Le film, basé sur une pièce d’Harold Pinter, superbement interprété, est comique par moments, dramatique à d’autres, mais déborde surtout d’humanité.

The Caretaker (1963)

The caretaker (1963)

(Le gardien)

Réalisé par Clive Donner

Ecrit par Harold Pinter

Avec Robert Shaw, Alan Bates, Donald Pleasence,…

Directeur de la photographie : Nicolas Roeg / Musique : Ron Grainer / Montage :
Fergus McDonell / Direction artistique : Reece Pemberton

Production Caretaker Films

Durée 100 mn

Comédie dramatique

UK

Aston (Robert Shaw) revient un soir chez lui accompagné de Davies (Donald Pleasence), un clochard qu’il a sauvé d’une bagarre et à qui il offre un lit dans sa chambre, la seule pièce habitée de la maison. Aston, d’un naturel très calme et taciturne, ne semble pas trop gêné par l’irritabilité et les plaintes continuelles de Davies, lui offrant même de quoi s’habiller et lui proposant un job de gardien pour s’occuper de la maison. Malgré tout, Davies continue à se plaindre, et quand Mick (Alan Bates), le frère d’Aston débarque, il essaie de jauger les deux frères pour voir lequel il devrait se mettre dans la poche et n’hésite pas à mordre la main que lui avait tendue Aston.

Ce film est une adaptation d’une célèbre pièce de Harold Pinter, créée à Londres en 1960, et qui connut un grand succès, lançant la carrière de l’auteur.

Le film a été tourné en six semaines pour un budget de 30.000 dollars dans une petite maison étroite de Hackney (quartier populaire dans l’est de Londres), la quasi intégralité de l’action se déroulant dans une minuscule pièce à l’étage qui sert de chambre et de débarras. Le trio d’acteur du film a accepté de jouer bénévolement. Seule l’équipe technique a été payée, et l’argent pour faire le film a été réuni grâce à l’appui de personnalités du show biz comme le couple Richard Burton / Elizabeth Taylor, Harry Saltzman, Noël Coward et Peter Sellers.

Ce film, typique du Kitchen Sink Drama (ces oeuvres qui s’intéressent aux réalités sociales des classes les moins aisées) est aussi proche du théâtre de l’absurde dont Pinter est l’un des plus célèbres représentants (avec Beckett, Ionesco,…).

Les relations entre les trois personnages sont fascinantes et mises en valeur par une interprétation exceptionnelle (Pleasence et Bates reprennent les rôles qu’ils avaient déjà incarnés au théâtre) et une réalisation efficace et très intelligente qui met en valeur le jeu des acteurs et se joue de l’étroitesse du décor. Donner a pu bénéficier sur ce film d’un directeur de la photographie hors du commun : Nicolas Roeg (futur réalisateur de films marquants dans les années 70). Les dialogues sont tirés au cordeau (Pinter a coupé lui même dans son texte et rajouté quelques petites scènes en extérieur).

Le film utilise un ton à la fois comique et dramatique, mais déborde surtout d’humanité (dans ce qu’elle a de meilleur mais aussi de plus sombre).

De très loin le meilleur film de Clive Donner (« What’s new pussycat? »).

DVD zone 2 FR. Studio Doriane Films (2008). Audio en anglais avec sous-titres anglais. Bonus : Reportage sur le lieu du tournage / Introduction au film par Michael Billington, le biographe d’Harold Pinter.