Un chouette film noir avec pour décor la vie nocturne du Soho des années 50 et qui donne à Victor Maddern l’un de ses rôles les plus mémorables

Street of Shadows (1953)

(Les femmes connaissent la musique)

Réalisé par Richard Vernon

Ecrit par Richard Vernon d’après le roman de Laurence Meynell

Avec Cesar Romero, Kay Kendall, Victor Maddern, Edward Underdown, Simone Silva, Bill Travers,…

Direction de la photographie : Phil Grindrod / Direction artistique : George Haslam / Montage : Geoffrey Muller / Musique : Eric Spear avec Tomy Reilly (harmonica)

Produit par William H. Williams pour Merton Park Studios Production

Crime

83mn

UK

Propriétaire d’un bar et salle de jeu à Soho, Luigi (Cesar Romero) essaie de faire tourner son affaire sans s’attirer des ennuis avec la police. Mais en rossant un marin qui s’en prend à Abele (Simone Silva) et qu’une série de vols a lieu dans le voisinage, il attire leur attention malgré lui. Abele lui tourne autour mais Luigi tombe amoureux de Barbara (Kay Kendall), une belle femme mariée à un mondain. Les choses vont se compliquer mais Luigi peut compter sur son homme à tout faire, Danny (Victor Maddern) que tout le monde appelle « Limpy », le boiteux.

Venu de la production (il a été notamment assistant producteur sur « Colonel Blimp« , l’Anglais Richard Vernon signe ici sa seule réalisation, dont il a également écrit le scénario adapté d’un polar de Laurence Meynell (1899-1989), auteur de plus de 150 ouvrages dont nombre d’histoires criminelles mais aussi des oeuvres pour la jeunesse.

Richard Vernon fait un joli travail avec une ambiance très inspirée des films noirs américains de l’époque qu’il enrichie de jolies scènes de la vie nocturne de Soho. La musique fait l’objet d’un soin particulier, dominée par l’éloquence de l’harmonica solo de Tomy Reilly.

Comme tout film noir qui se respecte, « Street of Shadows » comporte de nombreux personnages secondaires truculents, avec au premier rang Limpy, souffre-douleur qui doit faire face aux humiliations quotidiennes de la part de la clientèle chamarrée du bar et à la cruauté d’Abele. Personnage central du drame, Limpy est parfaitement incarné par l’Anglais Victor Maddern, second rôle vu dans près de 200 films et productions télévisuelles, omniprésent sur les écrans dans les années 50 et 60. Ici, il vole sans effort l’écran aux autres acteurs.

La star américaine tête d’affiche (quasi une obligation dans ce genre de productions) est ici le New Yorkais Cesar Romero (1907-94) dont l’allure altière lui a fait incarner de riches propriétaires ou des nobles aussi bien chez Robert Alrdich (Vera Cruz, 1954) que John Ford (« Donovan’s Reef », 1963). Il est également célèbre pour avoir incarné le Joker dans « Batman: The Movie » (1966). Son côté « latin lover » (l’un de ses surnoms) fait ici merveille face à Kay Kendall qui connaitra la gloire aux USA dans « Les Girls » (1957) de George Cukor qui lui vaudra un golden globe. Malheureusement, sa carrière sera brisée par une leucémie foudroyante dont elle décède en 1959, à l’âge de 32 ans (maladie que son mari Rex Harrison préfère lui cacher jusqu’à la fin).