En tant que film d’horreur, « The Horror of Frankenstein » est un ratage complet. Mais on peut prendre un certain plaisir à l’humour noir omniprésent.
The Horror of Frankenstein (1970)
(Les horreurs de Frankenstein)
Réalisé par Jimmy Sangster
Ecrit par Jeremy Burnham et Jimmy Sangster
Avec Ralph Bates, Kate O’Mara, Veronica Carlson, Dennis Price, David Prowse
Directeur de la photographie : Moray Grant / Direction artistique :
Scott MacGregor / Montage : Chris Barnes / Musique : Malcolm Williamson
Produit par Jimmy Sangster pour Hammer Film Productions
Horreur, comédie
Durée 95 mn
UK
Victor Frankenstein (Ralph Bates), aussi jeune et beau qu’arrogant, est lassé de l’école locale où il pourrait donner des cours aux professeurs. Il veut partir étudier à Vienne mais son père s’y oppose. Après avoir réglé le problème d’une manière quelque peu expéditive, il part étudier à Vienne mais devra rentrer en Angleterre après avoir mis enceinte la fille du Doyen. Il propose alors à l’un de ses camarades Wilhelm (Graham James) de venir passer l’été dans le laboratoire qu’il a monté dans son château où il vit seul avec sa gouvernante et maitresse Alys (Kate O’Mara). Wilhelm accepte, mais se rend rapidement compte que Victor n’a pas forcément la même conception de la science que lui, et que son sens de l’éthique n’est pas très développé.
Ce film est probablement l’un des plus méconnus et malaimés des films produits par Hammer. Il faut dire qu’on est loin des classiques de la firme. Il faut dire également que les années 70 ne sont pas vraiment la période de gloire de Hammer. En 1968, deux films américains sont venus bouleverser le monde de l’horreur : « Rosemary’s baby » de Roman Polanksi qui proposait un film d’épouvante psychologique particulièrement réussi et « Night of the living dead » de George A. Romero qui dépassait allègrement les standards de l’époque en matière de violence graphique.
Du coup, le moins qu’on puisse dire c’est que les délires gothiques de Hammer ont soudainement pris un sacré coup de vieux. Il est difficile de dire ce que la Hammer a voulu faire avec « The horror of Frankenstein ». Bizarrement, le film semble en retrait en matière de violence et d’insinuations sexuelles. Et si on l’envisage en simple film d’horreur, le mal nommé « The Horror of Frankenstein » est un ratage complet.
Même en tant que film qui se veut au minimum sérieux, les incohérences scénaristiques sont trop nombreuses pour être pardonnées. Par contre, on peut prendre un certain plaisir à l’humour noir omniprésent dans le film, même s’il n’est pas des plus fins.
Car l’amoralité totale de Victor n’est pas dénuée d’humour. Quand son père lui dit que pour aller étudier à Vienne, il faudra qu’il marche sur son cadavre, Victor se débrouille pour qu’il en devienne rapidement un. Quand une fois à Vienne, il met enceinte la fille du Doyen, il propose de l’opérer lui-même pour la débarrasser de ce petit inconvénient.
Quand une fois revenu dans son château, son camarade Wilhelm le menace de dévoiler ses expériences, il lui répond :
Demain nous élaborerons un nouveau projet. Sans danger. La fission de l’atome, par exemple.
Enfin, à la recherche d’un cerveau pour sa créature, Victor invite Elizabeth, une jeune femme amoureuse de lui, et son père à venir dîner. Pendant le diner, Victor n’écoute même plus les propos tenus par le vieil homme, il n’y a plus de son, et on voit le chiffre 25 inscrit sur son crâne, le nombre de la pièce manquante. Quand après cela, le vieillard lui dit qu’il a encore la vie devant lui, il a un moment de pause, et verse une deuxième dose de poison dans son verre. Une fois son père mort, la jeune femme mise à la porte de chez elle par les huissiers, se verra offrir non pas une alliance par Victor mais une place de gouvernante pour remplacer la trop curieuse Alys.
Vu sous cet angle, même la fin, qui pour beaucoup atteint des sommets dans le genre naufrage, a un certain charme.
Je me demande pour ma part si le réalisateur Jimmy Sangster n’a pas voulu signer une oeuvre cynique dans le genre de « Kind hearts and coronets » (« Noblesse oblige »). J’en veux pour preuve décisive la présence au générique de Dennis Price (Louis d’Ascoyne, le héros de « Noblesse Oblige ») dans le rôle du croque-mort complice ! Plus sérieusement, l’ambition et l’amoralisme triomphants de Victor le rapprochent beaucoup de Louis.
Par ailleurs, si Jimmy Sangster a signé certains des plus fameux scripts de la Hammer (« The Curse of Frankenstein » en 1957), il était à cette époque de sa carrière largement fatigué de l’horreur gothique. Ce qui peut expliquer l’humour noir à très forte dose qu’il a injecté dans le script.
En tout cas, par ce nouveau Frankenstein, Hammer a tenté de toute évidence de rajeunir la franchise. Exit donc Peter Cushing, et bienvenue au playboy Raph Bates.
Pour les amateurs de Star Wars, notons que la Créature (risible plutôt qu’effrayante et qui n’apparait que dans le dernier tiers du film) est ici interprétée par David Prowse (oui Darth Vader himself). Rôle qu’il reprendra quatre ans plus tard dans le plus convainquant « Frankenstein and the monster from hell », film signé Terence Fisher.
DVD zone 2. Studio Optimum Home Releasing (2006). Version originale sans sous-titres