Un serial killer et sa victime. Un huis clos froid et inquiétant plutôt réussi.

the collector- L'obsédé (1965)

The Collector (1965)

(L’obsédé)

Réalisé par William Wyler

Ecrit par John Kohn et Stanley Mann d’après le roman de John Fowles

Avec Terence Stamp et Samantha Eggar

Directeur de la photographie : Robert Krasker et Robert Surtees

Musique : Maurice Jarre

Produit par John Kohn et Jud Kinberg pour Collector Company et Columbia Pictures Corporation

Thriller

119 mn

UK / USA

Freddie Clegg (Terence Stamp), petit employé de banque réservé et solitaire, chasse le papillon dans la campagne du Sussex quand il tombe sur une maison isolée. Il l’achète avec un objectif bien précis : kidnapper son amour de jeunesse Miranda (Samantha Eggar) et l’y retenir prisonnière jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse de lui.

the-collector-1965Adapté du premier livre et best seller instantané éponyme de John Fowles, « The Collector » est un face à face entre un kidnapper et sa victime.

Terrence Stamp, découvert en ange blond dans « Billy Budd » trois ans plus tôt, joue ici un rôle on ne peut plus opposé. Il est également parfait en jeune homme dérangé et obsédé par son amour de jeunesse. Son regard d’un bleu d’acier vous donne froid dans le dos. En face de lui, la très séduisante Samantha Eggar fait des merveilles, enchainant avec réalisme les états d’âme successifs de son personnage : peur, espoir, rebellion, désillusion,…

Le célèbre réalisateur hollywoodien d’origine allemande William Wyler est ici en fin de carrière. Mais il a encore de beaux restes. A mille lieux de son « Ben Hur » (1959), « The Collector » est un film intimiste, froid et osé, un portrait perturbant d’un serial killer. Conscient que la réussite de son film dépendra in fine du talent de ses jeunes acteurs, Wyler mettra une sacré pression sur eux, notamment sur Samantha Eggar qu’il traitera très durement pendant tout le tournage afin de la mettre en condition. Il obligera également Terence Stamp à rester froid avec Eggar même en dehors du plateau pendant toute la période du tournage.

Deux choses me gênent néanmoins dans « The Collector ». D’abord malgré la longueur du film (deux heures) il n’intègre pratiquement pas de personnages extérieurs. Le rôle de l’ami de Miranda qui était joué par Kenneth More, a été coupé au montage (au grand regret de Wyler). C’est dommage. Pour moi, il manque un troisième personnage. Le duo a forcément ses limites et ne suffit pas à occuper les deux heures de film en nous épargnant des longueurs – même si je comprends l’intérêt en termes de tension psychologique de rester concentrer sur ce duo.

Autre gros défaut, la musique de Maurice Jarre ! Omniprésente, lourdingue,… C’est de toute évidence un parti-pris, Wyler aurait refusé Bernard Hermann pour éviter la marque de Hitchcock, mais je trouve le résultat pénible.

La proximité psychologique avec le meurtrier (bien plus importante par exemple que dans « Psycho » où l’on reste extérieur au personnage de Norman Bates – pareil pour « Peeping Tom« ) et la fin sont audacieuses pour l’époque. Le film aurait inspiré de nombreux serial killers. Bon. Depuis le film de serial killer est devenu un genre cinématographique. De ce côté, nous avons à présent vu bien pire.

DVD zone 2. Studio : Wild Side Video (2014). Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : « Souvenirs du collectionneur » par Terence Stamp (27′)