Guerre:
Tony Richardson

Reviewed by:
Rating:
4
On 21 août 2016
Last modified:21 août 2016

Summary:

Une dénonciation de l'absurdité de la guerre et de l'incompétence des officiers à travers une relecture d'une bataille tristement célèbre outre-manche.

Une dénonciation de l’absurdité de la guerre et de l’incompétence des officiers à travers une relecture d’une bataille tristement célèbre outre-manche.

ChargeOfTheLightBrigade

The Charge of the Light Brigade (1968)

(La charge de la brigade légère)

Réalisé par Tony Richardson

Ecrit par Charles Wood

Avec David Hemmings, Trevor Howard, Vanessa Redgrave, John Gielgud, Jill Bennett, Harry Andrews, …

Direction de la photographie : David Watkin

Musique : John Addison

Produit par Neil Hartley pour Woodfall Film Productions

Guerre / Histoire

139mn

UK

charge_of_the_light_brigade1968« The Charge of the Light Brigade » raconte un épisode traumatisant de la guerre de Crimée (1853-56). Le 25 octobre 1854, durant la bataille de Balaclava, la brigade légère de cavalerie de l’armée britannique est décimée suite à des erreurs de jugement du commandement. Alfred Tennyson en tirera un poème, et les Américains adapteront deux fois l’histoire sur grand écran (1912 et 1936).

Il faudra donc attendre 1968 pour que le cinéma britannique ose s’emparer de l’événement. Le scénario, dont le premier jet a été écrit par John Osbourne (non crédité dans la version finale) puis repris par Charles Wood, est basé sur les recherches de Cecil Woodham-Smith publiées dans son livre « The Reason Why » (1953).

A la réalisation on retrouve Tony Richardson, qui avait déjà délaissé les faubourgs ouvriers (The Loneliness of the Long Distance Runner) pour les aventures historiques (Tom Jones en 1963). Ici le ton n’est pas par contre à la comédie, mais plutôt à la satire virulente.

Le film est constitué de deux parties distinctes. La première heure s’intéresse à la constitution et l’entrainement de la brigade (où est notamment dénoncée la différence de traitement entre les soldats et les officiers). Cette partie en particulier est centrée sur le personnage du capitaine Nolan (David Hemmings), jeune officier qui a ses théories sur la guerre et méprise les officiers plus âgés qu’il juge incompétents. Mais s’il peut paraitre plus humain de prime abord, il n’en reste pas moins un officier ambitieux et militaire dans l’âme comme il le montrera plus tard sur le terrain.

La relation amoureuse – un peu expédiée – du capitaine Nolan avec Clarissa (Vanessa Redgrave), la femme de son meilleur ami, montre que Nolan est un homme de devoir mais aussi au coeur dur.

Ainsi, si le capitaine Nolan parait sympathique au début, son intransigeance et son amour de la guerre finissent par le rendre également antipathique. Au point où l’on serait presque d’accord avec le jugement du commandant Lord Raglan (John Gilelgud).

« Je n’aime pas ce capitaine Nolan… Il sait des tas de choses mais il est sans coeur. Ce sera un triste jour quand l’armée sera commandée par des hommes qui savent trop bien ce qu’il font. Ça sent le crime ».

S’il y a peu d’espoir dans la nouvelle génération, l’ancienne est encore pire. « The Charge of the Light Brigade » fait reposer la responsabilité du massacre sur les épaules de trois hommes. Lord Raglan (John Gielgud), commandant en chef gâteux qui perd la tête et croit encore que les Français sont les ennemis. Il est entouré notamment de deux officers bornés qui se détestent cordialement : Lord Cardigan (Trevor Howard), un alcoolique à la tête de la brigade légère, et Lord Lucan (Harry Andrews), responsable de la cavalerie. La lutte puérile incessante entre les deux hommes, et l’incapacité de Lord Raglan a y mettre fin (ainsi que sa propre faiblesse intellectuelle) sont largement raillées tout au long du film et seraient responsables de la catastrophe finale.

Le montage final (le film a été largement amputé) manque parfois de lisibilité (la continuité parait parfois un peu hachée). Mais il contient plusieurs belles scènes qui permettent au film d’atteindre son but : dénoncer la bêtise et l’incompétence du commandement militaire. Et les acteurs (Jonh Gielgud en tête) s’en donnent à coeur joie ! On appréciera également les séquences animées avec talent par Richard Williams où dans la plus pure tradition de la caricature les différents pays sont symbolisés par des animaux ou des personnages grotesques.

En pleine guerre du Vietnam, « The Charge of the Light Brigade » trouvait un écho moderne à un événement vieux de plus d’un siècle.

A noter que le film est distribué en France en DVD et Bluray par Filmedia. J’ai vu pas mal de gens se plaindre de la qualité d’image sur le Blu-ray (version que je possède également). C’est vrai qu’une restauration n’aurait pas été de trop. Néanmoins je ne trouve pas la qualité d’image honteuse – mais si vous hésitez entre le DVD et le blu-ray, je suppose que la différence de prix ne se justifie pas.

DVD/blu-ray FR. Studio Filmedia. Version originale et version française. Bonus :La charge de la brigade légère : la version muette de 1912 restaurée par le British Film Institute / Introduction à La charge de la brigade légère, par Christophe Champclaux, historien de cinéma /Le poème d’Alfred Tennyson (en anglais et dans une traduction inédite de Laurent Bury) / Notes à propos de la Guerre de Crimée