Un Whodunnit funky avec un loup garou dedans !
The Beast Must Die (1974)
Réalisé par Paul Annett
Ecrit par Michael Winder d’après la nouvelle de James Blish « There Shall Be No Darkness »
Avec Calvin Lockhart, Peter Cushing, Marlene Clark, Charles Gray,…
Directeur de la photographie : Jack Hildyard
Produit par Max Rosenberg et Milton Subotsky pour Amicus Productions
Tourné aux studios Shepperton
Horreur / Crime
93 mn
UK
Millionnaire et chasseur réputé, Tom Newcliffe (Calvin Lockhart) rassemble plusieurs invités dans son manoir, une authentique forteresse dont un sophistiqué réseau de télésurveillance épie chaque recoin. Du professeur Lundgren expert en lycanthropie (Peter Cushing), au concertiste, en passant par un artiste maudit et à un diplomate en disgrâce, Newcliffe soupçonne l’un des convives d’être un loup-garou. S’il compte sur la prochaine nuit de pleine lune pour l’abattre et ajouter le plus redoutable des gibiers à son tableau de chasse, la créature le précède.
Produit par Amicus, l’un des plus sérieux concurrents de la Hammer, « The Beast Must Die » est l’un de ces objets filmés non identifiés qu’il est difficile de prendre au sérieux. Dans les années 70, Amicus, comme la Hammer, n’était plus au sommet de sa forme et s’apprêtait à mettre la clef sous la porte. Comme son illustre concurrent, Amicus a essayé de moderniser les formules qui avaient fait son succès dans les années 60 mais qui s’était essoufflées et avaient pris un sacré coup de vieux face au tsunami venu d’outre-atlantique.
Certainement attiré par un potentiel grand retour des whodunnit (« Murder on the Orient Express » sort la même année), Amicus Productions tente un mélange audacieux de whodunnit « interactif », d’horreur classique (avec son loup garou) et de musique funky (avec un acteur principal noir pour encore accentuer le côté moderne).
Le film s’ouvre sur un message adressé aux spectateurs :
Ce film est un film d’investigation dans lequel vous êtes l’investigateur. La question n’est pas « Qui est le meurtrier ? » mais « Qui est le loup garou » ? Après avoir vu tous les indices, vous aurez l’occasion de donner votre réponse.
Une promesse originale. Et en effet, le moment venu, quinze minutes avant la fin du film, on a droit à une petite pause de 30 secondes pour réfléchir à l’identité du loup garou. Idée intéressante mais on est justement pas chez Agatha Christie et le film ne vous donne en fait aucune piste, l’intrigue est décousue et « abracadabrantesque ». Laissez tomber, il n’y a rien à deviner (la solution est aussi plate que le reste).
En fait le film se résume à quelques courses poursuites ridicules rythmées par de la musique funky, des dialogues surréalistes entre les invités et leur hôte,… Sans parler des pires « nuits américaines » de toute l’histoire du cinéma (ce qui est pour le moins surprenant quand on sait que le film a été photographié par l’oscarisé Jack Hildyard qui a travaillé notamment avec David Lean, Joseph Losey et Alfred Hitchcock).
Tous les acteurs sur-jouent (Calvin Lockhart et Peter Cushing en tête – mais vu la qualité toute relative de l’intrigue et des dialogues on ne peut guère leur en vouloir) tandis que les scènes plus ridicules les unes que les autres s’enchainent… du coup il est difficile de garder son sérieux.
Bref « The Beast Must Die » risque surtout de vous faire rire. Difficile de croire aujourd’hui que ce film ait été tourné avec la moindre prétention de sérieux, mais contrairement à « The Horror of Frankenstein » (1970) de la Hammer, il n’est pas sûr ici que l’humour soit volontaire.
« Le monstre », en fait un berger allemand avec des postiches de fourrure, achève le film (sans besoin de balle en argent). Il faut dire que tout le budget du film a dû passer dans l’explosion de l’hélicoptère qui nous est montrée sous toutes les coutures.
« The Beast Must Die » se regarde donc au 120e degré si vous êtes vraiment très bon public et si vous aimez les séries Z.
DVD D’VISION. Zone 2 FR. Version originale sous-titrée en français.