Drame / Western:
Thomas Clay

Reviewed by:
Rating:
3
On 14 septembre 2020
Last modified:14 septembre 2020

Summary:

Un western dans la campagne anglaise du XVIIe, parfois un peu trop bavard mais qui démonte méthodiquement le puritanisme et le patriarcat

Un western dans la campagne anglaise du XVIIe, parfois un peu trop bavard mais qui démonte méthodiquement le puritanisme et le patriarcat

Fanny Lye Deliver’d (2019)

Ecrit et réalisé par Thomas Clay

Avec Maxine Peake, Charles Dance, Freddie Fox, Tanya Reynolds,…

Produit par Joseph Lang, Michel Merkt, Robert Cannan, Philippe Bober et Zorana Piggott

Direction de la photographie : Giorgos Arvanitis / Production design : Nenad Pecur / Montage : Thomas Clay / Musique : Thomas Clay

Drame / Thriller

112mn

UK / Allemagne

En 1657, Fanny vit avec son mari John (Charles Dance) et son fils Arthur (Zak Adams) dans une ferme isolée du Shropshire au centre ouest dans l’Angleterre. John est un ancien officier de l’armée de Cromwell, aujourd’hui handicapé et qui impose sa rigueur religieuse à son épouse et son fils. Mais leur petit monde bien réglé s’effondre quand un dimanche, de retour dans leur ferme, ils découvrent un jeune couple nu qui, d’après leurs dires, se sont fait dépouillés par des bandits.

On le sait, l’époque de « règne » d’Olivier Cromwell en tant que lord protecteur, de 1953 à sa mort en 1958, fut une période de grande rigueur morale. Pour son troisième film, le scénariste et réalisateur anglais Thomas Clay transpose dans la campagne anglaise du XVIIe un western puritain sous forme de huis clos terrifiant.

Fany Lee est une paysanne du coin qui n’a que trop connu les effets dévastateurs de la guerre civile. Aujourd’hui mariée et mère, elle se satisfait d’une vie simple avec un mari despote et rigoriste, qui n’hésite pas à battre femme et fils, mais qui lui apporte la sécurité. Le couple d’inconnus, Thomas (Freddie Fox) et Rebecca (Tanya Reynolds) vont apporter la discorde, salvatrice pour Sally, mais dévastatrice et fatale pour la petite famille. Thomas et Rebecca, avec leurs idées libertaires, vont d’abord choquer Fanny avant de lui retourner l’esprit. Pourtant les propres motivations de Thomas sont loin d’être innocentes.

Finalement l’intrusion d’un véritable monstre, un soit-disant sheriff représentant l’état de Cromwell et chasseur d’impurs, qui fait fortement penser à l’inquisiteur de « Witchfinder General » (1968), va déséquilibrer le pouvoir de Thomas qui lui même s’est imposé face à Charles.

« Fanny Lee Deliver’d » est un huis clos très bavard sur  le thème de la guerre entre la liberté individuelle et la religion avant de s’imposer dans sa dernière partie comme un western féministe anti patriarcal. Ce dernier tiers rachète un film qui parfois se regarde un peu trop le nombril et tire un peu trop en longueur.

Les défauts et les qualités du film sont l’entière responsabilité de Thomas Clay, qui est à la fois scénariste, réalisateur, monteur et compositeur du film (ces deux dernières fonction ayant été assumées par Clay pour des motifs économiques). La post-production a été compliquée et a duré trois ans.

Le résultat, loin d’être parfait (j’aurais bien coupé une vingtaine de minutes et supprimé la voix off) dégage néanmoins un charme indiscutable. L’ambiance est étouffante, les acteurs (Maxine Peake surtout) sont très convaincants.

Le film a été présenté en avant-première française à l’occasion de la 26e édition de l’Etrange Festival en septembre 2020.