Un film choc, techniquement très maitrisé, mais dont le scénario et le message paraissent bien maladroits et artificiels

The Great Ecstasy of Robert Carmichael (2005)

Réalisé par Thomas Clay

Ecrit par Thomas Clay et Joseph Lang

Avec Daniel Spencer, Ryan Winsley, Charles Mnene, Danny Dyer, Lesley Manville, Aren Devlin, Michael Howe,…

Directeur de la photographie : Giorgos Arvanitis / Production design : Attila Raczkevy / Montage : David Wigram / Musique : Edward Elga, Jonathan Henry Harvey et Amy Purcell

Produit par Joseph Lang pour Boudu Films et Pull Back Camera Ltd.

Crime / Drame

96mn

UK

Natif de Brighton, Thomas Clay n’a que 22 ans quand sort son premier moyen métrage le drame sur un SDF qui ère dans les rues de Brighton « Motion » (2001) avec son compère d’origine vietnamienne Joseph Lang, du même age, qui co-signe le scénario et la production. Cette collaboration persiste sur « The Great Ecstasy of Robert Carmichael » et  « Soi Cowboy » (2008) jusqu’à la mort de Lang en 2013 à l’âge de 33 ans.

« The Great Ecstasy of Robert Carmichael » était leur premier long et, pour un premier film, indsicutablement très ambitieux. A côté d’acteurs professionnels (Danny Dyer, Lesley Manville, Michael Howe,…), les trois acteurs principaux sont des jeunes débutants (qui heuresement s’en sortent bien). Décidés de faire un film professionnel malgré un budget limité, Clay et Lang ont réussi à embarquer dans le projet le directeur de la photographie grec Giorgos Arvanitis qui a notamment travaillé avec Theodoros Angelopoulos, Frederick Wiseman ou encore Volker Schlöndorff.

La production qui a duré neuf mois est de fait très léchée. Il y a une vraie attention à la mise en scène visuelle et sonore, et certaines scènes (comme celle de la chambre bleue ou du viol tournées en studio) sont techniquement impressionnantes.

Visiblement inspiré de films volontairement choquants comme « Funny Games » (1997) et « Irreversible » (2002), « The Great Ecstasy of Robert Carmichael » a fait débat et divisé les critiques (notamment à Cannes où il a été présenté dans la section Semaine de la critique) pour la violence de sa scène finale, d’autant plus choquante que le rythme du film est très pausé et qu’il est difficile de croire que les trois personnages principaux soient capables de tels actes, même sous l’effet de la drogue et de leurs frustrations (sociales et sexuelles).

Car c’est bien la faiblesse du film de Thomas Clay et Joseph Lang. S’il se veut une métaphore de la société britannique de l’époque, il ne le fait pas avec subtilité (ce qui rentre en confrontation directe avec la production très travaillée). L’opposition sociale, économique et politique, montrée notamment par la confrontation entre les personnages (les locaux pauvres et sans avenir et le couple de riches venus de l’extérieur) et aussi les références à la guerre en Irak et à la seconde guerre mondiale. Pauvres contre riches, destruction individuelle contre destruction collective.

Traité avec subtilité, le message aurait pu passé plus facilement. Les inégalités sociales et la violence de la société engendrant sont lot de frustration et de colère sont de vrais sujets. Le personnage de Robert Carmichael, jeune homme socialement inapte mais bon à l’école et violoncelliste doué, n’est pas inintéressant. In fine, ce sont ses frustrations sexuelles qui font balancer le film dans l’horreur. Mais son amitié avec Joe, jeune brute locale virée de l’école, paraît étrange, et son basculement dans la violence la plus extreme, quand il se rend compte qu’il n’arrivera pas à atteindre l’extase sexuelle recherchée, assez artificielle.

En solo, Thomas Clay reviendra sur les écrans en 2019 avec une histoire d’ « home invasion » (genre qu’il semble apprécié) situé au XVIIe siècle avec « Fanny Lye Deliver’d« . Là aussi, malgré des qualités certaines et une volonté de faire passer un message, le résultat n’est pas totalement convaincant.

DVD FR. Studio WildBunch (2007). Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : making-of (interviews avec Thomas Clay et Joseph Lang).