Un premier film réussi du dramaturge français Florian Zeller. Un sujet éprouvant mais traité avec sensibilité et magnifié par les prestations d’Anthony Hopkins et Olivia Colman
The Father (2020)
Réalisé par Florian Zeller
Ecrit par Christopher Hampton et Florian Zeller d’après la pièce de Florian Zeller
Avec Anthony Hopkins, Olivia Colman, Mark Gatiss, Olivia Williams, Imogen Poots, Rufus Sewell,…
Directeur de la photographie : Ben Smithard / Production design : Peter Francis / Montage : Yorgos Lamprinos / Musique : Ludovico Einaudi
Produit pour Les Films du Cru, Film4 et Orange Studio
Drame
97mn
UK / France
Ingénieur à la retraite, Anthony (Anthony Hopkins) vit seul à Londres dans un grand appartement bourgeois. Sa fille Anna (Olivia Colman), avec qui il a des relations compliquées, lui met dans les pates des infirmières dont il n’a pas besoin et qui tentent de lui voler ses affaires, dont sa précieuse montre. Anthony est choqué quand il apprend que sa fille a rencontré quelqu’un et veut s’installer à Paris où personne ne parle anglais.
« The Father » est un un huis-clos où le spectateur se retrouve enfermer dans le cerveau sénile d’Anthony. Ce dernier est un homme qui a de toute évidence vécu une vie où il avait l’habitude d’avoir le contrôle. Alors que la sénilité le gagne, il continue à nier l’existence de ce qui lui déplait et est convaincu d’avoir toute sa tête et de n’avoir besoin de personne. Il en veut à Anna, et ses mesquineries et regrette à haute voix que sa fille préférée Lucy ne vienne jamais le voir. Mais la réalité autour de lui devient de plus en plus confuse. Il perd la notion du temps et de la réalité qui l’entoure. Vit-il dans son appartement, Anna est-elle mariée, va-t-elle partir à Paris, a-t-elle achetée un poulet, où est sa montre ?
La perte de contrôle implacable est une souffrance pour Anthony qui a des éclairs de conscience. Face à son comportement, Anna se fâche, pleure ou fuit. Mais le fait-elle vraiment ?
« The Father » est tiré d’une pièce à succès de Florian Zeller, dramaturge français coqueluche du tout Paris, qui réalise ici son premier film et en co-signe l’adaptation avec l’un des scénaristes les plus prestigieux, Christopher Hampton, oscarisé pour « Dangerous Liaisons » (1988).
Zeller est bien appuyé dans cette première aventure par Hampton, une équipe technique de luxe dont le directeur de la photographie Ben Smithard (détenteur d’un Emmy) et des acteurs prodigieux. La prestation impeccable d’Anthony Hopkins lui a valu son second oscar du meilleur acteur près de trente ans après « The Silence of the Lambs » (1991). Face à lui, Olivia Colman (oscarisée deux ans plus tôt pour « The Favourite« ) livre une prestation émouvante et subtile qui lui a valu une nouvelle nomination aux Oscars.
Nominé aux Oscars pour les récompenses les plus prestigieuses (dont celle du meilleur film) à côté de « Promising Young Woman« , « The Father » repart quand même avec l’Oscar du meilleur acteur et du meilleur scénario adapté.
Des récompenses méritées, car si « The Father » souffre d’un certain classicisme, l’histoire forte et pathétique d’Anthony et de sa fille Anna frappent directement au coeur sur un sujet universe. Bien sûr, on pourrait regretter que le film mette à l’écran une misère relative car Anthony est un bourgeois très aisé qui peut se permettre d’être accompagné. Mais cela renforce aussi cette idée de perte de contrôle. Anthony se pense à l’abri. Mais non.
« The Father » devrait enfin sortir (si tout se passe bien) le 26 mai 2021 dans les salles françaises.