Trop d’improbabilités psychologiques gâchent une belle ambiance gothique victorienne où la passion de l’époque pour les images et la mort s’entrecroisent

The Asphyx (1972)

(L’esprit de la mort)

Réalisé par Peter Newbrook

Ecrit par Brian Comport d’après une histoire de Christina Beers et Laurence Beers

Avec Robert Powell, Robert Stephens, Jane Lapotaire, Fiona Walker,…

Directeur de la photographie : Freddie Young / Production design : John Stoll / Montage : Maxine Julius / Musique :Bill McGuffie

Produit par John Brittany pour Glendale Films

Tourné aux studios de Shepperton

Horreur / SF

99mn (US) / 86mn (UK)

UK

Au début des années 70 à Londres, deux voitures s’entrechoquent frontalement. A la grande surprise des policiers, ils découvrent entre les carcasses un individu toujours en vie. Cent ans plus tôt, Sir Hugo Cunningham (Robert Stephens) est heureux de présenter à ses grands enfants sa future femme Anna (Fiona Walker). Photographe et cinéaste amateur, Sir Cunnigham est intrigué par ses expériences photographiques sur des personnes sur le point de mourir. Une tâche blanche sur ses photos pourrait-elle l’âme du mourant ? Quand suite à un incident pendant qu’il filmait son fils et Anna sur une barque et qui a conduit à leur mort, il commence à réfléchir à une autre théorie qui pourrait bien lui donner les clefs de l’immortalité.

« The Asphyx » est un film d’horreur/SF qui s’inscrit dans la mouvance gothique remis à la mode par la Hammer à la fin des années 50. Le pitch est assez intriguant car il intègre parfaitement deux des obsessions de la période victorienne : la fascination pour les nouvelles technologies de l’image, la photographie, et l’image animée ainsi que pour la mort à travers notamment la parapsychologie.

C’est l’unique film réalisé par Peter Newbrook, ancien cameraman devenu directeur de la photographie anglais et à l’occasion producteur. Il avait déjà travaillé dans le domaine de l’horreur avec « The Black Torment » (1964), « Corruption » (1968), « Crucible of Terror » (1971). Le scénario est dû à Brian Comport (qui avait déjà signé auparavant « Mumsy, Nanny, Sonny & Girly » et « Man of Violence« ) et qui s’appuie ici sur une histoire de Laurence et Christina Beers. le film est produit par John Brittany (producteur exécutif sur « Crucible of Terror » ).

Si « The Asphyx » est bien mis en scène et dégage une ambiance travaillée. Le problème ici se situe au niveau du scénario un peu lourd en dialogues et surtout très chargé en improbabilités. Je le dis souvent ici, un film fantastique peut prendre les directions les plus folles mais il faut toujours qu’il y ait une certaine logique psychologique. Et là à plusieurs reprises on se retrouve à penser « mais pourquoi font-ils ça ? » non parce que c’est scientifiquement impossible mais parce que c’est tout bonnement stupide. Je n’aime pas spoiler un film, donc je ne renterai pas dans les détails, mais je pense que si vous voyez un jour ce film, vous vous en rendrez compte par vous-même sans trop de difficultés.

C’est dommage car il y a du bon dans « The Asphyx ». L’ambiance victorienne très bien restituée ou encore la présence de Robert Powell (avant ses films pour Ken Russel) qui compense le manque de charisme (à mon goût et pour ce type de rôles) de Robert Stephens – qui venait quand même d’interpréter Sherlock Holmes dans « The Private Life of Sherlock Holmes » (1970) de Billy Widler.

Pendant longtemps, la seule copie disponible de « The Asphyx » était la version anglaise, amputée de plusieurs séquences de dialogues, contre la version américaine qui elle était intégrale. C’est étonnant car c’est généralement plutôt l’inverse ! Bref, aujourd’hui grâce à l’éditeur new yorkais Kino Lorber on peut voir le film dans une version reconstituée avec la copie anglaise en très bon état, et la copie américaine qui l’est beaucoup moins.

« The Asphyx » reste un témoignage intéressant de tentative de poursuivre la vague d’horreur gothique dans les années 70. Avec un peu plus de subtilité et de rationalité psychologique, on aurait pu parvenir à un très bon exemple du genre.

DVD/blu-ray US. Studio Kino Lorber (2012). Version originale