Duel sans merci dans Édimbourg entre un criminel qui a payé sa dette à la société et un flic à la dérive qui lui refuse une seconde chance
The Debt Collector (1999)
Ecrit et réalisé par Anthony Neilson
Avec Billy Connolly, Ken Stott, Francesca Annis, Iain Robertson,…
Directeur de la photographie : Dick Pope / Production design : Mark Geraghty / Montage : John Wilson / Musique : Adrian Johnston
Produit par Graham Broadbent et Damian Jones
Crime / Thriller
109mn
UK
Le détective Gary Keltie (Ken Stott) signe un gros coup quand il arrête Nickie Dryden, un criminel spécialisé dans le recouvrement de dettes, et connu pour ses méthodes violentes. Mais quand une vingtaine d’années plus tard, Dryden, sorti de prison, marié à une journaliste Val (Francesca Annis) et sculpteur de renom reçoit les honneurs de la ville d’Édimbourg, Keltie, devenu un flic désabusé, ré-apparait, et refuse de considérer que Dryden a payé sa dette envers la société.
Né à Édimbourg en 1967, le dramaturge et scénariste Anthony Neilson est l’un des représentants du » In-Yer-Face Theatre », un mouvement théâtral jouant de la confrontation et de la provocation, qui s’est développé en Grande-Bretagne durant les années 90. Notons d’ailleurs que l’un des pionniers de ce mouvement est Philip Ridley que nous connaissons au cinéma avec « The Reflecting Skin » (1990), « The Passion of Darkly Noon » (1995) et « Heartless » (2009).
Neilson signait ici à la fois le scénario et la réalisation d’un premier film ambitieux. « The Debt Collector » propose un duel entre deux « monstres », un ex-criminel qui a payé sa dette et s’est reconverti avec succès dans l’art, et face à lui un flic qui dérape complètement et semble maladivement obsédé par celui qu’il considère toujours comme son pire ennemi et celui des habitants d’Édimbourg, indigne d’une seconde chance.
Neilson connait sa ville et la filme bien. Il sait profiter de ses recoins pour créer une ambiance. Et il s’entoure de bons comédiens dont le plus célèbre des comiques écossais, Billy Connolly. A partir de la seconde partie des années 90, Connolly tente de diversifier ses rôles sur les écrans. Et avec le personnage sombre de Nicky Dryden c’est réussi ! Il signe incontestablement ici l’une de ses meilleurs prestations sur grand écran.
Il est assez évident que Neilson veut faire un film sombre, dur et stylé. Mais ça ne marche jamais vraiment. En cause, le manque de détails de ses personnages et de crédibilité de leurs actions et réactions. Ainsi on ne comprend jamais pourquoi Keltie est obsédé à ce point par Dryden. On s’attend à une révélation de dernière minute sur un lien caché qui unirait les deux hommes, mais rien. C’est gênant car c’est le moteur même du scénario. Et ce n’est malheureusement pas la seule question qui reste sans réponse.
De plus, Neilson s’essaie à quelques effets stylistiques de réalisation qui, mal maitrisés, tombent à l’eau. Notamment quand il veut appuyer les moments dramatiques et hauts en tension.
Pour un premier film, « The Debt Collector » était néanmoins prometteur, mais vingt ans plus tard, Anthony Neilson s’est contenté de signer quelques épisodes de séries. Par contre, il poursuit une brillante carrière au théâtre aussi bien en tant que dramaturge que metteur en scène.
DVD zone 2 UK. Studio Chanel 4 DVD (2008). Version originale avec sous-titres optionnels en anglais