Review of: Le grand alibi
Comédie / Crime:
Alfred Hitchcock

Reviewed by:
Rating:
4
On 6 janvier 2020
Last modified:6 janvier 2020

Summary:

Une très bonne comédie criminelle un peu trop vite oubliée dans la filmographie d'Alfred Hitchcock et qui marquait son grand retour à Londres 

Une très bonne comédie criminelle un peu trop vite oubliée dans la filmographie d’Alfred Hitchcock et qui marquait son grand retour à Londres 

Stage Fright (1950)

(Le grand alibi)

Réalisé par Alfred Hitchcock

Ecrit par Whitfield Cook d’après le roman de Selwyn Jepson

Avec Marlene Dietrich, Richard Todd, Michael Wilding, Jane Wyman, Alastair Sim, Joyce Grenfell,…

Direction de la photographie : Wilkie Cooper / Direction artistique : Terence Verity / Montage : Edward B. Jarvis / Musique : Leighton Lucas

Produit par Alfred Hitchcock

Thriller / Comédie

110mn

UK

Jonathan Cooper (Richard Todd) demande à l’une de ses amies Eve (Jane Wyman) de l’aider à fuir Londres. Il faut dire qu’il est un peu dans le pétrin. Il a voulu aider son amante, l’actrice Charlotte Inwood (Marlene Dietrich) qui a tué son mari lors d’une dispute. Et c’est lui que la bonne a vu fuir le lieu du crime ! Eve amène Jonathan, dont elle est secrètement amoureuse, se réfugier chez son père (Alastair Sim) sur la côte. Au petit matin, elle retourne à Londres seule dans l’espoir de confondre Inwood qu’elle soupçonne d’avoir abuser de l’amour de Jonathan.

« Stage Fright » marque le grand retour d’Hitchcock à Londres (il est parti en 1940 pour aller faire carrière aux States). Entre temps il était quand même revenu en Angleterre tourner deux courts de propagande pendant la guerre (« Bon Voyage » et « Aventure malgache » en 1944) et « Under Capricone » (1949) tous tournés en partie aux British MGM studios. Sans compter son travail pour un documentaire sur les camps de la mort (« Memory of the Camps » qui n’est sorti qu’en 2014).

Ici Hitchcock effectuait son grand retour triomphal dans la capitale anglaise. Un retour en fanfare qui s’avère être un coup de couteau dans l’eau ? « Stage Fright » est un film assez peu connu et mal aimé dans la filmographie d’Hitchcock. Pour la principale raison qu’Hitchcock commet l’impair de débuter le film sur un flashback mensonger, bernant ainsi le spectateur ! C’est un mauvais procès car après tout le flashback est raconté très clairement du point de vue d’un personnage, donc est subjectif. Mais c’est surtout un film qui prend à contre pied le cas alors déjà classique du cinéma hitchcockien : la victime accusée à tord.

Comme son titre le laisse supposer (« stage fright » signifie « le trac » en français), on y parle d’acteurs et de théâtre. Eve, le personnage central de l’intrigue, est une étudiante à la fameuse école publique d’arts dramatiques, la RADA (Royal Academy of Dramatic Arts) où à l’époque une certaine Patricia Hitchcock (la fille d’Alfred et Alma) suit des cours (elle fait d’ailleurs ici sa première apparition à l’écran dans un petit rôle). Les scènes finales sont tournées au Scala Theatre, situé sur Charlotte Street et qui a fermé ses portes en 1969 suite à un incendie.

Dans « Stage Fright », Hitchcock s’amuse des acteurs, ces créatures qu’il aime tant moquer, de la jeune débutante (Eve) à la star (Charlotte). Pour incarner la star il décroche l’une des divas d’Hollywood, Marlene Dietrich qui se caricature joyeusement en femme fatale, manipulatrice, obsédée par son image et obnubilée par elle-même. Une caricature ? A peine. Dietrich obtiendra l’autorisation plutôt rare du maitre de régler minutieusement ses apparitions à l’écran en travaillant directement avec le directeur de la photographie Wilkie Cooper.

« Stage Fright » est un suspense bien mené mais où l’humour a une place centrale. Evidemment, dans le rôle du père de l’héroïne, Alastair Sim, grand acteur comique de l’époque, est égal à lui-même.  De plus, certains spectateurs pourront trouver que le suspense souffre des hésitations romantiques d’Eve dont le coeur fait le grand écart entre deux attractions opposées : Jonathan (le suspect) et Smith (le détective).

Oui « Stage Fright » est à la fois un thriller, une romance et une comédie. Ce n’est pas une première chez Hitchcock (The 39 Steps,…) mais peut-être que l’ensemble est ici moins harmonieusement équilibré où tout simplement que la comédie (avec une pointe d’humour noir – notamment sur la dernière scène) y est plus centrale. Mais « Stage Fright » reste malgré tout un très bon film qu’il ne faut pas négliger dans la filmographie d’Hitchcock.

Pour son film suivant, Hithchcock retourne aux Etats-Unis et se replonge dans le thriller plus sérieux avec « Strangers on a Train » (1951). Il reviendra filmer encore une dernière fois à Londres, vint-deux ans plus tard avec « Frenzy« .

DVD zone 2 FR. Studio Warner Bros. (2005). Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : « Hitchcock et le Grand Alibi » (20′ – VOST)