
Tourné aux studios Pinewood
Thriller
109 mn
UK
Harry Palmer est un jeune espion anglais, indiscipliné. Il doit enquêter sur la disparition de scientifiques, mais rien ne se passe comme prévu.
IPCRESS-DANGER IMMEDIAT, Sidney J… par carlottafilms
« The Ipcress file », roman d’espionnage signé Len Deighton, est publié en novembre 1962, peu après la sortie de Dr No, le premier des James Bond. Devant le succès critique et public du livre, Harry Saltzman et Albert Broccoli, producteurs de Bond, ont approché Leighton pour écrire le script du Bond suivant « From Russia With Love ». Si finalement la participation de Deighton ne sera pas retenue, Saltzman décide d’utiliser le personnage créé par Deighton pour lancer une nouvelle série de films d’espionnage.
Harry Palmer figurera dans trois films de très bonne facture : « The Ipcress File » (1965), « Funeral in Berlin » (1966) et « Billion dollar brain » (1967). Il reviendra même trente ans plus tard, retraité, dans deux téléfilms médiocres : « Bullet to Beijing » (1995) et « Midnight in Saint Petersburg » (1996), des productions russo-anglo-canadiennes toujours avec Michael Caine.
Contrairement à Bond, Palmer n’a été incarné que par un seul acteur, Michael Caine qui trouve ici l’un de ses plus célèbres rôles.
Si Palmer est également un espion, c’est loin d’être un sous 007. Harry Palmer est un espion à lunettes, qui a surtout une expérience de bureaucrate et de petit escroc (ce qui lui a valu deux ans de prison à Berlin où il effectuait son service militiaire). Il est souvent dépassé par les événements, et est loin d’avoir la réussite facile et la brillance bling bling d’un James Bond, mais dispose d’un flegme et d’un humour parfaitement british. Décrit par ses supérieurs comme « insubordonné, insolent, malhonnête, et disposant peut être de tendances criminelles », Harry Palmer est finalement nettement plus humain, moins monolithique, pour ne pas dire beaucoup plus « cool » que James Bond.
« The Ipcress file » est d’ailleurs essentiellement un anti-James Bond. Ici pas de grand spectacle, ni de décors exotiques, ou encore de poursuites en voiture, pas plus que de filles en maillot de bain. Toute l’action se déroule dans un Londres pluvieux (d’ailleurs les tentatives pour quitter les limites de la ville échouent lamentablement) avec pour décors des bureaux, une bibliothèque, un supermarché, des hangars désaffectés, de petits appartements étriqués,… Le film est baigné par un éclairage naturel qui donne une large place aux ombres, les scènes d’action sont filmées hors champ, les scènes vues à travers des pièces du décor ou entr’aperçues derrière le dos d’un personnage.
« The Ipcress file » bénéficie ainsi d’une vraie mise en scène et doit beaucoup à la réalisation inspirée, brillante et audacieuse de Sidney J. Furie et à la superbe photo de Otto Heller (« The Ladykillers », « Le voyeur », « Alfie »,…).
Sidney J Furie est né au Canada, et a eu une longue carrière de réalisateur qui a débuté en 1959 et qui continue toujours (en 2013). Il a touché à tout : la biographie filmée dans « Lady sings the blues » (1972) sur Billie Holliday, la blaxploitation (« Hit ! », 1973), les films d’action décérébrés (« Iron Eagle » en 1986 et « Superman IV » en 1987), le western (« The Appaloosa », 1966) ou encore la comédie (« My 5 wives », 2000).
Il a également travaillé de nombreuses fois pour la télévision américaine et canadienne depuis « Hudson’s bay » en 1959 jusqu’au téléfilm « The Veteran » en 2006.
Dans sa carrière, aussi longue qu’inégale, ce réalisateur canadien a passé une bonne partie des années 60 en Grande-Bretagne où il a pu également démontrer sa versatilité : il y a réalisé des comédies musicales avec Cliff Richards (« The Boys » en1962 et « Wonderful life » en 1964), des films d’horreur (« The Snake Woman » en 1961), un thriller avec Sinatra (« The Naked Runner » en 1967) ou encore un film sur la jeunesse (« The Leather boys », 1964).
Quelques très bons films dans le lot, mais il y a des chances que la postérité retienne surtout « The Ipcress File ». Il y a pire !
MAJ : A noter que le combo blu-ray DVD sorti par Elephant Films en 2014 a eu apparemment un problème de pressage et qu’il manque les 30 dernières secondes sur le blu-ray (le DVD est lui complet). Je ne sais pas si ce problème a été corrigé sur d’éventuels pressages extérieurs.
Combo Blu-ray et DVD. Studio Elephant Films (2014). Version française et version originale sous titrée.