Rutger Hauer en détective badass dans un film de SF horrifique situé dans un Londres qui a les pieds dans l’eau.
Split Second (1992)
(Killer Instinct)
Réalisé par Tony Maylam
Ecrit par Gary Scott Thompson
Avec Rutger Hauer, Kim Cattrall, Alastair Duncan, Alun Armstrong, Pete Postlethwaite, Ian Dury,…
Direction de la photographie : Clive Tickner / Production design : Chris Edwards / Montage : Dan Rae / Musique : Francis Haines et Stephen W. Parsons
Produit par Laura Gregory pour Challenge Films
Science-Fiction / Horreur / Action
91mn
UK
Si nombre de films cultes de SF ont été tournés en Grande-Bretagne, il s’agit généralement soit de productions américaines (la saga « Star Wars » au complet bien sûr) soit de co-productions américaines (« 2001, A Space Odyssey« , « Alien »,…). La SF ça coûte de l’argent, les Américains en ont et maitrisent l’accès à la distribution outre atlantique nécessaire pour rentabiliser ce genre de films. Ici la productrice anglaise Laura Gregory se lie avec le producteur américain Chris Hanley.
Laura Gregory a acheté le scénario de l’Américain Gary Scott Thompson, alors auteur de deux scénarios de films de genre mais qui se fera surtout connaitre au début des années 2000 en étant à l’origine d’un film qui va devenir l’une des licences les plus lucratives d’Hollywood : The Fast and The Furious.
L’action du scénario original de Thompson, qui se déroulait à Los Angeles, est relocalisée à Londres dans un futur apocalyptique… en 2008. En introduction on apprend que « Après 40 jours et nuits de pluie torrentielle, la ville est largement submergée en conséquence des effets dévastateurs du réchauffement climatique. Les avertissements ignorés durant des décades ont à présent engendré des niveaux de pollution tels que les journées se sont fondues dans une nuit presque éternelle…. »
Dans ce futur, un détective paranoïaque écarté du service, Stone (Rutger Hauer) traque sans relâche le meurtrier de son meilleur ami et collègue. Cigare au bec, lunettes noires, et se nourrissant juste de chocolat, Stone parcours les nuits, toujours à l’affût. Aussi quand le meurtrier refait surface dans un club de nuit, il est sur les lieux mais ne réussit pas à empêcher le meurtre violent d’une jeune femme, retrouvée éviscérée dans les toilettes. Son chef Trasher (Alun Armstrong) décide de lui remettre son insigne mais tout en le mettant en équipe avec un jeune détective spécialisé dans la traque de serial killers, Dick Durkin ( Alastair Duncan).
Pour la réalisation, la production recrute Tom Maylan, un réalisateur qui a débuté dans le sport (jeux olympiques d’hiver de 1976, coupe du monde FIFA de 1986) et la musique (concert de Genesis en 1977). En fiction on lui doit le film d’aventures « The Riddle of the Sand » (1979) et le film d’horreur américain « The Burning » (1981). Au début des années 90, Maylan a un profil suffisamment solide pour qu’on lui confie un projet aussi ambitieux que « Split Second ».
Ambitieux « Split Second » l’est. Voici un un film d’action/horreur SF, teinté de buddy movie (film de potes), qui se déroule donc dans un Londres qui a les pieds dans l’eau. Les références sont clairement issues du cinéma populaie des années 80 : « Blade Runner » (1982), « Alien » (1979), « The Road Warrior » (1982), « Predator » (1987), ou encore « Lethal Weapons » (1987). La production a embauché pour les rôles principaux deux acteurs connus à l’international : le hollandais Rutger Hauer (« Blade Runner » justement) et l’anglo-canadienne Kim Catrall (Police Academy, The Bonfire of the Vanities,…).
Le résultat est très « cheesy ». Avec ses 7 millions de budget, « Split Second » ne peut rivaliser avec ses références et ressemble plutôt à un film destiné aux vidéoclubs (alors qu’il est bien sorti en salles où il a été accueilli avec froideur par le public et les critiques). Le scénario, pas très cohérent (euphémisme)n n’aide pas. Rutger Hauer semble en tout cas s’amuser et en fait des tonnes. Il faut dire que vus les dialogues que les acteurs doivent débiter, il vaut mieux le faire dans la rigolade. Les seconds rôles portés pourtant par des acteurs intéressants (Pete Postlethwaite et Ian Dury par exemple) sont sous-exploités et c’est dommage.
Difficile de détester « Split Second » pour autant, justement parce qu’il ne se prend pas trop au sérieux. On a parfois l’impression de regarder une satire violente de film d’action hollywoodien des années 80.
« Split Second » est disponible en blu-ray UK chez l’éditeur 101Films avec des sous-titres anglais et pas mal de bonus.